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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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son écuelle, Godwyn
n’était pas très porté sur la nourriture ; la bonne chère était pour lui
un moyen d’impressionner ses visiteurs. Il en vint donc rapidement à l’affaire
qui l’intéressait. « Comment comptez-vous gagner cette élection, ma
sœur ?
    — Je crois que je remplirai mieux que sœur Caris les
fonctions de mère supérieure », répondit-elle et, derrière ses paroles,
Godwyn perçut sans possible erreur l’émotion avec laquelle elle avait prononcé
le nom de sa rivale. Visiblement, elle lui en voulait encore d’avoir remporté
le cœur de Merthin. L’élection à venir lui offrait l’occasion d’engager la
joute, et, cette fois-ci, elle n’hésiterait pas à tuer pour remporter la
partie, devina Godwyn, et il s’en félicita. Philémon intervint : « En
quoi vous considérez-vous mieux placée que sœur Caris pour assurer la tâche
d’une prieure ?
    — Je suis plus âgée qu’elle, j’ai passé plus de temps
au couvent et j’y occupe une place de responsabilité depuis plus longtemps.
Enfin, je suis née au sein d’une famille très religieuse et j’ai été élevée
dans le respect des traditions chrétiennes. »
    Philémon secoua la tête d’un air peu convaincu. « Rien
de tout cela ne me paraît susceptible de faire pencher la balance en votre
faveur. »
    Elle haussa les sourcils, déstabilisée par la brutalité de
Philémon. Godwyn craignit que ce dernier ne se soit montré trop abrupt. Il lui
aurait volontiers soufflé de ne pas l’effaroucher, car ils avaient besoin d’une
prieure soumise, mais Philémon poursuivait sans remords : « En ce qui
concerne votre présence au couvent, vous n’y avez jamais passé qu’une année de
plus que Caris. Et le fait d’avoir pour père un évêque, paix à son âme, jouera
contre vous, les évêques n’étant pas censés avoir des enfants. »
    Elle rougit. « Les prieurs ne sont pas censés avoir des
chats.
    — Nous ne discutons pas du prieur ! » réagit
Philémon avec impatience.
    Devant tant d’insolence, Godwyn se rembrunit. Il savait
parfaitement masquer son hostilité derrière une façade chaleureuse. Philémon,
malheureusement, n’avait jamais appris à maîtriser cet art.
    Élisabeth ne sembla pas se formaliser. « M’auriez-vous
invitée à dîner pour m’expliquer que je n’avais aucune chance de
l’emporter ? Cela m’étonne, ajouta-t-elle en se tournant vers Godwyn, ce
n’est pas dans vos manières d’inviter une femme à partager votre repas pour le
simple plaisir de lui offrir un plat coûteux.
    — Vous avez tout à fait raison, dit Godwyn. Nous
souhaitons en effet vous voir élue prieure, et nous ferons tout ce qui est en
notre pouvoir pour vous y aidez. »
    Philémon reprit : « C’est pourquoi nous allons
commencer par examiner vos atouts d’un œil réaliste. Caris est aimée de tous –
des religieuses, des moines, des marchands et de la noblesse. Son travail au
couvent la sert mieux que tout : des centaines de personnes ont été
soignées par elle. En revanche, vos fonctions de trésorière vous offrent
rarement l’occasion d’entrer en contact avec les gens de l’extérieur. Ils ont
tendance à vous imaginer comme une personne froide et calculatrice.
    — J’apprécie votre franchise. Peut-être devrais-je
effectivement me retirer de la course. »
    Était-ce de l’ironie ? Godwyn n’aurait su le dire.
    Philémon ajouta : « Toutefois, si vous ne pouvez
pas remporter la bataille, Caris peut la perdre.
    — Cessez donc de parler par énigmes, c’est fatigant à
la fin. Dites-moi clairement ce que vous avez derrière la tête ! »
répliqua Élisabeth, et la sécheresse de son ton fit comprendre à Godwyn
pourquoi elle n’était pas aimée.
    Philémon feignit de ne pas le remarquer. « Dans les
semaines à venir, votre tâche consistera à détruire Caris. Vous devrez
transformer l’image que les sœurs se font d’elle. Faire en sorte qu’elles ne
voient plus en elle une religieuse aimable, assidue à la tâche et compatissante,
mais un monstre ! »
    À l’éclat qui passa dans l’œil d’Élisabeth, Godwyn comprit
que cette perspective la ravissait.
    « Croyez-vous que ce soit possible ?
    — Oui, si nous vous y aidons.
    — Je vous écoute.
    — Caris continue-t-elle à ordonner aux religieuses de
porter des masques de toile à l’hospice ?
    — Oui.
    — Et à se laver les mains ?
    — Oui.
    — Rien chez Galien ni chez aucun

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