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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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bien obtenir une audience privée de dame Philippa.
    Entrés par la porte principale, les visiteurs débouchèrent
dans la grande salle que l’on trouvait traditionnellement dans toutes les
belles demeures. Ici, elle semblait occuper près de la moitié de la superficie
du rez-de-chaussée et elle était éclairée par de hautes fenêtres comme on en
trouvait dans les églises. Le reste de l’étage devait être réservé aux
appartements privés, selon la mode du jour. Cette disposition préservait
l’intimité de la famille noble et atténuait l’aspect militaire du lieu.
    Assis à une table, un homme entre deux âges, vêtu d’une
tunique de cuir, était en train de compter sur un bâton de contrôle. Ayant
relevé les yeux brièvement, il se remit à son calcul et prit le temps
d’inscrire le résultat sur une ardoise avant de saluer les nouveaux venus.
« Bonne journée à vous, étrangers.
    — Bonne journée, messire l’intendant général, prononça
le père Gaspard, déduisant le statut de son interlocuteur à son occupation.
Nous sommes venus pour voir le seigneur William.
    — Il devrait être de retour pour l’heure du souper, mon
père, répondit poliment l’intendant général. Puis-je vous demander ce que vous
lui voulez ? »
    Profitant que Gaspard se lançait dans ses explications,
Gwenda ressortit discrètement dans la cour.
    Là, elle fit le tour de la maison, cherchant les communs.
Elle aperçut un appentis en bois qui devait abriter les cuisines.
    Une servante, assise sur un tabouret près de la porte, un
sac de choux à ses pieds, lavait les légumes dans une grande bassine. Elle
était jeune et regarda tendrement le petit Sam. « Quel âge a-t-il ?
demanda-t-elle.
    — Il va sur ses cinq mois. Il s’appelle Sam ou
Sammy. »
    Le bébé sourit à la jeune fille qui répondit
seulement :
    « Ah ! »
    Gwenda déclara : « Je suis une femme du peuple,
comme toi, mais je dois parler à dame Philippa. »
    La servante se renfrogna. « Je ne suis qu’une fille de
cuisine, dit-elle.
    — Tu dois bien la voir de temps en temps. Tu peux lui
parler de moi ? »
    La servante jeta un coup d’œil derrière elle, comme si elle
craignait d’être entendue : « J’aime mieux pas.
    — Tu ne peux pas juste lui confier un message de ma
part ? » insista Gwenda, comprenant que ce ne serait peut-être pas
aussi facile qu’elle l’avait imaginé.
    La bonne secoua la tête.
    Une voix lui parvint de l’intérieur de la maison :
« Qui veut me transmettre un message ? »
    Gwenda se raidit, craignant d’être allée au-devant des
ennuis.
    Elle tourna la tête vers la porte de la cuisine.
    L’instant d’après, dame Philippa en personne apparut.
    Elle n’était pas d’une beauté extraordinaire et l’on ne
pouvait pas non plus la qualifier de jolie, mais elle avait du charme et de la
prestance. Elle avait le nez droit, la mâchoire forte et des yeux verts
limpides. Elle ne souriait pas ; elle fronçait même un peu les sourcils.
Cependant son expression était chaleureuse et compréhensive.
    Gwenda répondit à sa question. « Moi, madame, Gwenda de
Wigleigh.
    — Wigleigh ? répéta dame Philippa et son
froncement de sourcils s’accentua. Et qu’as-tu à me dire ?
    — C’est au sujet du seigneur Ralph.
    — C’est bien ce que je craignais. Entre et réchauffe ce
bébé près du feu. »
    Bien des dames de la noblesse auraient refusé de parler à
une fille de sa modeste condition, mais Gwenda avait senti un grand cœur sous
les dehors imposants de l’épouse du seigneur William. Elle la suivit donc à l’intérieur.
Comme Sammy commençait à pleurnicher, Gwenda lui donna le sein.
    « Tu peux t’asseoir », dit dame Philippa.
    Cette amabilité était encore plus rare, car d’ordinaire un
serf restait debout pour s’adresser à une dame. Ce devait être à cause du bébé,
supposa Gwenda.
    « Bien, dis-moi tout. Qu’a donc encore fait
Ralph ?
    — Vous vous rappelez peut-être, ma dame, une bagarre à
la foire à la laine de Kingsbridge l’année dernière.
    — Certainement. Ralph a tripoté une paysanne et son
jeune et beau promis lui a cassé le nez. Il n’aurait pas dû le faire,
naturellement, mais Ralph est une brute.
    — Il l’est, assurément. La semaine dernière, dans les
bois, il est à nouveau tombé sur cette fille, Annet, et il l’a violée pendant
que son écuyer la maintenait immobilisée.
    — Oh, Dieu nous préserve !

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