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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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n’a
pas vendu ses laines l’année passée. J’ai donc décidé de les transformer en une
marchandise vendable. Découvrir la formule de l’écarlate ne m’a pas été aisé,
cependant j’y suis parvenue. Et cela en travaillant d’arrache-pied, des heures
entières, jour et nuit. Et sans l’aide de Satan. »
    Elle fit une pause pour reprendre son souffle. Puis, quand
elle recommença à parler, elle le fit sur un ton différent, d’une voix plus
espiègle. « On m’accuse aussi d’avoir ensorcelé Merthin. Je dois admettre
que l’argument de mes adversaires est solide. Il suffit de regarder sœur
Élisabeth pour s’en convaincre. Ma sœur, levez-vous, s’il vous
plaît ! »
    Élisabeth obtempéra à contrecœur.
    « Elle est belle, n’est-ce pas ? dit Caris. Et
intelligente aussi.
    Ce n’est pas pour rien qu’elle est fille d’un évêque !
Oh, pardonnez-moi, mon évêque et seigneur ! Je ne voulais pas être
irrévérencieuse. »
    L’assemblée rit sous cape. Godwyn prit un air outragé ;
l’évêque Richard dissimula un sourire.
    « Sœur Élisabeth ne peut pas comprendre qu’un homme me
préfère à elle. Moi non plus, à vrai dire. Mais il est de fait que Merthin m’aime
malgré mon manque de beauté. Je serais bien en peine de dire pourquoi. »
Les rires s’amplifièrent. « Je suis désolée qu’Élisabeth le prenne aussi
mal. Si nous vivions à l’époque de l’Ancien Testament, Merthin pourrait avoir
deux femmes et tout le monde serait content. » Un vrai rire commençait à
secouer la foule. Caris attendit que le calme revienne, pour assener sur un ton
redevenu grave : « Une chose me désole, cependant. C’est que la
banale jalousie d’une femme dépitée puisse être reprise par un novice félon et
devenir prétexte à m’accuser d’un crime aussi odieux que l’hérésie. »
    Philémon bondit sur ses pieds, décidé à défendre son
honneur, mais l’évêque Richard agita la main dans sa direction et dit :
« Laisse-la s’exprimer ! Laisse-la s’exprimer ! »
    Considérant les accusations d’Élisabeth démontées, Caris
poursuivit son argumentation : « Je confesse que j’use parfois de
mots vulgaires lorsque je suis seule, surtout quand je me cogne le pied. En
revanche, vous pouvez vous demander pourquoi mon propre beau-frère témoigne
contre moi et prétend que mes marmonnements sont des invocations au Malin. Je
crains, bien malheureusement, d’être en mesure de répondre à cette
question. » Elle marqua une pause et reprit sur un ton solennel :
« Mon père est malade. S’il meurt, sa fortune sera divisée entre ma sœur
et moi. Si je meurs avant elle, ma sœur héritera de toute la fortune de notre
père. Et ma sœur est l’épouse d’Elfric. »
    Elle s’interrompit à nouveau, pour promener un regard
interrogateur sur l’assemblée.
    « Cela vous choque ? demanda-t-elle. Moi
aussi ! Mais les gens commettent des crimes pour des sommes bien
inférieures à celle dont il est question ici ! »
    Elle fit mine de partir, comme si elle en avait terminé.
Philémon se leva de son banc. Caris effectua un demi-tour sur elle-même et lui
lança en latin : « Caput tuum in ano est. »
    Les moines éclatèrent de rire, Philémon rougit comme une
pivoine.
    Caris regarda Elfric : « Tu n’as pas compris ce
que j’ai dit, n’est-ce pas, Elfric ?
    — Non, répondit-il sèchement.
    — Tu as même pu croire que j’utilisais une abominable
langue de sorcière, n’est-ce pas ?... Mon frère, ajouta-t-elle en se
tournant vers Philémon, vous savez forcément en quelle langue j’ai parlé,
n’est-ce pas ?
    — En latin, répondit Philémon.
    — Pouvez-vous nous répéter tout haut ce que j’ai
dit ? »
    Philémon lança un regard suppliant vers l’évêque. Mais
Richard s’amusait de la situation. Il ordonna : « Répondez à la
question. »
    Philémon s’exécuta d’un air furieux. « Elle a
dit : « Tu as la tête dans le cul ! »
    Le fou rire secoua l’assemblée tout entière et Caris regagna
sa place.
    Quand l’assemblée se calma, Philémon voulut prendre la
parole. Richard l’interrompit. « J’en ai assez entendu de toi, dit-il. Tu
as développé une argumentation solide et l’accusée s’est défendue
vigoureusement. Quelqu’un d’autre veut-il prendre la parole concernant cette
accusation ?
    — Moi, mon évêque et seigneur ! » Frère Murdo
fit un pas en avant. Des voix saluèrent son

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