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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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n’existe pas de
déclaration écrite, messire, mais à l’évidence...
    — Dans ce cas, cette cour doit d’abord juger du statut
des habitants, voir si ce sont bien des hommes libres », déclara le juge.
    Edmond s’avança pour exposer son cas lui-même :
« Messire, les citoyens de Kingsbridge ont toute liberté pour acheter et
vendre leurs maisons. » C’était un droit important et qui ne s’étendait
pas aux serfs, lesquels ne pouvaient le faire sans autorisation de leur
seigneur.
    Grégory objecta : « Toutefois, les obligations qui
vous lient au prieur, comme celles d’utiliser son moulin et de pêcher dans ses
étangs, sont de nature féodale. »
    Sieur Wilbert intervint : « Ne nous noyons pas
dans ces étangs, voulez-vous ! Ce qui compte ici, c’est la relation entre
les citoyens et la cour de justice du roi. La ville laisse-t-elle entrer
librement le shérif du roi dans ses murs ?
    — Non, répondit Grégory. Il est tenu de demander la
permission d’entrer dans la ville. »
    À quoi Edmond rétorqua, indigné : « Sur décision
du prieur, pas sur la nôtre !
    — Très bien, dit sieur Wilbert. Faites-vous œuvre de
citoyens en siégeant dans les jurys royaux ou réclamez-vous d’en être
dispensés ? »
    Edmond hésita. Godwyn exultait. Siéger dans les jurys était
une corvée interminable à laquelle chacun s’efforçait de se soustraire. Après
une pause, Edmond admit : « Nous demandons à en être exemptés.
    — Eh bien, la question est réglée, dit le juge. Si vous
refusez d’accomplir votre devoir de citoyens sous prétexte que vous êtes des
serfs, vous ne pouvez pas passer au-dessus de la tête de votre suzerain pour en
appeler-à la cour de justice du roi ! »
    Et Grégory de clamer triomphalement : « À la
lumière de ce qui a été exposé, je vous prie de repousser la requête des gens
de la ville.
    — Qu’il en soit ainsi ! laissa tomber le juge.
    — Puis je prendre la parole, messire ? lança
Francis, outré.
    — Certainement pas ! répondit le juge.
    — Mais, messire...
    — Encore un mot, et je vous fais arrêter pour
injure ! » Francis se tut et courba la tête.
    « Affaire suivante ! » appela le juge.
    Un autre avocat prit la parole.
    Caris était stupéfiée, l’avocat révolté. Et ce fut sur un
ton vibrant de protestation qu’il déclara, s’adressant à son père et à
elle : « Comment avez-vous osé me cacher que vous étiez des
serfs ?
    — Mais nous ne le sommes pas.
    — Le juge vient de statuer ainsi. Comment voulez-vous
que je gagne un procès si je ne dispose que d’informations tronquées. »
    À quoi bon discuter avec lui ? Il n’était pas homme à
admettre une erreur.
    Quant à Godwyn, il plastronnait, bouffi de contentement. Au
moment de partir, il ne put résister au plaisir de tirer une dernière salve.
Pointant le doigt sur Edmond et Caris et l’agitant nerveusement, il lança sur
un ton solennel : « Vous verrez désormais qu’il est sage se soumettre
à la volonté de Dieu.
    — Oh, va-t’en ! lâcha Caris, et elle lui tourna le
dos. La décision du juge nous dépouille de tout pouvoir, dit-elle à son père.
Apporter la preuve que nous étions en droit d’utiliser le moulin gratuitement
n’a servi à rien. Et maintenant, Godwyn a toute liberté de nous ôter ce
droit !
    — Oui, apparemment ! » reconnut-il.
    Caris se tourna vers Francis. « Il y a sûrement quelque
chose à faire ! s’écria-t-elle avec colère.
    — Eh bien, dit-il, vous pourriez essayer d’obtenir que
Kingsbridge devienne une cité de plein droit, dotée d’une charte royale
stipulant précisément vos devoirs et vos obligations. Vous seriez alors
habilités à en appeler à la cour de justice du roi.
    — Comment y parvenir ? demanda Caris, s’accrochant
à cette lueur d’espoir.
    — Vous devez présenter au roi une requête en ce sens.
    — Il nous l’accordera ?
    — Si vous arguez du fait que cette charte vous est
indispensable pour payer vos impôts, il y prêtera certainement une oreille
attentive.
    — Alors, nous devons le faire ! »
    Edmond la mit en garde : « Godwyn sera
furieux !
    — C’est son affaire ! rétorqua Caris avec une
intonation sinistre.
    — Ne sous-estime pas le danger, insista son père. Tu
sais qu’il est sans pitié, même pour des vétilles. Un acte de cette ampleur ne
mènera qu’à la guerre.
    — La guerre totale ! renchérit Caris,

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