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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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quelqu’un
d’autre. Comment toutes ces choses auraient-elles pu se produire sans l’aide de
forces surnaturelles ?
    — Merci. »
    Elfric se rassit. Philémon entreprit de résumer les preuves
avancées par les divers témoins. Caris l’écouta en s’efforçant de chasser de
son esprit la vision de Nell la folle flagellée derrière le char à bœuf. Elle
devait se concentrer sur les arguments qu’elle allait faire valoir pour se
défendre au mieux. Tourner en ridicule les propos portés à son encontre ne
serait pas suffisant ; il fallait dévoiler au grand jour quels motifs
avaient poussé les témoins à mentir.
    Philémon se tut. Godwyn s’adressa à Caris. Avait-elle
quelque chose à répondre ?
    « Bien sûr ! » déclara-t-elle d’une voix
forte et plus assurée qu’elle ne l’était en réalité. Et elle sortit de la foule
pour ne pas laisser à son accusateur le monopole de l’autorité.
    Elle prit son temps, forçant l’assistance à attendre. Puis
elle s’avança vers la cathèdre de l’évêque et dit, le fixant droit dans les
yeux : « Mon évêque et seigneur, je m’exprime sous le sceau du
serment car j’espère être sauvée...» Se retournant vers la masse des fidèles,
elle ajouta : « Ce que n’a pas fait Philémon, comme j’ai pu le
remarquer.
    — En tant que moine, il n’est pas tenu de prêter
serment ! La coupa Godwyn.
    — C’est une chance pour lui, car sinon il brûlerait en
enfer pour tous les mensonges qu’il a proférés aujourd’hui ! »
répliqua-t-elle du tac au tac.
    Elle se félicita intérieurement pour cette repartie bien
sentie. Elle avait décidé de s’adresser à la foule, sachant que sa réaction
influencerait grandement l’évêque, car c’était à lui qu’il revenait de prendre
la décision finale et il n’était pas connu pour être un homme de grands
principes.
    « Mattie la Sage a soigné bon nombre d’entre vous,
bonnes gens, commença-t-elle. Il y a deux ans, jour pour jour, lorsque le vieux
pont s’est effondré, elle a été l’une des premières à se joindre à mère Cécilia
et aux religieuses pour soigner les blessés. En promenant maintenant les yeux
sur l’assemblée, je reconnais parmi vous un grand nombre de personnes qui ont
profité de ses soins en cette période terrible. Y a-t-il quelqu’un parmi vous
qui l’ait entendue invoquer le démon, ce jour-là ? Si tel est le cas,
qu’il s’avance et prenne la parole. »
    Elle marqua une pause, laissant le silence impressionner son
auditoire. Puis elle désigna Madge, la femme de Marc le Tisserand.
    « Lorsque Mattie t’a remis une potion qui ferait tomber
la fièvre de ton enfant, qu’est-ce qu’elle t’a dit ? »
    Madge avait l’air terrifiée. Nul n’aimait à se voir désigné
pour témoigner en faveur d’une sorcière, mais Madge avait une dette envers
Caris et elle se redressa. D’une voix où perçait le défi, elle déclara :
« Mattie m’a dit : « Prie Dieu, parce que lui seul est capable
d’apporter la guérison ! »
    Caris alors pointa le doigt sur John le Sergent :
« Et vous John ? Mattie a calmé vos douleurs pendant que Matthieu le
Barbier reboutait les os de votre bras cassé. Que vous a-t-elle dit
alors ? »
    John parut décontenancé de se voir appelé à défendre un
accusé. Ses fonctions le plaçaient d’ordinaire du côté des accusateurs.
Néanmoins, il énonça la vérité d’une voix forte : « Prie le Seigneur,
m’a-t-elle enjoint, car lui seul peut t’apporter la guérison. »
    Caris enchaîna, s’adressant à la foule tout entière :
« Tout le monde ici sait pertinemment que Mattie n’est pas une sorcière.
Pourtant, frère Philémon demande : « Dans ce cas, pourquoi s’est-elle
enfuie ? » La réponse est facile : elle a eu peur que l’on dise
sur elle autant de mensonges qu’il vient d’en être dit sur moi. Qui donc, parmi
toutes les femmes ici présentes, se sentirait sûre d’elle et capable de prouver
son innocence devant un tribunal composé de prêtres et de moines si elle était
faussement accusée d’hérésie ? »
    Caris laissa son regard errer sur la foule et s’arrêter sur
les femmes les plus connues de la ville : Lib le Rouleur, Sarah Tavernier,
Susanna Chepstow.
    « Maintenant, pour quelle raison ai je mélangé les
teintures pendant la nuit ? reprit-elle. Tout simplement parce que les
journées étaient trop courtes ! Comme beaucoup d’entre vous, mon père

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