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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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une nouvelle parcelle.
    En de tels moments, Godwyn devait se faire violence pour
parvenir à conserver son sang-froid. La peste, telle une marée montante,
submergeait tout sur son passage ; rien ne lui résistait. Durant la
semaine de Noël, les moines avaient effectué une centaine d’enterrements et le
nombre des défunts continuait d’augmenter. Frère Joseph était mort hier ;
deux moines s’étaient alités aujourd’hui. Jusqu’où cela irait-il ? Tout le
monde était-il condamné à périr ? Allait-il mourir lui aussi ?
    L’effroi le saisit, l’obligeant à suspendre ses
bénédictions. Les yeux rivés sur son goupillon en or, il se demanda comment cet
objet avait abouti entre ses doigts. L’espace d’un instant, sa peur panique fut
telle qu’il fut dans l’incapacité de faire un mouvement. Philémon, qui marchait
en tête de la file des moines, le poussa doucement par-derrière. Il trébucha et
reprit sa marche. Il devait chasser de son esprit ces pensées terrifiantes.
    Pour ce faire, il se concentra sur l’élection de la prieure.
Son homélie de l’autre jour avait rencontré un accueil si favorable auprès des
religieuses qu’il avait cru la victoire d’Élisabeth définitivement acquise.
Hélas, le vent avait tourné avec une rapidité déroutante. Le regain de popularité
de Caris l’avait pris de court et Philémon était intervenu trop tard. Godwyn en
aurait hurlé de rage.
    Mais tout n’était pas encore joué. Caris pouvait se moquer
de Philémon, la vérité était qu’elle n’avait pas encore été confirmée dans ses
fonctions par l’évêque.
    Malheureusement, Godwyn n’avait pas eu le temps d’entrer
dans les bonnes grâces d’Henri de Mans, qui ne parlait pas l’anglais et n’était
venu qu’une seule fois à Kingsbridge. Et il n’avait pas été nommé depuis assez
longtemps pour que Philémon ait réussi à découvrir en lui des faiblesses
susceptibles d’être utilisées. Néanmoins il était à croire que l’évêque, en
tant qu’homme et en tant que prêtre, aurait tendance à prendre le parti du
prieuré contre le couvent.
    Par mesure de précaution, Godwyn lui avait écrit pour lui
rapporter que Caris avait ensorcelé sa congrégation en se prétendant capable de
la sauver de la peste. Il en avait profité pour exposer en détail certains
aspects de sa biographie : l’accusation d’hérésie dont elle avait fait l’objet
huit ans plus tôt, les termes de la sentence rendue contre elle et la façon
dont mère Cécilia s’était débrouillée pour lui éviter le gibet. Il espérait que
sa missive saurait façonner l’opinion de l’évêque et l’inciterait à faire le
déplacement jusqu’à Kingsbridge.
    Mais quand ? Henri avait déjà manqué l’office de Noël à
la cathédrale, ce qui ne s’était jamais vu. Un mot signé de l’archidiacre Lloyd
avait prévenu en termes simples et sans fioritures qu’Henri était trop occupé à
désigner des remplaçants aux membres du clergé décédés de la peste. Il était
possible que Lloyd lui soit hostile, se disait Godwyn. C’était un proche du
comte William et il devait sa position actuelle au frère de celui-ci, feu
l’évêque Richard. Avant cela, il avait servi le comte Roland, qui le haïssait
ouvertement. Mais ce n’était pas Lloyd qui décidait, c’était Henri, et il était
difficile de prédire l’avenir. La seule chose dont Godwyn était certain,
c’était que Caris représentait une menace pour son pouvoir et la peste un
danger pour sa vie. Bref, il avait perdu le contrôle de la situation.
    Une légère neige se mit à tomber alors que la consécration
du cimetière touchait à sa fin. Plusieurs convois funèbres attendaient déjà que
Godwyn leur signale d’avancer. Le premier cadavre était enfermé dans un
cercueil, les autres reposaient sur des civières, enveloppés dans des linceuls.
En temps normal, les cercueils étaient déjà un luxe réservé aux riches.
Maintenant que le bois atteignait des sommes astronomiques et que les
menuisiers croulaient sous la tâche, seuls les personnages les plus fortunés
pouvaient espérer se faire enterrer dans un cercueil de bois.
    Merthin marchait à la tête du premier convoi, sa petite
fille dans les bras, des flocons de neige accrochés à ses cheveux et à sa barbe
cuivrée. Godwyn en déduisit que le cadavre dans le cercueil devait être celui
de Bessie la Cloche. N’ayant pas d’héritiers, elle avait laissé sa taverne

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