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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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médecin de l’Antiquité
n’indique qu’il faille observer ces procédures. Et la Bible n’en fait
certainement pas mention. Apparemment il s’agit là de superstition pure et
simple. »
    Élisabeth frissonna. « Les médecins italiens,
semble-t-il, considèrent que la peste se diffuse par voie aérienne. Qu’on peut
l’attraper en regardant les malades, en les touchant ou en respirant leur
haleine. Je ne vois pas très bien comment...
    — Où ont-ils pêché de telles idées ?
    — En observant les malades, à ce que l’on dit.
    — J’ai entendu Merthin affirmer que les médecins
italiens étaient les meilleurs du monde après les Arabes. »
    Élisabeth hocha la tête. « Je l’ai entendu également.
    — Donc, toute cette affaire de masque tire probablement
son origine d’une pratique musulmane.
    — C’est à croire.
    — En d’autres termes, païenne.
    — Je suppose. »
    Philémon se laissa retomber en arrière sur son dossier, sa
démonstration achevée.
    « Vous voulez dire que nous pourrons réduire à néant
les chances de Caris en répandant le bruit qu’elle introduit des superstitions
païennes dans les murs du couvent ? questionna Élisabeth, doutant d’avoir
tout compris.
    — Pas exactement, répondit Philémon avec un sourire
rusé.
    Nous dirons qu’elle pratique la sorcellerie.
    — Bien sûr ! s’écria Élisabeth. J’avais presque
oublié ce détail.
    — Pourtant, vous avez témoigné contre elle à son
procès.
    — C’était il y a bien longtemps.
    — J’ai du mal à imaginer qu’on puisse oublier que son
ennemi a fait l’objet d’accusations semblables dans le passé ! »
ironisa Philémon.
    Assurément, lui-même ne l’aurait jamais oublié. L’art dans
lequel il était passé maître consistait à connaître les faiblesses d’autrui
afin de les exploiter sans scrupules. Face à sa malveillance, Godwyn en venait
parfois à éprouver une sorte de culpabilité. Mais cette méchanceté lui était
devenue à ce point nécessaire qu’il s’interdisait de réfléchir sur ses aspects
négatifs. Qui d’autre, sinon Philémon, aurait concocté pareille manœuvre pour
contrer une Caris aimée de tous ?
    Un novice apporta des pommes et du fromage. Philémon remplit
à nouveau les gobelets de vin.
    Élisabeth déclara : « Je comprends la logique
cachée derrière cette tactique. Avez-vous pensé en détail à la meilleure façon
de procéder ?
    — Le plus important, c’est de préparer le terrain,
expliqua Philémon. On ne saurait lancer de telles accusations sans s’être
assuré au préalable qu’un grand nombre de personnes sont déjà persuadées de
leur bien-fondé. »
    Oui, Philémon avait vraiment un talent pour les
manipulations retorses, se dit Godwyn avec admiration.
    « Et comment faut-il s’y prendre, à votre avis ?
s’enquit Élisabeth.
    — Dans ce genre de situation, les actes valent mieux
que tous les discours. Refusez de porter le masque. Si l’on vous interroge,
affirmez tranquillement avoir entendu dire que c’était une pratique musulmane
et que, personnellement, vous préférez vous en remettre aux méthodes
chrétiennes. Encouragez vos amies à vous imiter, en signe de soutien. Ne vous
lavez plus les mains aussi souvent. Quand vous verrez des gens suivre les
conseils de Caris, contentez-vous de froncer les sourcils d’un air réprobateur,
mais sans leur faire de remontrances. »
    Godwyn manifesta son accord d’un hochement de la tête. La
rouerie de Philémon approchait parfois le génie.
    « Et l’hérésie, faut-il en parler ?
    — Parlez-en autant que vous le voulez, mais sans
établir de lien direct avec Caris. Faites savoir que vous avez entendu parler
d’un hérétique exécuté dans une autre ville, d’un adorateur du diable qui avait
perverti un couvent tout entier. En France peut-être.
    — Je m’en voudrais de faire une entorse à la vérité,
lâcha Élisabeth avec une raideur appuyée.
    — Nous le comprenons bien, intervint Godwyn, déplorant
par-devers lui la fâcheuse tendance de Philémon à oublier que le monde entier
n’était pas taillé dans la même étoffe que lui. Le sous-prieur sous-entend
seulement que vous devriez vous attacher à répéter ces histoires, si vous les
avez entendues, naturellement, afin de rappeler aux sœurs que le diable ne
baisse jamais la garde. »
    Comme la cloche sonnait, Élisabeth se leva. « Je m’en
voudrais de rater l’office. Je

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