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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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peut-être que de la poudre aux yeux, se
disait Merthin, le moyen pour Godwyn de renégocier le contrat passé avec lui.
C’est pourquoi il se tourna vers Edmond et demanda : « La guilde de
la paroisse est-elle d’accord avec le prieur sur ce sujet ?
    — Elle n’a pas à être d’accord ou pas ! »
aboya Godwyn. Ignorant son intervention, Merthin continuait de regarder Edmond.
Et celui-ci admit, dépité et honteux : « C’est une prérogative qui
revient au prieur, on ne peut le nier. Certes, ce sont nous, les membres de la
guilde, qui finançons par nos prêts la construction du pont, mais le prieur est
le seigneur de la ville. Il en a été convenu dès le départ. »
    Merthin s’adressa alors à Godwyn. « Avez-vous autre
chose à me faire savoir, seigneur prieur ? »
    Il attendit, espérant au fond de lui que Godwyn exposerait
ses véritables mobiles. Mais celui-ci répondit sur un ton glacé :
    « Non.
    — Dans ce cas, je vous salue. »
    Il attendit une seconde de plus. Personne ne dit un mot. Ce
silence lui signifia que tout était terminé.
    Il sortit de la salle.
    Dehors, il aspira une grande goulée de l’air froid de la
nuit.
    Il n’était plus le constructeur du pont, il n’arrivait pas à
le croire.
    Il déambula dans les rues. La nuit était claire, la lumière
de la lune lui permettait de trouver son chemin. Il dépassa la maison
d’Élisabeth : il ne voulait pas lui parler. Arrivé devant celle de Caris,
il marqua une hésitation. Puis il reprit sa route. Sa petite barque l’attendait
au bord de la rivière, amarrée en face de l’île aux lépreux. Il embarqua et
traversa à la rame.
    Arrivé devant sa maison, il fit une pause et regarda les étoiles,
luttant contre ses larmes.
    La vérité, c’était qu’il n’avait pas été plus malin que
Godwyn. Il avait sous-estimé l’acharnement du prieur à punir quiconque
s’opposait à lui. Il s’était cru intelligent, mais Godwyn avait été plus rusé.
Ou plus impitoyable. Il était prêt à ruiner la ville et le prieuré pour venger
sa fierté blessée. Et cet acharnement lui avait apporté la victoire.
    Merthin entra chez lui et se coucha, seul et vaincu.

 
38.
    De toute la nuit qui précéda son procès, Ralph ne put
trouver le sommeil. Il avait assisté à bien des pendaisons. Tous les ans entre
vingt et trente personnes – des hommes surtout, mais aussi des femmes – étaient
transportées à bord d’une charrette de la prison du château de Shiring jusqu’à
la place du marché où se dressait la potence. La vision de ces condamnés était
restée gravée dans sa mémoire et, cette nuit, elle était revenue le tourmenter.
Certains mouraient rapidement, le cou brisé au moment de la chute, mais ils
n’étaient pas si nombreux, finalement. La plupart mouraient lentement,
étranglés. Ils donnaient des coups de pied et se débattaient, mais de leurs
bouches ouvertes ne sortaient que des cris haletants et muets. Ils pissaient
sous eux, quand ce n’était pas pire. Une vieille femme par exemple, condamnée
pour sorcellerie, s’était mordu si fort quand la trappe s’était ouverte qu’un
morceau de langue avait jailli hors de sa bouche. Et la foule agglutinée autour
de l’échafaud s’était reculée, prise de dégoût, en voyant ce tronçon traverser
les airs et atterrir dans la poussière.
    On avait beau lui affirmer qu’il ne serait pas pendu, Ralph
ne parvenait pas à s’en convaincre. Le comte, lui assurait-on, ne permettrait
pas qu’un de ses seigneurs soit exécuté sur les dires d’un serf mais, pour
l’heure, Roland ne s’était pas manifesté.
    Le jury qui avait statué sur sa culpabilité lors de
l’audition préliminaire avait adressé au juge de paix de Shiring un acte
d’accusation à son encontre. Ce jury, à l’instar de tous ceux chargés
d’examiner des cas semblables, était constitué en majorité de chevaliers du
comté ayant fait allégeance à Roland. Pourtant, ils n’avaient pas hésité à
accuser un de leurs pairs, se fiant à la parole des paysans de Wigleigh. À en
juger par leurs questions, ces hommes – car les jurés n’étaient jamais des
femmes – lui avaient manifesté le plus grand mépris, et plusieurs d’entre eux
avaient refusé de lui serrer la main par la suite.
    Ralph avait voulu enfermer Annet à Wigleigh pour l’empêcher
de témoigner encore à son procès d’accusation, mais elle devait avoir prévu ses
intentions car elle était déjà

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