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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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une somme
d’argent pour garantir que tu te présenteras bien au procès.
    — Mais qui seront mes garants ?
    — Le père Gaspard pourra être l’un d’eux. Je serai
l’autre.
    Je déposerai la somme nécessaire.
    — Merci, seigneur !
    — Remercie mon épouse. Elle a su me persuader de ne pas
admettre qu’un viol menace la paix du roi sur mes terres. » Annet adressa
un sourire reconnaissant à dame Philippa.
    Gwenda se tourna vers Wulfric. Elle lui avait rapporté sa
conversation avec l’épouse du seigneur. Il croisa son regard et lui exprima sa
gratitude d’un signe presque imperceptible.
    William continuait : « Au procès, tu devras
raconter à nouveau ton histoire. Tes amis devront tous témoigner : Gwenda
dira qu’elle t’a vue sortir de la forêt dans ta robe tachée de sang, le père
Gaspard que tu lui as rapporté ce qui s’était passé, Wulfric qu’il a vu Ralph
et Alan quitter les lieux à cheval.
    Ils inclinèrent tous la tête solennellement.
    « Une dernière chose : quand on entame une action
comme celle-ci, il n’est plus possible de l’interrompre. Retirer une plainte
est un délit, et tu serais sévèrement punie. Je ne parle même pas de la
vengeance de Ralph.
    — Je ne changerai pas d’avis, déclara Annet. Mais le
seigneur Ralph, quel châtiment subira-t-il ?
    — Il n’y en a qu’un seul pour le viol : la
pendaison. »
    *
    Cette nuit-là, ils restèrent tous à dormir dans la grande
salle du château avec les domestiques de William, ses écuyers et ses chiens,
étendus par terre sur le tapis de jonc qui recouvrait le sol, emmitouflés dans
leurs manteaux. Lorsque les braises dans l’énorme cheminée se furent assombries
jusqu’à n’émettre plus qu’une faible lueur, Gwenda se risqua à tendre le bras
vers son mari. Elle posa une main hésitante sur son bras et caressa la manche
de son manteau. Ils n’avaient pas fait l’amour depuis le jour du viol et elle
ne savait pas s’il en avait envie ou non. Son intervention auprès de dame
Philippa compenserait-elle ce croche-pied qui l’avait tant irrité ?
    Il répondit immédiatement à sa caresse en l’attirant contre
lui et l’embrassa sur la bouche. Elle se lova avec gratitude dans ses bras. Ils
jouèrent l’un avec l’autre pendant un moment. Le bonheur de Gwenda était tel
qu’elle en aurait pleuré.
    Elle attendit qu’il roule sur elle, mais il ne le fit pas.
Elle savait qu’il en avait envie, parce qu’il était très affectueux et que son
membre était dur sous ses doigts. Peut-être était-il intimidé par la proximité
de tant de gens, bien qu’il n’y ait rien d’extraordinaire à faire l’amour en
leur présence. C’était l’habitude, personne n’y prêtait attention.
    Décidée à sceller leur réconciliation, Gwenda finit par
prendre l’initiative et s’allongea sur lui, tirant son manteau sur eux deux
pour se protéger des regards indiscrets. Alors qu’ils commençaient à remuer de
concert, elle vit qu’un jeune garçon les observait, les yeux écarquillés. Un
adulte aurait poliment détourné le regard, naturellement, mais il était à l’âge
où l’amour demeure un mystère captivant et il était incapable de s’arracher à
ce spectacle. Gwenda nageait dans une telle joie qu’elle s’en souciait à peine.
Croisant son regard, elle lui sourit sans cesser ses mouvements. Le gamin en
resta bouche bée, paralysé de honte. Il se tourna enfin sur le côté, se
couvrant les yeux de son bras.
    Gwenda remonta le manteau par-dessus sa tête et celle de
Wulfric. Enfouissant le visage dans son cou, elle se laissa emporter par le
plaisir.

 
37.
    En ce jour de comparution devant la cour de justice du roi,
Caris se sentait confiante. La splendeur et l’immensité de Westminster Hall,
qui l’avaient tant désarçonnée l’année précédente, lui étaient à présent
familières. N’étant plus intimidée, elle était en mesure de promener un œil
serein sur les puissants et les nantis qui s’agglutinaient autour des bancs des
juges : elle n’était plus en terre inconnue, elle connaissait les coutumes
du lieu. Elle portait même des atours aux couleurs de Londres, vert à droite et
bleu à gauche. Observer les gens, deviner leur caractère d’après leur
expression – suffisante ou désespérée, déconcertée ou matoise –, lui
procuraient de l’amusement. Repérant à leurs yeux ébahis et à leur gaucherie
les provinciaux nouvellement débarqués dans la

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