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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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leur garantissait pas
systématiquement la victoire car l’assaut pouvait être repoussé, en particulier
lorsque le terrain favorisait les défenseurs comme c’était le cas ici, mais les
Français ne se laissaient pas décourager : fidèles à leur code de
l’honneur, ils chargeraient encore, au mépris du danger.
    Face à leur colossale supériorité numérique, les Anglais ne
résisteraient pas indéfiniment, se disait Ralph avec effroi. Pour autant, il ne
regrettait pas d’être là. Depuis sept ans déjà, il menait la vie qu’il avait
toujours souhaité vivre, une vie où les forts étaient les rois et où les
faibles ne comptaient pas. Il avait vingt-neuf ans, un âge qu’atteignaient
rarement les hommes d’action. Il avait commis mille péchés dont il avait
toujours été absous, notamment ce matin même par l’évêque de Kingsbridge en
personne, lequel se tenait à présent à côté de son père, le comte de Shiring,
armé d’une massue car les prêtres n’étaient pas censés répandre le sang. Mais
cette règle, ils la détournaient en ramassant les armes émoussées sur les
champs de bataille.
    Les arbalétriers dans leurs capes blanches avaient atteint
le pied de la colline. Les archers anglais, restés assis jusque-là, leurs
flèches fichées dans le sol devant eux, se mirent debout et bandèrent leurs
arcs. Ralph se dit que la plupart d’entre eux devaient éprouver un sentiment
identique au sien, où se mêlaient le soulagement de voir une longue attente
s’achever enfin et la peur que la chance ne leur sourie pas aujourd’hui.
    Les combats ne commenceraient pas avant longtemps. Les
Génois n’avaient pas encore leurs grands pavois, élément essentiel de leur
tactique. Les Français ne livreraient pas bataille tant que leurs arbalétriers
n’auraient pas leurs défenses, Ralph en était convaincu.
    Des milliers de chevaliers se déversaient dans la vallée par
le sud, se répartissant à droite et à gauche derrière les lignes des
arbalétriers. Le soleil réapparut, faisant étinceler les couleurs des bannières
et des caparaçons des chevaux. Ralph reconnut celles du comte d’Alençon,
Charles, le frère du roi Philippe.
    Les arbalétriers s’arrêtèrent au pied de la colline. Ils
étaient des milliers. Soudain, comme s’ils répondaient à un signal donné, ils
se mirent à pousser des cris effrayants, et certains même à sauter en l’air.
Les trompettes sonnèrent.
    C’était le cri de guerre, un cri censé terroriser l’ennemi,
mais qui laissa les Anglais de marbre : en six semaines de campagne, ils
avaient eu le temps de s’y habituer.
    Mais voilà qu’à l’ébahissement de Ralph, les Génois levèrent
leurs armes. Que faisaient-ils ? Ils n’avaient même pas leurs
boucliers !
    Éclata soudain le bruit terrifiant de cinq mille flèches en
fer traversant les airs. Mais les Anglais étaient hors d’atteinte. Les
arbalétriers auraient-ils oublié qu’ils tiraient vers le haut ?
Étaient-ils éblouis par le soleil de l’après-midi, que les Anglais avaient dans
le dos ? Quelle qu’en soit la raison, les flèches retombèrent sans avoir
touché personne.
    Il y eut alors, au milieu de la ligne de front anglaise,
l’éclair d’une flamme, suivi d’un craquement aussi retentissant que le
tonnerre. Ralph vit de la fumée s’élever de l’endroit où les nouvelles machines
étaient installées. Le vacarme était impressionnant. Quand il reporta les yeux
sur l’ennemi, il constata que les bombardes n’avaient pas causé grand dommage
dans les rangs ennemis. À défaut, elles avaient à ce point stupéfié les
arbalétriers qu’ils en avaient oublié de recharger leurs armes.
    Le prince de Galles en profita pour donner à ses archers
l’ordre de tirer. Deux mille arcs de guerre se levèrent ensemble.
    Se sachant trop éloignés, les archers ne tirèrent pas
parallèlement au sol mais visèrent le ciel, devinant intuitivement le tracé que
suivraient leurs flèches. Tous les arcs se courbèrent simultanément comme les
épis d’un champ ployant sous une brise soudaine, et les flèches furent lâchées
dans un bruit de tocsin. Elles escaladèrent le ciel plus vite que l’oiseau le
plus vif et retombèrent en piqué pour s’abattre sur les arbalétriers telle une
averse de grêle.
    L’ennemi se massait en rangs serrés. Leurs pourpoints
matelassés n’offraient aux Génois qu’une protection dérisoire. Sans leurs
pavois, ils étaient vulnérables.

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