Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
lui mes parents ? »
    C’était une question courante, que tout enfant doué d’intelligence
posait tôt ou tard. Caris se rappela l’avoir posée elle-même. Elle regarda avec
intérêt l’élève qui manifestait cette curiosité-là. C’était Tilly de Shiring,
la nièce du comte Roland, une petite fille de douze ans au regard espiègle.
Caris l’aimait bien. Sa mère était morte d’une hémorragie à sa naissance et son
père s’était brisé le cou dans un accident de chasse peu après, de sorte
qu’elle avait été recueillie par le comte et élevée par son entourage.
    Sœur Mair lui expliqua avec douceur que les voies de Dieu
étaient impénétrables, mais ces réponses n’étaient pas de nature à satisfaire
la fillette qui se réfugia dans le silence, incapable qu’elle était de formuler
ses interrogations plus précisément. Caris se dit qu’elle ne tarderait pas à reposer
la question.
    Sœur Mair ordonna aux petites filles d’entonner à nouveau le
cantique et s’en vint trouver Caris.
    « C’est une élève intelligente, fit remarquer celle-ci.
    — La meilleure de la classe. Je ne lui donne pas trois
ans pour débattre pied à pied avec moi !
    — Elle me rappelle quelqu’un... Sa mère peut-être, bien
que je n’arrive pas à revoir son visage.
    — Elle vous rappelle l’enfant que vous étiez »,
dit Mair, en posant délicatement la main sur le bras de Caris. Les gestes
d’affection entre religieuses étaient interdits, mais Caris n’était pas très
stricte sur ces choses-là.
    « Oh, je n’ai jamais été aussi jolie ! »
répliqua Caris avec un rire.
    Mais ce n’était pas sa beauté que Mair avait à l’esprit.
Enfant, Caris n’avait cessé d’exprimer des doutes. Novice, elle entamait des
débats à tous les cours de théologie, tant et si bien qu’au bout d’une semaine,
mère Cécilia avait été obligée de lui demander de se taire pendant les leçons.
Alors, Caris s’était mise à enfreindre les règles de la vie conventuelle et
opposer mille et un arguments chaque fois qu’elle faisait l’objet d’un rappel à
l’ordre. Là encore, elle avait été priée de garder ses réflexions pour elle.
    Mère Cécilia n’avait pas tardé à proposer à Caris un accord
selon lequel elle était autorisée à ne pas assister aux services religieux
lorsque son travail à l’hospice la retenait, à condition de ne plus se moquer
de la discipline et de ne pas répandre autour d’elle ses idées subversives.
Caris s’y était résolue de mauvais gré. L’arrangement s’était révélé sage et il
fonctionnait jusqu’à ce jour, tout simplement parce que Caris passait la
majeure partie de son temps à l’hospice et avait foi dans les tâches qu’elle y
accomplissait. Elle sautait plus de la moitié des offices et ne se permettait
plus que de rares critiques.
    Sœur Mair sourit. « Vous êtes très jolie maintenant,
dit-elle. Surtout quand vous riez. »
    L’espace d’un instant, Caris se sentit envoûtée par les yeux
bleus de Mair. Puis un cri d’enfant rompit le charme.
    Elle s’éloigna. Le hurlement ne provenait pas du groupe dans
le cloître, mais de l’hospice. Elle franchit rapidement le petit vestibule.
Christophe le Forgeron venait d’entrer à l’hospice en portant dans ses bras une
petite fille d’environ huit ans qui hurlait de douleur. Caris reconnut en elle
la petite Minnie.
    « Allongez-la sur une paillasse ! »
ordonna-t-elle aussitôt. Le père obtempéra. « Que lui est-il arrivé ?
    — Elle est tombée sur une barre de fer rougie à blanc,
répondit le père d’une voix déformée par la panique. Je vous en supplie, ma
sœur, faites quelque chose, vite. Elle souffre le martyre. »
    Caris posa la main sur la joue de l’enfant. « Là, là,
Minnie, nous allons te soulager tout de suite. »
    Lui donner de l’extrait de pavot ? Non, elle était trop
jeune, cela pourrait la tuer. « Nellie, cours à ma pharmacie et
rapporte-moi la bouteille marquée « essence de chanvre ».
Dépêche-toi, mais sans courir cette fois, pour ne pas risquer de casser la
bouteille en tombant. Il me faudrait des heures pour en refaire. » Nellie
partit sans attendre.
    Caris examina la brûlure. Minnie avait des cloques sur
presque tout l’avant-bras et, au milieu, la chair était roussie. Heureusement,
seul le bras était atteint. Rien n’était plus dangereux que des brûlures sur
tout le corps, comme cela arrivait aux victimes d’un

Weitere Kostenlose Bücher