Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
lesquelles ils
s’enroulèrent. Merthin leur laissa le temps de reprendre leur souffle avant de
les interroger : « Alors ? Qu’avez-vous découvert ?
    — Rien, répondit l’aîné, Denis.
    — Comment ça « rien » ?
    — Il n’y a rien au fond, au pied du pilier.
    — Tu veux dire : juste la boue du fleuve ?
lança Elfric sur un ton triomphant.
    — Non ! répondit Denis. Pas de boue, juste de
l’eau. »
    Et Noé d’ajouter : « Un trou si grand que vous
entreriez dedans facilement. Ce grand pilier, il est suspendu dans l’eau sans
rien dessous ! »
    Merthin s’efforça de masquer son soulagement.
    Elfric commença à faire du tapage : « Merthin n’a
aucune autorité pour affirmer qu’un tas de pierres même pas cimentées aurait
résolu le problème. » Mais personne ne l’écoutait. Aux yeux de la foule,
Merthin avait démontré la justesse de son argument. Les gens se rassemblèrent
autour de lui pour commenter la situation et poser des questions. Au bout d’un
moment, Elfric s’éloigna, seul.
    Merthin éprouva pour lui une subite compassion. Puis, il se
rappela comment son patron l’avait frappé au visage avec sa toise en bois. Sa
pitié s’évanouit aussitôt dans l’air froid du matin.

 
56.
    Le lendemain matin, un moine vint trouver Merthin à La
Cloche. Quand il eut rabattu sa capuche, ce fut un homme entre deux âges qui se
révéla à sa vue, un homme à la barbe grise et avec des rides aux coins des yeux
et de la bouche, qu’il n’avait jamais rencontré. Ce ne fut qu’en remarquant sa
manche gauche coupée au coude qu’il reconnut frère Thomas. Son visiteur n’avait
plus rien du jeune chevalier poursuivi par des sbires en raison du secret qu’il
détenait. Sa vie était-elle toujours menacée après tant d’années écoulées ?
se demanda néanmoins Merthin. Que se passerait-il si son secret venait à
transpirer ?
    Mais Thomas n’était pas venu pour évoquer de vieux
souvenirs. « Tu avais raison à propos du pont », dit-il.
    Merthin acquiesça avec une certaine amertume, même s’il
était satisfait de voir sa valeur reconnue. Depuis le tout début il avait eu
raison ! Cela n’avait pas empêché le prieur de le dessaisir du chantier.
Et son pont, n’ayant pas été achevé dans les règles de l’art, ne serait jamais
parfait. « À l’époque de la construction, j’ai voulu expliquer en quoi ces
pierres mal taillées étaient essentielles à la bonne tenue de l’ouvrage, mais
Elfric et Godwyn ne voulaient pas m’écouter, je l’ai vu tout de suite. J’en ai
parlé à Edmond le Lainier ; hélas, il est mort.
    — Tu aurais dû m’en parler aussi.
    — Je regrette de ne pas l’avoir fait.
    — Viens avec moi, si tu veux bien, le pria Thomas.
Puisque tu comprends si bien les fissures et leurs causes, je voudrais t’en
montrer plusieurs dans la cathédrale. »
    Il mena Merthin jusqu’au transept sud. Cette voûte et sa
voisine, celle au-dessus du chœur qui s’était déjà effondrée en partie onze ans
plus tôt, étaient parcourues d’inquiétantes lignes de fracture. Et cela malgré
les réparations effectuées par Elfric.
    « Tu m’avais prévenu qu’elles réapparaîtraient, tu
avais raison.
    — Elles reviendront tant que l’on n’aura pas découvert
l’origine du désordre.
    — Elfric s’est donc trompé deux fois. »
    Faudrait-il rebâtir la tour ? À cette pensée, Merthin
sentit l’excitation le saisir et il dut se faire violence pour ne pas le
montrer. « Vous comprenez qu’il y a un problème, je le vois bien. Mais
Godwyn ?
    — À ton avis, qu’est-ce qui cause ces
fissures ? » s’enquit Thomas sans répondre à sa question.
    Merthin rassembla ses idées. Durant toutes ces années, il s’était
souvent interrogé sur ce qui avait pu provoquer l’effondrement de la voûte.
« Pour autant que je sache, cette tour n’est pas celle bâtie à l’origine.
Il est dit dans le Livre de Timothée qu’elle a été reconstruite et
surélevée.
    — C’est exact, il y a de ça une centaine d’années, à
l’époque où le commerce de la laine vierge commençait à prendre son essor. Tu
crois qu’elle est trop haute ?
    — Tout dépend de ses fondations. »
    Côté sud, le terrain sur lequel s’élevait la cathédrale
descendait en pente douce jusqu’à la rivière : il était possible que ce
facteur ait joué un rôle. Pour s’en convaincre, Merthin traversa la croisée du
transept,

Weitere Kostenlose Bücher