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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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s’était trouvé l’excuse du pâté en
croûte pour les laisser en tête-à-tête aujourd’hui. En fait, en lui proposant
d’aller visiter la maison de Dick le Brasseur, il avait presque fait capoter
son doux projet. Mais Élisabeth ne s’était pas laissé démonter et, maintenant,
elle s’attachait à poursuivre son objectif en dépit des circonstances.
    Il n’y avait rien de mal à aborder les choses sans
sentimentalité excessive, se dit-il. Élisabeth était une femme raisonnable.
C’était d’ailleurs un des traits qu’il aimait chez elle, sachant que la passion
brûlait sous sa surface impassible.
    Ce qui le gênait davantage, c’était de se sentir lui-même
aussi détaché. Il n’était pas dans son caractère d’être raisonnable vis-à-vis
des femmes. L’amour était un sentiment qui le bouleversait totalement. Quand il
l’avait éprouvé, il avait ressenti autant de rage et de rancœur que de plaisir
et de tendresse. Pourtant, en cet instant, s’il se sentait intéressé, flatté,
émoustillé, il conservait une parfaite maîtrise de soi.
    Percevant sa tiédeur, elle s’écarta de lui. Il vit passer
sur son visage l’ombre d’une émotion aussitôt réprimée avec violence. Il la
subodora craintive derrière son masque aimable. De nature si posée, cela avait
dû lui coûter beaucoup de faire des avances ; elle avait dû redouter de se
voir rejetée.
    Elle se leva. Plantée devant lui, elle souleva ses jupes.
Elle avait des jambes longues et bien faites, couvertes d’un fin duvet blond
presque invisible. Elle était grande et mince, et son corps s’élargissait juste
en dessous des hanches avec une délicieuse féminité. Le regard de Merthin
s’arrêta involontairement sur le delta de son sexe. Les poils étaient si clairs
que l’on pouvait entrevoir le pâle gonflement des lèvres et la ligne délicate
qui les séparait.
    Il remonta les yeux vers son visage et y lut le désespoir.
Elle avait tout essayé, sans résultat.
    « Je suis désolé », dit Merthin.
    Elle laissa retomber ses jupes.
    « Je pense...», voulut-il ajouter.
    Elle l’interrompit. « Ne dis rien ! » Son
désir se muait en colère. « Tout ce que tu pourrais dire ne serait que
mensonges ! »
    Elle avait raison. Il avait voulu lui donner une excuse,
elle n’en voulait pas. Le demi-mensonge qu’il aurait pu lui dire dans l’espoir
de l’apaiser un peu – qu’il ne se sentait pas bien, que Jimmie pouvait revenir
à tout moment – n’aurait fait qu’exacerber son ressentiment, car elle y aurait
vu de la pitié.
    Elle le regardait fixement et il pouvait lire sur le champ
de bataille de son beau visage la lutte que se menaient le chagrin et la
fureur. Des larmes d’exaspération lui vinrent aux yeux.
« Pourquoi ? » gémit-elle. Mais quand il ouvrit la bouche, elle
l’interrompit : « Ne dis rien. Ce ne serait pas la vérité. » Et
là encore elle avait raison.
    Elle fit demi-tour pour s’en aller et revint. « C’est
la faute de Caris ! s’écria-t-elle, le visage tordu par l’émotion. Cette
sorcière t’a jeté un charme. Elle ne t’épousera pas, mais ne laissera personne
d’autre t’avoir. C’est une mauvaise femme ! »
    Sur ce, elle ouvrit la porte à toute volée et fit un pas
dehors. Il entendit ses sanglots alors qu’elle était déjà partie. Il resta à
regarder le feu. « Oh, enfer et damnation ! »
    *
    « Il y a quelque chose que j’aimerais vous
expliquer », dit Merthin à Edmond, une semaine plus tard, tandis qu’ils
quittaient la cathédrale.
    Edmond prit un air de léger amusement que Merthin lui
connaissait bien. Un air qui signifiait : j’ai trente ans de plus que toi,
c’est toi qui devrais m’écouter au lieu de me donner des leçons. Mais j’aime
ton enthousiasme et je ne suis pas trop vieux pour apprendre encore certaines
choses.
    « Bien, dit-il, mais tu me l’expliqueras à l’auberge de
La Cloche. J’ai envie d’une bonne tasse de vin. »
    Ils entrèrent dans la taverne et s’assirent près du feu. La
mère d’Élisabeth leur apporta un cruchon. Comme Sairy gardait le nez en l’air
et ne leur disait pas un mot, Edmond souffla à Merthin : « C’est
après toi ou après moi qu’elle en a ?
    — Ça n’a pas d’importance, répondit Merthin. Est-ce
qu’il vous est déjà arrivé de rester debout sur la plage, les pieds enfoncés
dans le sable, et de sentir la mer caresser vos orteils ?
    — Bien sûr, tous les

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