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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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dû te renseigner, avant de t’adresser à
mère Cécilia. Découvrir si quelqu’un ne lui avait pas déjà soumis une requête
similaire. Ainsi, tu aurais pu saboter les chances de Saül avant de la
solliciter.
    — Comment cela ?
    — Il a forcément un point faible. Tu aurais dû le
découvrir et te débrouiller pour le porter à la connaissance de la mère
supérieure. Ensuite, quand elle aurait perdu ses illusions, tu lui aurais
soumis ta requête. »
    Oui, c’était ainsi qu’il aurait fallu agir, il s’en rendait
compte à présent. « Ça ne m’est pas venu à l’esprit », avoua-t-il en
courbant la tête.
    Maîtrisant sa colère, sa mère précisa : « Ce genre
de chose se projette soigneusement, comme les batailles. Comment crois-tu que
les comtes remportent la victoire ?
    — Je le comprends maintenant, dit-il sans oser croiser
son regard. Je ne referai jamais cette erreur.
    — J’espère bien. »
    Il releva enfin les yeux sur elle. « Que puis-je faire,
désormais ?
    — Il n’est pas question d’abandonner ! déclara
avec autorité Pétronille, et une expression de détermination que son fils
connaissait bien se répandit sur ses traits. C’est moi qui te fournirai la
somme nécessaire.
    — Où la prendrez-vous ? » s’enquit Godwyn,
tout en sentant renaître en lui l’espoir. Comment sa mère tiendrait-elle cet
engagement ?
    « Je vendrai ma maison, je m’installerai chez Edmond.
    — Croyez-vous qu’il acceptera ? » demanda
Godwyn, car son oncle, aussi généreux soit-il, ne partageait pas toujours les
vues de sa sœur.
    « Je pense que oui. Il sera bientôt veuf. Il aura
besoin d’une femme pour tenir sa maison. Soit dit en passant, Rose n’a jamais
très bien tenu ce rôle. »
    Godwyn secoua la tête. « Mais vous-même ? Vous
aurez besoin d’argent.
    — Pour quoi faire ? Edmond m’offrira le gîte et le
couvert, il paiera mes menus frais. En retour, je veillerai à la bonne marche
de sa maisonnée et j’élèverai ses filles. Je te donnerai l’argent que j’ai reçu
en héritage de ton père. »
    Elle parlait d’une voix assurée, mais un rictus amer tordait
sa bouche. Pour une femme aussi fière de son indépendance que l’était sa mère,
il s’agirait là d’un changement de taille, Godwyn en était bien conscient.
Fille d’un négociant fortuné, sœur du prieur de Kingsbridge mais aussi du
prévôt des marchands, elle était l’une des femmes de la ville qui jouissait du
prestige le plus haut. Elle qui aimait à inviter les notables et à les régaler
du meilleur vin et des mets les plus rares, voilà qu’elle envisageait
d’abandonner tous ses privilèges pour aller vivre chez son frère en tant que
parent pauvre ! Autant dire en tant que servante, puisqu’elle dépendrait
entièrement de lui. Oui, le changement serait terrible.
    « Vous ne pouvez pas faire ça ! déclara Godwyn.
C’est un trop grand sacrifice ! »
    Le visage de Pétronille se durcit. Elle secoua les épaules
comme si elle s’apprêtait à les charger d’un lourd fardeau.
    « Si, dit-elle, je le peux ! »

 
5.
    Gwenda ne put garder le secret, face à son père.
    Elle avait juré sur le sang du Christ de tenir sa langue,
elle irait donc en enfer. Mais elle craignait Pa bien plus que l’enfer.
    Il avait commencé par lui demander où elle avait trouvé ce
nouveau chien, Scrap. Elle avait dû expliquer comment Hop était mort et peu à
peu elle s’était retrouvée à tout lui déballer.
    À sa surprise, elle ne reçut pas le fouet. En fait, Pa
semblait ravi. Il lui demanda de l’emmener dans la forêt, là où avait eu lieu
la tuerie. Il ne lui fut pas facile de retrouver l’endroit, mais elle y parvint
finalement, et ils découvrirent les corps des deux hommes d’armes portant la
livrée vert et jaune.
    Tout d’abord, Pa ouvrit leurs bourses : elles
contenaient entre vingt et trente pennies. Leurs armes, qui ne valaient guère
plus de quelques pennies, le réjouirent bien davantage.
    Ensuite, il entreprit de dépouiller les morts. La tâche
était ardue pour lui qui n’avait qu’une main, il ordonna donc à Gwenda de
l’aider. Il l’obligea à retirer tout ce que les morts portaient sur eux,
jusqu’à leurs chausses crasseuses et leur linge sali. Ces corps sans vie
pesaient lourd et ils étaient étranges au toucher.
    Ayant enveloppé les armes dans les habits, Pa en fit
plusieurs paquets qu’il noua à la façon de ballots de chiffons.

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