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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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et fluet comme sa mère, de qui il avait également
hérité son teint noiraud. Les deux enfants étaient visiblement affaiblis par la
malnutrition. Tout au long de l’automne, David avait souffert de maux divers,
un rhume pour commencer, puis une poussée de boutons et, pour terminer, une
vilaine toux.
    En cette courte journée du milieu de l’hiver, Gwenda les
emmena avec elle quand elle partit avec Wulfric finir de semer le blé d’hiver
sur les terres de Perkin. Un vent glacial balayait les champs. Elle lança les
semences dans les sillons pendant que Sam et David effrayaient les oiseaux
pleins d’audace qui tentaient de picorer le blé avant que Wulfric n’ait eu le
temps de retourner la terre. En voyant ses enfants courir, sauter et crier,
Gwenda s’émerveilla que ces deux petits êtres aient pu sortir de son ventre.
Ils avaient transformé la chasse aux oiseaux en une sorte de compétition et
l’imagination dont ils faisaient preuve la ravissait. N’était-ce pas miraculeux
qu’ils puissent avoir maintenant des pensées à eux dont elle ignorait
tout ?
    Les pieds lourds de la boue qui collait à leurs semelles,
ils arpentaient le champ tous ensemble, avançant au rythme des marteaux de bois
du foulon dont le son leur parvenait de l’autre côté du cours d’eau. Construit
par Merthin voilà déjà neuf ans, le moulin était tenu par deux frères
célibataires, Jack et Éli, des originaux qui employaient leur neveu comme
apprenti. Paysans sans terre, ils étaient les seuls du village à ne pas avoir
souffert de la mauvaise récolte car Marc le Tisserand leur versait un salaire
régulier.
    Gwenda et les siens achevèrent les semailles juste au moment
où le ciel gris commençait à virer au noir et la brume du crépuscule à
s’amasser dans les bois. Ils étaient vannés.
    Il leur restait un demi-sac de graines ; ils le
rapportèrent chez Perkin. Ils atteignaient sa maison quand ils le virent
arriver de l’autre bout du village, marchant à côté du chariot que conduisait
sa fille, Annet. Ils s’en revenaient de Kingsbridge où ils étaient allés vendre
les dernières pommes et poires de leurs vergers.
    Âgée de vingt-huit ans et mère d’un enfant, Annet avait
conservé sa silhouette de jeune fille et le faisait remarquer en portant des
robes trop courtes et en laissant des mèches folles s’échapper joliment de sa
coiffe. Elle avait l’air idiot, pensait Gwenda, et toutes les femmes du village
partageaient son opinion. Aucun homme n’y souscrivait.
    En voyant Perkin s’en retourner du marché avec une carriole
aussi chargée qu’au départ, Gwenda resta médusée : « Que s’est-il
passé ? s’écria-t-elle.
    — L’hiver n’a pas été plus clément là-bas que chez
nous, répondit Perkin, le visage morose. Les gens n’ont pas d’argent. Il ne
nous reste plus qu’à faire du cidre de toutes ces pommes. »
    C’était un désastre, Gwenda le comprit aussitôt. Annet,
quant à elle, ne semblait pas le moins du monde affectée par la quantité
d’invendus. Elle tendit une main à Wulfric, qui s’empressa de la saisir pour
l’aider à descendre du chariot. Posant le pied à terre, elle trébucha et
s’affala contre lui. « Oh là là ! » s’exclama-t-elle en
reprenant son équilibre, la main posée sur son torse. Et Wulfric rougit de
plaisir au sourire qu’elle lui décocha.
    Ce crétin ne voit rien ! pensa Gwenda par-devers elle.
    Ils entrèrent dans la maison. Perkin s’assit à la
table ; Peggy, son épouse, lui apporta un bol de potage. Il découpa une
tranche épaisse du pain posé sur une planche, tandis que Peggy commençait à
remplir les écuelles. Elle servit sa famille en premier : sa fille Annet
et son mari, Billy Howard, puis son fils Rob et son épouse. Elle ne versa qu’une
louchée à la fille d’Annet, Angéla, qui avait quatre ans, et s’occupa ensuite
des deux fils de Rob. Ce n’est qu’alors qu’elle invita Wulfric et les siens à
prendre place.
    Gwenda avala sa soupe avec voracité. Le brouet, épaissi avec
du pain rassis, était plus consistant que celui qu’elle préparait. Chez elle,
le pain n’avait jamais le temps de rassir. Les Perkin eurent également droit à
des bolées de bière anglaise. Peggy n’en versa ni à Gwenda ni à Wulfric :
l’hospitalité avait ses limites dans les moments difficiles.
    Perkin réservait ses facéties à ses clients ; le reste
du temps, il bougonnait. Sous son toit, l’atmosphère était

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