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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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de cette fin de foire,
il finit par émerger dans la grand-rue.
    Il avait eu l’intention d’aller voir Edmond, mais il se
ravisa. Que quelqu’un d’autre apprenne au père de Caris ce qu’il était advenu
de sa fille.
    En qui pouvait-il avoir confiance ? En Marc le
Tisserand ? Le géant avait emménagé avec sa famille dans une vaste maison
de la grand-rue. Le rez-de-chaussée, en pierre, abritait un entrepôt où il
emmagasinait des balles de tissu, et une cuisine qu’aucun métier à tisser
n’encombrait plus, car le tissage à présent était effectué par d’autres
artisans sous sa supervision.
    Marc et Madge, assis sur un banc, affichaient un air
solennel. Dès que Merthin fit son entrée, Marc bondit sur ses pieds. « Tu
l’as vue ? s’écria-t-il.
    — On ne m’a pas laissé la voir.
    — C’est une honte ! Ils n’ont pas le droit de lui
interdire de voir l’homme qu’elle est censée épouser !
    — D’après les religieuses, c’est elle qui ne veut pas
me voir.
    — J’ai du mal à le croire !
    — Moi aussi. Je suis entré de force dans le couvent
pour la chercher. Il y a une foule de portes fermées à clef.
    — Elle est forcément quelque part là-bas !
    — Évidemment. Tu veux bien y retourner avec moi, avec
un marteau ? On détruira toutes les portes jusqu’à ce qu’on la
retrouve ! »
    L’idée ne souleva pas vraiment l’enthousiasme de Marc. Tout
géant qu’il était, il haïssait la violence.
    « Je dois la retrouver. Qui sait, elle est peut-être
morte ? » Madge intervint, devançant son mari : « J’ai une
meilleure solution. »
    Les deux hommes la regardèrent.
    « C’est moi qui irai au couvent, proposa-t-elle. Les
religieuses seront moins effarouchées à la vue d’une femme. Peut-être
sauront-elles persuader Caris de me voir. »
    Marc accueillit plus volontiers cette idée. « Nous
saurons alors pour de vrai si elle est vivante.
    — Ce n’est pas suffisant, dit Merthin. Je dois savoir
bien d’autres choses encore. Si elle a une idée derrière la tête ; si elle
compte s’évader, une fois l’agitation calmée ; si elle veut que je
l’arrache à cet endroit ou au contraire que je patiente, et si oui, combien de
temps. Un mois, un an, sept ans ?
    — Si on me laisse la voir, je lui poserai toutes ces
questions, l’assura Madge en se levant. Attendez-moi ici.
    — Non, je t’accompagne ! dit Merthin. J’attendrai
dehors.
    — Dans ce cas, viens aussi, Marc. Tu tiendras compagnie
à Merthin. »
    Et tu l’empêcheras de faire des bêtises, acheva Merthin dans
son for intérieur, mais il n’en prit pas ombrage. Il avait demandé leur aide
aux deux tisserands, il était heureux de voir qu’ils ne renâclaient pas.
    Ils partirent tous les trois en hâte pour le prieuré. Marc
et Merthin attendirent dehors, laissant Madge pénétrer seule dans l’hospice.
Assis sur le seuil, Scrap, le vieux chien de Caris, attendait lui aussi sa
maîtresse.
    Au bout d’une demi-heure, Merthin déclara : « Ils
ont dû laisser entrer Madge, sinon elle serait revenue depuis longtemps.
    — Va-t’en savoir ! » répondit Marc.
    Ils regardèrent les derniers commerçants finir d’emballer
leurs marchandises et prendre le départ. La pelouse devant la cathédrale
n’était plus qu’une mer de boue. Merthin arpentait les lieux de long en
large ; Marc, lui, restait assis, immobile, telle une statue de Samson.
Une autre heure passa. Ce délai était la preuve que Madge était bien en train
de parler avec Caris. Et Merthin s’en réjouissait par-delà son impatience.
    Le soleil se couchait déjà à l’ouest de la ville quand Madge
réapparut enfin, le visage baigné de larmes, l’air solennel.
    « Caris est vivante, annonça-t-elle. Et elle est en
bonne forme physique et morale. Elle a tous ses esprits.
    — Qu’est-ce qu’elle dit ? demanda Merthin avec
ferveur.
    — Je vais te rapporter chacune de ses paroles. Allons
nous asseoir dans le jardin. »
    Ils entrèrent dans le potager et s’assirent sur un banc pour
contempler le coucher du soleil. La sérénité affichée par Madge commençait à
inquiéter Merthin. Il aurait préféré la voir éclater de fureur. Son attitude
signifiait que les nouvelles étaient mauvaises et il s’en désespérait déjà.
    « C’est vrai qu’elle ne veut pas me voir ? »
    Madge laissa échapper un long soupir. « Oui.
    — Mais pourquoi ?
    — Je le lui ai demandé. Elle m’a dit

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