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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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ses
contradicteurs ne manqueraient pas de développer, désarmant ainsi l’ennemi
avant même qu’il n’expose son cas. « Il est vrai que le moulin nécessite
de sérieuses réparations, qu’il est lent et tombe souvent en panne. Mais
comment le prieur peut-il en prendre prétexte pour arguer que le peuple a perdu
son droit à l’utiliser ? Le moulin étant propriété du prieuré, c’est au
prieuré qu’il revient de veiller à son bon fonctionnement. Que le peuple ait
manqué à le faire est hors de propos. Il n’entre pas dans ses obligations
d’effectuer les réparations et il ne s’est jamais engagé à le faire. Le prieur
Philippe a accordé à la ville la concession de ce moulin sans aucune
contrepartie. »
    Ce fut alors que Francis sortit son arme secrète.
« Pour le cas où le prieur Godwyn tenterait de clamer que la concession était soumise à conditions, j’invite la cour à lire cette copie de l’acte édicté par
le prieur Philippe. »
    Godwyn en demeura abasourdi. Il avait toujours affirmé que
l’édit s’était perdu. Mais à la demande de Merthin, Thomas Langley avait fait
des recherches et, l’ayant trouvé, il l’avait discrètement sorti de la
bibliothèque pendant toute une journée, le temps pour Edmond d’en faire
exécuter une copie.
    Caris vit avec jubilation l’expression ébahie et outragée de
son cousin lorsqu’il fut bien obligé de constater que sa supercherie avait été
déjouée. « Comment êtes-vous entré en possession de ce
document ? » s’écria-il sur un ton indigné.
    La question était révélatrice. En de telles circonstances,
la logique en effet aurait voulu qu’il demande : « Où l’avez-vous
trouvé ? »
    Son avocat, embarrassé, lui fit signe de se calmer. Godwyn
se tut et regagna sa place, comprenant un peu tard qu’il s’était trahi
lui-même. Le juge ne manquerait pas de voir une seule explication à pareille
réaction : Godwyn connaissait la teneur du parchemin et, le sachant
favorable à la ville, il avait tenté de le supprimer.
    Après ces révélations, Francis se hâta de conclure. Caris
applaudit intérieurement à cette sage décision. Le juge aurait ainsi plus
présente à l’esprit la duplicité de Godwyn lorsqu’il donnerait la parole à la
défense.
    Mais la façon dont Grégory débuta son plaidoyer prit tout le
monde au dépourvu.
    Il s’avança et annonça au juge : « Messire, la
ville de Kingsbridge ne bénéficie pas d’une charte royale. » Il s’arrêta
là, comme si tout était dit.
    Le fait était exact. La plupart des villes possédaient une
charte royale les autorisant à tenir des marchés et à commercer sans rien
devoir au comte ou au baron local. Leurs habitants étaient des hommes libres,
ne devant allégeance qu’au roi. Toutefois, certaines villes, dont Kingsbridge,
demeuraient sous la coupe d’un suzerain – le plus souvent un évêque ou un
prieur et leur statut n’était pas aussi clairement défini. C’était également le
cas de Saint-Albans et de Bury-Saint-Edmonds.
    Le juge s’exclama : « Voilà qui fait une
différence de taille. Seuls les hommes libres sont autorisés à en appeler à
cette cour royale. Qu’avez-vous à répondre à cela, Francis le Lettré ? Vos
clients sont-ils des serfs ? »
    Francis se pencha vers Edmond et lui chuchota sur un ton
pressant : « Les habitants de Kingsbridge ont-ils fait appel à la
cour de justice du roi dans le passé ?
    — Non. C’est le prieur qui s’en est chargé...
    — Et la guilde de la paroisse... ? Avant que vous
n’en soyez à sa tête ?
    — Il n’existe aucune trace d’un fait semblable...
    — Par l’enfer ! Nous ne pouvons nous référer à
aucun précédent. » Francis se retourna vers le juge. En l’espace d’un
éclair, d’inquiète son expression se fit confiante, et ce fut sur le ton de la
condescendance qu’il répondit, comme s’il s’agissait là d’une pure
formalité : « Les habitants de Kingsbridge sont des hommes libres,
messire. Ils bénéficient du titre de citoyens. »
    Grégory intervint aussitôt : « Il n’existe pas de
référence universelle correspondant à l’expression « titre de
citoyen ». Elle varie selon les lieux. »
    Le juge demanda : « Existe-t-il un Livre des coutumes  ? »
    Francis regarda Edmond, qui secoua la tête et expliqua tout
bas : « Aucun prieur n’a jamais rien voulu mettre par écrit. »
    Francis revint au juge : « Il

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