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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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à
Merthin, se rappela-t-il. Il était au courant du testament de Bessie car des
droits de mutation devaient être versés au prieuré. Merthin s’en était acquitté
sans hésiter en les payant avec des florins d’or. L’argent se collait à cet
homme comme des feuilles mouillées, ressassa Godwyn avec rancœur. Il possédait
déjà l’île aux lépreux ; il était revenu de Florence à la tête d’une
fortune et, maintenant, il possédait la taverne la plus fréquentée de la ville.
    Le seul avantage que rapportait la peste, se dit-il encore,
c’était que le prieuré se retrouvait subitement en possession de grosses sommes
d’argent.
    Godwyn ne célébra qu’une seule cérémonie pour les sept
décédés. C’était devenu la norme à présent, un enterrement le matin, un
enterrement l’après-midi, quel que soit le nombre des défunts. Il n’y avait
plus assez de prêtres en ville pour procéder à des cérémonies individuelles.
    Cette pensée raviva sa peur. S’imaginant lui-même porté en
terre, il se mit soudain à buter sur les mots et dut laisser passer un moment
avant de pouvoir continuer son office.
    Le service achevé, il reconduisit la procession des moines
et des religieuses jusqu’à la cathédrale et pénétra dans le sanctuaire.
Arrivées dans la nef, les deux files se séparèrent et les moines retournèrent à
leurs occupations habituelles.
    C’est alors qu’une novice s’approcha de lui timidement et le
pria de se rendre à l’hospice.
    « Pour quoi faire ? aboya Godwyn, furieux de
recevoir des ordres par le biais d’une novice.
    — Je l’ignore, mon père, je suis désolée. On m’a
seulement ordonné de vous faire la commission.
    — Je viendrai dès que je le pourrai », répondit-il
d’un ton irrité.
    Aucune tâche ne requérait son intervention immédiate, mais
il s’attarda dans la cathédrale à seule fin de manifester son autorité et se
mit à débattre avec frère Éli d’une question concernant l’habit des moines.
Quelques minutes plus tard, il traversa le cloître et entra dans l’hospice.
    Plusieurs religieuses entouraient un lit dressé devant
l’autel. Il devait s’agir d’un patient important. Il se demanda qui cela
pouvait être. Une des nonnes qui s’occupaient de ce malade tourna la tête vers
lui. Malgré le masque en tissu qui recouvrait son nez et sa bouche, il reconnut
sa cousine Caris au vert pailleté de ses yeux identique au sien, signe
distinctif de toute sa famille. Son regard avait une expression étrange, très
éloignée de l’antipathie et du mépris auxquels il s’attendait. C’était plutôt
une inquiétante compassion.
    Il s’avança vers la couche. À sa vue, les autres soignantes
s’écartèrent avec déférence. Il découvrit alors sa mère.
    La grande tête de Pétronille reposait sur un oreiller blanc.
Elle transpirait et du sang coulait inlassablement de son nez, aussitôt essuyé
par une religieuse. Une autre sœur la faisait boire, et il entrevit sur le cou
ridé de Pétronille des points rouges qu’il n’avait jamais vus auparavant.
    Le hurlement qui s’échappa de ses lèvres fut tel qu’on
aurait cru qu’il avait reçu un coup. Horrifié, il ne pouvait détacher ses yeux
de sa mère. Celle-ci le fixait d’un regard débordant de douleur. Il n’y avait
pas de place pour le doute : la peste était sur le point d’accomplir son
œuvre. « Non ! cria-t-il. Non ! Non ! » Il avait
l’impression d’avoir reçu une flèche en plein cœur, sa douleur était
insoutenable.
    Il entendit Philémon lui souffler d’une voix effrayée de se
reprendre. Hélas, il en était bien incapable. Il ouvrit la bouche pour crier à
nouveau : aucun son n’en sortit. Il était soudain comme détaché de son
corps, incapable de contrôler ses mouvements. Une vapeur noire, s’élevant du
sol, remontait le long de son corps, envahissait sa bouche, pénétrait à l’intérieur
de ses narines et bloquait sa respiration. Elle atteignit ses yeux, l’aveuglant
complètement. Il perdit connaissance.
    Godwyn garda le lit cinq jours au cours desquels il ne but
que de l’eau lorsque Philémon portait un verre à sa bouche, incapable de faire
un geste par lui-même. Sa raison l’avait quitté. Il n’avait aucune idée de ce
qu’il devait faire. Il sanglotait, dormait, se réveillait et recommençait à
pleurer. Il avait vaguement conscience qu’une main se posait sur son front,
qu’on récoltait un spécimen de ses

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