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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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désespérée. Elle avait remué ciel
et terre pour se rapprocher de l’homme qu’elle aimait, elle l’avait épousé et
lui avait donné un enfant, et maintenant il la traitait en ennemie, ce que son
père n’avait jamais fait subir à sa mère, et pourtant Dieu sait que Joby était
loin d’être un bon exemple. Que pouvait-elle faire, à présent, pour regagner
l’affection de Wulfric ? Elle avait tout essayé. Elle avait utilisé leur
petit garçon qu’il aimait, tenant Sammy dans un bras, tout en prenant la main
de Wulfric. Il avait reculé, les rejetant tous les deux. La nuit, elle avait
tenté d’user de ses charmes, appuyant ses seins contre son dos, passant la main
sur son ventre, allant jusqu’à caresser son membre. En vain. Elle aurait pu
s’en douter en se rappelant sa résistance, l’année passée, juste avant qu’Annet
n’épouse Billy.
    Pour l’heure, exaspérée et anéantie, elle s’écria :
« Mais qu’est-ce que tu as, à la fin ? Je n’ai fait qu’essayer de te
sauver la vie !
    — Tu n’aurais pas dû.
    — Si je t’avais laissé tuer Ralph, tu serais pendu à
l’heure qu’il est !
    — Tu n’en avais pas le droit.
    — Que vient faire le droit là-dedans ?
    — Tu es bien comme ton père ! »
    Elle le regarda, ébahie. « Qu’est-ce que tu veux
dire ?
    — Ton père se fiche bien de savoir s’il a le droit ou
non de faire quelque chose. Il le fait si cela l’arrange. Comme de te vendre
pour nourrir sa famille.
    — Ça n’a rien à voir. Il m’a vendue à des hors-la-loi
pour qu’ils me violent. Moi, je t’ai fait un croche-pied pour t’éviter la
potence !
    — Tant que tu penseras ainsi, tu ne comprendras jamais
rien, ni à lui ni à moi. »
    Elle ne regagnerait pas son affection en s’évertuant à lui
montrer la justesse de ses vues. Aussi, elle admit : « En effet, je
ne comprends pas, c’est tout.
    — Tu m’as traité comme ton père te traitait, comme une
chose à laquelle tu peux imposer tes ordres. Tu ne m’as pas traité comme un homme
responsable. Tu m’as arraché des mains la possibilité d’agir par moi-même.
Qu’importe que j’aie tort ou raison, c’est à moi de décider, pas à toi !
C’est ça que tu n’arrives pas à comprendre, exactement comme ton père qui ne
voit pas ce qu’il t’arrache quand il te vend à quelqu’un ! »
    Gwenda garda ses commentaires pour elle, bien qu’elle
persiste à penser que ces deux situations n’avaient rien de comparable.
Cependant, elle commençait à percevoir ce qui avait fâché Wulfric. C’était un
homme qui plaçait son indépendance plus haut que tout – ce qu’elle pouvait
comprendre car ce trait leur était commun. Peut-être l’avait-elle dépouillé de
son droit à choisir, en effet. Balbutiant elle dit : « Je... je crois
que je comprends.
    — Vraiment ?
    — En tout cas, j’essaierai de ne pas recommencer.
    — C’est bon. »
    Elle ne croyait qu’à moitié à ses propres paroles, mais elle
souhaitait tant faire la paix avec lui qu’elle lui dit :
« Excuse-moi, je t’en prie.
    — Bien. »
    Ce n’était pas grand-chose, mais elle sentit qu’elle pourrait
le radoucir encore et elle ajouta : « Je ne souhaite pas que tu
portes plainte contre Ralph auprès du seigneur William, mais puisque tu es
décidé à le faire, je ne chercherai plus à t’en dissuader j’espère que tu l’as
compris.
    — J’en suis heureux.
    — D’ailleurs, dit-elle, je pourrai même t’aider.
    — Ah oui ? Et comment ça ? »

 
36.
    La demeure qu’occupaient le seigneur William et dame
Philippa, à Casterham, avait été jadis un château fort. Il subsistait des
remparts un donjon en pierre circulaire qui servait maintenant d’étable, bien
qu’il soit à moitié démoli. Le mur d’enceinte de la cour était intact, mais le
creux de terrain, qui accueillait désormais des légumes et des arbres
fruitiers, rappelait qu’autrefois ce mur était entouré de douves. Une simple
rampe remplaçait l’ancien pont-levis. Elle menait à la maison des gardes.
    Gwenda, portant Sammy dans ses bras, franchit la voûte de la
maison des gardes en compagnie du père Gaspard, de Billy Howard, d’Annet et de
Wulfric. Un homme en armes, dont ce devait être le tour de garde, traînait sur
un banc. Il ne les arrêta pas, probablement du fait de la présence d’un prêtre
en soutane. Cette atmosphère bon enfant redonna du courage à Gwenda, qui
espérait

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