Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
corps et âme dans la réfection du
pont et, maintenant, dans l’étude de cette tour.
    « Je voudrais que tu intercèdes en faveur de Wulfric
auprès de ton frère.
    — Que veux-tu que je lui dise ? répondit Merthin
plutôt fraîchement, dépité de la voir aborder un autre sujet que celui qui
l’intéressait : leur avenir à tous les deux.
    — Wulfric travaille sans toucher un sou. Il est payé
seulement en nourriture. Tout ça parce que Ralph refuse de lui donner ne
serait-ce qu’un tout petit lopin de terre à cultiver.
    — Wulfric lui a quand même cassé le nez ! »
répondit Merthin en levant les épaules.
    Leur conversation allait tourner à la querelle une fois de
plus. Merthin sentait déjà l’énervement le gagner. Cherchant à comprendre les
raisons de sa colère, il dut se rendre à la triste évidence que Caris ne lui
avait pas dit un mot depuis des semaines, alors que, apparemment, elle
s’entretenait avec Gwenda. Que la paysanne occupe tant de place dans le cœur de
Caris, voilà ce qui le fâchait ! C’était un sentiment indigne, il le
comprit aussitôt et s’en voulut de l’éprouver. Hélas, c’était plus fort que
lui.
    « Ralph pourrait quand même arrêter de punir Wulfric,
tu ne crois pas ? poursuivait Caris, agacée elle aussi. Leur bagarre
remonte à plus de douze ans ! »
    Entendre Caris user de ce ton cassant qu’il avait
volontairement enfoui au fond de sa mémoire raviva en Merthin le souvenir de
leurs disputes passées. Il opta pour l’ironie. « Naturellement qu’il
devrait arrêter. Enfin, je le pense humblement, mais il se trouve que mon avis
ne compte pas.
    — Tâche quand même de le convaincre d’y renoncer !
    — Ordonnez, gente dame, ordonnez ! Votre serviteur
n’attend que votre commandement ! riposta-t-il, offensé par l’attitude
impérieuse de Caris.
    — On peut savoir pourquoi tu prends ce ton
moqueur ?
    — Parce que je ne suis pas à ta disposition, bien
évidemment, contrairement à ce que tu sembles croire. Je me sens un peu bête
d’accepter des ordres de toi.
    — Pitié, je t’en prie ! Tu es fâché que je te
demande un service ? »
    Sans raison, il eut soudain la conviction qu’elle avait
d’ores et déjà décidé de rester au couvent. S’efforçant de maîtriser son
émotion, il s’expliqua : « Si nous étions mari et femme, tu pourrais tout
exiger de moi. Mais puisque tu as choisi de conserver par-devers toi la
possibilité de me dire non, je trouve un peu présomptueux de ta part de
m’adresser une requête. » Il eut conscience, tout en prononçant ces mots,
de s’exprimer pompeusement, mais que faire ? S’il avait pu laisser libre
cours à ses sentiments, il aurait fondu en larmes.
    Caris, submergée par sa propre indignation, n’était pas en
état de percevoir sa détresse. « Tu noteras que je ne réclame rien pour
moi !
    — La générosité t’inspire, je le conçois fort
bien ! Mais ça ne retire rien au sentiment que j’ai d’être utilisé.
    — Eh bien, ne fais rien dans ce cas-là !
    — Évidemment que je ferai quelque chose ! »
lâcha-t-il avec colère.
    Tout cela était trop stupide ! Il tourna les talons et
remonta le bas-côté, tremblant sous l’effet d’une émotion à laquelle il ne
pouvait donner de nom, mais qu’il était bien incapable de maîtriser. Ce ne fut
que parvenu près du pilier qu’il regarda en arrière. Caris avait disparu.
    Debout au bord de la fosse, les yeux fixés au fond, il
attendit que l’orage s’apaise en lui. Au bout d’un moment, il s’aperçut qu’en
bas, à trente pieds sous lui, le travail avait atteint un stade crucial. Les
ouvriers avaient dépassé le niveau où s’arrêtait la maçonnerie et commençaient
à mettre au jour ce qui se trouvait dessous. Autant me concentrer sur ma tâche,
se dit-il, puisqu’il n’y a rien que je puisse faire concernant Caris !
Fort de sa décision, il prit une longue inspiration et s’engagea sur
l’échelle : l’heure de vérité était sur le point de sonner.
    Il regarda les hommes extraire à la pelle une boue épaisse,
hissée ensuite dans des seaux jusqu’en haut. Son désespoir s’estompait peu à
peu. La couche de terre mise au jour au pied des fondations ressemblait à un
mélange de sable et de gravillons.
    Comme les ouvriers continuaient à la dégager, du sable se
mit à ruisseler. Merthin leur ordonna sur-le-champ d’arrêter de creuser.
S’étant agenouillé, il en

Weitere Kostenlose Bücher