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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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n’ont
même pas leurs pavois !
    — Sont-ils couards au point de ne pouvoir se battre
sans ?
    — Traitez-vous mes hommes de couards ?
    — Oui, s’ils ne se battent pas ! »
    Ottone Doria garda le silence un instant puis il déclara
d’une voix étouffée, que Caris entendit à peine : « Vous êtes un
imbécile, d’Alençon. Ce soir, vous grillerez en enfer ! »
    Sur ces mots, il tourna bride.
    Une goutte d’eau tomba sur le nez de Caris. Elle leva les
yeux vers le ciel. La pluie se mettait de la partie !

 
49.
    L’averse, violente, fut de courte durée. Quand la pluie
cessa, Ralph baissa les yeux vers la vallée et vit que l’ennemi était arrivé.
Il tressaillit.
    Les Anglais occupaient une crête rocheuse qui courait du
sud-ouest au nord-est. Sur leur arrière, au nord-est, s’étendait une
forêt ; devant et sur les côtés, le terrain était vallonné. Le flanc droit
dominait la ville de Crécy-en-Ponthieu, nichée dans une vallée traversée par la
rivière Maye.
    Les Français arrivaient par le sud.
    Ralph se trouvait sur le flanc gauche. Les hommes du comte
Roland, sous les ordres du jeune prince de Galles, avaient pris la formation
qui avait démontré toute son efficacité lors des combats contre les Écossais.
Cette tactique, d’une nouveauté radicale, consistait à déployer les archers en
deux triangles à droite et à gauche, les bataillons disposés en dents de scie,
et à regrouper au centre non seulement les hommes d’armes, mais aussi les
chevaliers à pied. On comprendra donc qu’elle n’ait pas la faveur de ces
derniers, qui se sentaient vulnérables, privés de leurs destriers. Las, le roi
avait été implacable : tout le monde irait à pied ! À l’avant, le
terrain avait été creusé de trous carrés, profonds d’un pied, destinés à faire
trébucher les montures ennemies.
    Sur la droite de Ralph, tout au bout de la crête, des
machines, d’une extraordinaire innovation technique elles aussi, avaient été
installées. Elles lançaient des pierres rondes grâce à l’utilisation d’une
poudre explosive. Appelées bombardes ou canons, ces machines étaient au nombre
de trois. Elles avaient été tractées à travers toute la Normandie au gré de la
campagne militaire, mais n’avaient pas encore servi. On ignorait donc si elles
fonctionneraient. Aujourd’hui, face à un ennemi entre quatre et sept fois
supérieur, le roi Édouard avait ordonné de les monter, déterminé qu’il était à
utiliser tous les moyens à sa disposition.
    Sur le flanc gauche, les hommes du comte de Northampton
avaient été placés eux aussi selon cette même formation en herse. Derrière
cette ligne de front, un troisième bataillon mené par le roi se tenait en
réserve, conforté sur l’arrière par deux remparts. Le premier était constitué
par les chariots de l’intendance disposés en cercle et servant de muraille aux
bêtes de somme et à tous ceux qui ne participaient pas au combat : des
cantiniers aux ingénieurs, en passant par les palefreniers ; le second
était le bois lui-même où les survivants de l’armée anglaise, étant à pied,
pourraient s’enfuir en cas de défaite sans être poursuivis par les chevaliers
français dont les destriers seraient incapables de se frayer une voie à travers
les taillis.
    Les Anglais attendaient là depuis les premières heures du
matin, le ventre creux, n’ayant reçu pour pitance que de la soupe aux pois et
des oignons. Sous son armure, Ralph souffrait de la chaleur. Il avait accueilli
l’averse d’orage avec d’autant plus de bonheur qu’elle avait rendu la pente
boueuse et traîtreusement glissante, ce qui ralentirait l’assaut des Français.
    Il devinait déjà leur tactique. Les Génois tireraient à
l’arbalète, dissimulés derrière leurs pavois, pour affaiblir les lignes de front
anglaises. Puis, quand ils considéreraient avoir causé suffisamment de
dommages, ils s’écarteraient pour céder le passage aux chevaliers français, qui
s’élanceraient à l’assaut sur leurs chevaux de bataille.
    Rien n’était plus terrifiant que cette charge. Appelée
« fureur francisque », c’était l’arme ultime de la noblesse
française.
    Juchés sur des bêtes prodigieuses, des êtres monstrueux
recouverts de fer de la tête aux pieds déferlaient telle une vague sur les
archers tapis derrière leurs boucliers, de même que sur les hommes d’armes
brandissant leurs épées.
    Cette tactique, bien sûr, ne

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