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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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impassible.
Qu’il en soit ainsi ! »
    *
    « Oh, Ralph, comment as-tu pu faire une chose
pareille ? » s’exclama dame Maud.
    À la faible lumière qui régnait dans la maisonnette, Merthin
scruta le visage de son frère. À l’évidence, déni et justification menaient un
dur combat en lui. « C’est elle qui m’y a poussé, finit-il par déclarer.
    — Enfin, Ralph, elle est mariée ! fit remarquer sa
mère sur un ton plus attristé que fâché.
    — À un paysan.
    — Quelle différence !
    — Ne vous inquiétez pas, mère ! On ne condamnera
pas un seigneur sur la foi des dires d’un serf. »
    Merthin n’en était pas aussi convaincu, son frère n’était
pas un grand seigneur, loin de là. De surcroît, il s’était gagné l’hostilité de
William de Caster, semblait-il. Nul ne pouvait prédire comment tournerait le
procès.
    Sieur Gérald réagit avec sévérité : « Que tu sois
condamné ou pas – et je prie pour cela –, la honte sera sur toi ! Comment
as tu pu oublier que tu étais fils de chevalier ? »
    Merthin, pour sa part, était à la fois horrifié et furieux.
À ses yeux, pareil forfait méritait à son auteur d’être pendu haut et court.
Mais là, il s’agissait de son frère. Pour autant, il n’était pas surpris.
Enfant, Ralph était constamment prêt à en découdre ; la violence lui était
inhérente. Combien de fois Merthin n’avait-il pas dû désamorcer une discussion
sur le point de se régler à coups de poing ? Hélas, dans les circonstances
présentes, une blague ou une plaisanterie n’étaient pas de mise.
    Ralph ne cessait de lui lancer des regards furtifs. Il
craignait ses reproches, peut-être même plus que ceux de leur mère. Il avait
toujours admiré son grand frère. En son for intérieur, Merthin se demandait
comment contenir l’agressivité de Ralph, maintenant qu’il n’était plus à ses
côtés pour y veiller.
    La discussion avec leurs parents éplorés risquait fort de
s’éterniser quand des coups furent frappés à la porte. Caris fit son entrée
dans la modeste maison. Son sourire à l’adresse de sieur Gérald et dame Maud
s’effaça aussitôt qu’elle aperçut leur fils cadet.
    Comprenant qu’elle était à sa recherche, Merthin se leva.
« Je ne te savais pas rentrée de Londres, dit-il.
    — J’arrive à l’instant. Puis-je te parler ? Juste
deux mots. »
    Il jeta un manteau sur ses épaules et sortit avec elle dans
la faible lumière grise de cette froide journée de décembre. Cela faisait un an
déjà qu’ils n’entretenaient plus de rapports amoureux. Il avait appris que sa
grossesse s’était achevée à l’hospice et il subodorait qu’elle y avait mis un
terme délibérément. Au cours des semaines suivantes, il lui avait demandé par
deux fois de revenir sur sa décision. Elle avait refusé. Obstination d’autant
plus ahurissante qu’elle l’aimait toujours, il le sentait bien. Peu à peu, il
avait fini par abandonner tout espoir de renouer avec elle et il se disait que
son chagrin s’estomperait avec le temps. Pour l’heure, il souffrait toujours.
Chaque fois qu’il la rencontrait, son cœur se mettait à battre plus rapidement.
Rien ne lui procurait plus grand bonheur que de parler avec elle.
    Ils remontèrent la grand-rue et entrèrent à La Cloche. En
cette fin d’après-midi, la taverne était silencieuse. Ils commandèrent du vin
chaud aux épices.
    « Nous avons perdu, annonça Caris.
    — Mais comment est-ce possible ? s’écria Merthin,
abasourdi. Vous aviez l’édit du prieur Philippe...
    — Le juge n’en a pas tenu compte, lâcha-t-elle sur un ton
amer et Merthin put voir combien sa déception était grande. L’avocat de Godwyn
a été malin. Il a argué qu’étant serfs du prieur, les habitants de Kingsbridge
n’étaient pas habilités à présenter une requête devant la cour de justice
royale. Et l’affaire a été classée. »
    Merthin fut pris de colère. « Mais c’est
ridicule ! Désormais, le prieur peut faire tout ce qui lui chante, sans se
soucier des chartes et des lois ?...
    — Ben, oui ! » lança-t-elle avec impatience,
agacée de l’entendre répéter ces phrases qu’elle s’était déjà répétées cent
fois.
    Le comprenant, Merthin remisa son indignation et se
concentra sur l’aspect pratique de la situation. « Que comptes-tu
faire ?
    — Présenter une requête au roi l’appelant à faire de
Kingsbridge une cité à part entière. Cela

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