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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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n’était peut-être pas le meilleur moyen de le faire changer
d’avis. Mieux valait s’octroyer un temps de réflexion. Elle rentra donc chez
elle pour en débattre avec son père.
    À l’annonce de cette nouvelle, Edmond réagit aussitôt :
« Cette fois-ci, le jeune Godwyn marche sur des sables mouvants. L’usage
du foulon n’a jamais été assorti d’un paiement. Selon la légende, il a été
construit au temps du grand prieur Philippe par Jack le Bâtisseur et, à sa
mort, le prieur a accordé aux habitants de la ville le droit de l’utiliser
gratuitement à perpétuité.
    — Pourquoi ont-ils cessé de l’utiliser, alors ?
    — Parce qu’il est tombé en décrépitude. Il y a dû y
avoir une dispute à propos des frais d’entretien, j’imagine. Et comme elle n’a
jamais été réglée, les gens ont recommencé à fouler le tissu eux-mêmes.
    — Dans ce cas-là, Godwyn n’a pas le droit de réclamer
un paiement et encore moins d’exiger qu’on utilise son moulin !
    — Non, en effet. »
    Edmond envoya un messager au prieuré pour demander à Godwyn
quand il lui serait possible de le recevoir. La réponse revint sans
tarder : « Tout de suite. » Et c’est ainsi qu’Edmond et Caris
traversèrent la rue pour se rendre chez le prieur.
    En voyant son cousin, Caris le trouva bien changé en un an
de temps. Il avait perdu son ardeur de jeune homme pour devenir circonspect,
comme s’il s’attendait en permanence à être attaqué. L’idée lui traversa
l’esprit qu’il n’avait peut-être pas la force de caractère nécessaire pour
remplir les fonctions de prieur.
    Philémon, présent à ses côtés, donnait de lui-même un
spectacle pathétique tant il s’appliquait à bien faire, tantôt apportant des
chaises, tantôt versant les boissons. En même temps, il y avait dans son
attitude une assurance nouvelle, comme s’il tenait à prouver qu’il était bel et
bien à sa place en ce lieu.
    « Alors, Philémon, te voici oncle maintenant, lui lança
Caris.
    Comment trouves-tu ton neveu Sam ?
    — Je suis novice, minauda-t-il sans raison. En tant que
tel, j’ai renoncé à tout lien familial en ce bas monde. »
    Caris n’insista pas. Elle savait qu’il aimait beaucoup sa
sœur Gwenda. S’il voulait prétendre le contraire, libre à lui !
    Edmond exposa le problème sans détour. « Si les
lainiers de Kingsbridge ne parviennent pas à redresser leurs fortunes, les
travaux sur le pont devront s’arrêter. Heureusement, nous avons imaginé une
nouvelle source de revenus. Caris a découvert le moyen de produire un tissu
écarlate de haute qualité. Une seule chose entrave le succès de cette
entreprise : le foulage.
    — Pourquoi ? s’étonna Godwyn. Le tissu peut être
foulé dans notre moulin.
    — Apparemment c’est impossible. Le moulin est vieux et
délabré. Il satisfait à peine les besoins existants. Il n’a pas la capacité
requise pour accomplir des tâches supplémentaires. De deux choses l’une :
ou bien vous construisez un nouveau foulon...
    — C’est hors de question, le coupa Godwyn. Je ne
dispose pas des fonds nécessaires.
    — Très bien, dit Edmond. Alors, vous devez autoriser
les gens à fouler leur tissu selon l’ancienne méthode : pieds nus dans
l’eau. »
    L’expression de Godwyn rappela à Caris bien des souvenirs
d’enfance. Il s’y mêlait de la rancœur, de l’orgueil blessé et un entêtement
indomptable. Dès qu’il n’obtenait pas satisfaction, Godwyn prenait cet air et
l’on pouvait être sûr qu’il allait recourir à toutes les intimidations
imaginables pour faire plier ses camarades. Lorsqu’il n’y parvenait pas, il
tournait les talons et rentrait chez lui, comme si la contradiction était pour
lui l’humiliation suprême, une blessure insupportable. Cette explication valait
ce qu’elle valait, mais en voyant Godwyn se renfrogner, Caris comprit qu’il
serait sourd à tout raisonnement.
    En effet, ce fut sur un ton irrité qu’il répliqua à
Edmond : « J’étais sûr que vous vous opposeriez à mes
décisions ! Vous semblez croire que le prieuré existe pour le seul
bénéfice de Kingsbridge. Il est grand temps que vous compreniez que c’est
l’inverse. »
    Edmond ne tarda pas à manifester son exaspération. « Ne
voyez-vous pas que nous dépendons l’un de l’autre ? Nous pensions que vous
aviez compris cette intime corrélation, c’est pourquoi nous avons soutenu votre
élection.
    — J’ai

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