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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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voulut s’assurer qu’elle avait bien entendu.
    « Il a vraiment été assassiné ? »
demanda-t-elle.
    Comme la supérieure ne répondait pas, elle scruta ses
traits.
    Mère Cécilia ne bougeait plus ; son visage était
immobile, ses yeux fixaient le ciel. La mère prieure avait quitté ce bas monde.

 
60.
    Au lendemain de la mort de mère Cécilia, Godwyn convia sœur
Élisabeth à dîner.
    Le moment était délicat. La disparition de Cécilia
déséquilibrait les rapports de pouvoir entre les deux entités composant le
prieuré. Or, Godwyn avait besoin du couvent pour rendre viable un monastère
dont il n’avait jamais réussi à redresser les finances. Malheureusement, la
plupart des religieuses lui gardaient rancune pour le vol de leur trésor, et ne
lui cachaient pas leur hostilité. Qu’elles tombent sous la coupe d’une prieure
décidée à se venger – comme Caris, certainement –, ce serait la ruine du
monastère.
    Une autre crainte le taraudait : la peste. Que se
passerait-il s’il l’attrapait ? Ou si Philémon mourait ? Bien
qu’anéanti, il parvenait généralement à repousser ces pensées cauchemardesques
tout au fond de son esprit, déterminé qu’il était à ne pas se laisser distraire
de son but ultime.
    Toutefois, l’élection de la prieure était un sujet critique
qui nécessitait d’être réglé immédiatement. Ses pires visions lui brossaient le
tableau catastrophique du monastère fermant ses portes et de lui-même
abandonnant Kingsbridge dans le déshonneur pour redevenir simple moine
ailleurs, soumis à un prieur qui prendrait plaisir à l’humilier et à le
soumettre à toutes sortes de contraintes. Face à l’éventualité d’un avenir
aussi cruel, son angoisse était telle qu’il en venait à songer à mettre fin à
ses jours.
    Cependant, tout n’était pas joué. En manœuvrant habilement,
il pouvait retourner la situation à son avantage. Pour cela, il avait besoin
d’une prieure susceptible de le laisser diriger le couvent à sa place. Il avait
donc décidé de miser sur Élisabeth, la jugeant son meilleur atout.
    Elle serait impérieuse, exigerait de voir sa dignité
respectée, mais Godwyn ne se braquait pas sur ce défaut, la sachant également
pragmatique : elle le lui avait prouvé en le prévenant personnellement le
jour où Caris s’apprêtait à vérifier le trésor. Oui, Élisabeth ferait une bonne
alliée.
    Elle pénétra dans la pièce, la tête haute, certaine de son
importance soudaine et s’en félicitant. Conscient de son état d’esprit, Godwyn
se demanda anxieusement si elle accepterait le plan qu’il s’apprêtait à lui
proposer. Il allait devoir jouer serré.
    Promenant les yeux sur la grande salle de banquet, elle déclara :
« Vous avez bâti là un palais splendide », manière de lui rappeler la
contribution extorquée au couvent.
    « Merci », répondit-il, comprenant subitement que
c’était la première fois qu’elle pénétrait dans ce palais achevé depuis un an.
À ce jour, seules Pétronille et Cécilia y avaient été admises, puisque les
femmes n’étaient pas autorisées à pénétrer dans les parties du prieuré
réservées aux moines. « Je crois qu’il nous vaut le respect des nobles et
des puissants. Nous avons déjà reçu ici l’archevêque de Monmouth. »
    Il avait consacré les derniers florins des religieuses à
l’achat de tapisseries illustrant la vie des saints. L’une d’elles représentait
Daniel dans la fosse aux lions. « C’est très beau, dit-elle.
    — Cela vient d’Arras.
    — Est-ce un chat que j’aperçois sous le
buffet ? »
    Godwyn laissa échapper un petit bruit de dépit. « Je
n’arrive pas à m’en débarrasser », prétendit-il tout en chassant l’animal
de la pièce. Les animaux de compagnie n’étaient pas admis au monastère, mais
Godwyn avait un faible pour celui-ci. Sa présence l’apaisait, contrairement à
celle d’Élisabeth.
    En la voyant prendre ses aises lorsqu’il l’invita à
s’asseoir à un bout de la longue table de banquet il ne put réprimer un
tressaillement agacé. Se considérait-elle l’égale d’un homme ? Il cacha de
son mieux son déplaisir.
    Il avait commandé pour l’occasion un plat raffiné : du
porc au gingembre, accompagné de pommes. Philémon se chargea de remplir les
gobelets d’un vin de Gascogne. Élisabeth dégusta une bouchée de porc et vanta
les talents du cuisinier.
    Contrairement à Philémon qui se jeta sur

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