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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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pour
effet d’endiguer les agressions. Partout, il y avait abondance de nourriture,
de vin et de vêtements, denrées qui peu de temps auparavant suscitaient la
convoitise des brigands. Les gens qui avaient survécu à la peste trouvaient à
se fournir dans des villages déserts ou des villes fantômes, et ils faisaient
main basse sur tout ce qu’ils trouvaient.
    Au début, Caris avait été mortifiée d’apprendre que Godwyn
n’était qu’à deux jours de Kingsbridge. Elle l’avait imaginé caché dans un lieu
si lointain qu’il n’en reviendrait jamais. Mais bien vite elle se réjouit de
cette proximité qui allait lui permettre de récupérer facilement l’argent et
les biens du prieuré, notamment les chartes du couvent sans lesquelles la
congrégation ne pouvait faire valoir ses droits en cas de litige, que cela
concerne une propriété ou l’application des droits féodaux.
    Elle était fermement décidée à exiger de Godwyn qu’il lui
restitue les biens du prieuré, en lieu et place de l’évêque. Quel plaisir ce
serait que de le confronter et l’obliger à admettre sa couardise et sa
malhonnêteté ! Elle avait en sa possession une lettre d’Henri l’autorisant
à prendre possession de ces biens. Si Godwyn refusait de les rendre, cela
prouverait de manière éclatante qu’il ne les avait pas emportés pour les mettre
en sécurité, mais bien pour les dérober. L’évêque pourrait alors, si
nécessaire, entreprendre une action en justice ou simplement débarquer à
l’ermitage à la tête d’une petite troupe d’hommes armés.
    Au sortir de Kingsbridge, le trajet à cheval évoqua à Caris
son aventure sur les routes de France et une grande tristesse l’envahit au
souvenir de Mair, de sa beauté, de sa bonté et de son amour. De toutes les
sœurs emportées par la peste, Mair était celle qui lui manquait le plus.
    La pensée de passer deux jours entiers en tête à tête avec
Merthin sans être dérangée par quiconque la consola bientôt. Trottant côte à
côte, ils bavardaient continuellement, comme au temps de leur adolescence, se
racontant tout ce qui leur passait par la tête.
    À son habitude, Merthin débordait d’idées plus intelligentes
les unes que les autres. L’épidémie n’avait pas tué en lui le désir d’ouvrir
des magasins et des tavernes sur l’île aux lépreux. Il lui confia son intention
de démolir l’auberge de La Cloche qu’il avait héritée de Bessie pour la
reconstruire deux fois plus grande.
    Caris se dit qu’ils avaient certainement été amants. Sinon
pourquoi Bessie lui aurait-elle laissé La Cloche ? Elle en ressentit du
dépit, tout en sachant qu’elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. Puis
elle se convainquit que Bessie n’avait été qu’un pis-aller pour Merthin, et
qu’elle avait dû le savoir. Néanmoins, l’idée que cette grosse aubergiste ait
pu folâtrer avec lui suscitait en elle une jalousie et une colère qu’elle ne
pouvait combattre.
    À midi, ils firent une halte au bord d’un ruisseau pour se
reposer. Ils mangèrent du pain, du fromage et des pommes, nourriture habituelle
de tous les voyageurs qui n’étaient pas fortunés. Ils donnèrent aussi du grain
à leurs chevaux, car une monture ne pouvait porter un cavalier sur son dos une
journée entière en ne se nourrissant que d’herbe broutée de temps à autre. Leur
repas achevé, ils voulurent s’étendre quelques instants au soleil, mais le sol
froid et humide n’incitait pas au sommeil. Ils se relevèrent donc et reprirent
la route.
    Ils avaient retrouvé rapidement l’affectueuse intimité de
leur jeunesse. Côtoyant la mort en permanence, Caris avait grand besoin de
légèreté et Merthin, justement, avait toujours su l’égayer. Il la divertit si
bien qu’elle en oublia même sa vindicte à l’encontre de Bessie.
    Ils suivaient la route que les moines de Kingsbridge
empruntaient depuis des centaines d’années pour se rendre à l’ermitage. Ils
s’arrêtèrent pour la nuit à l’auberge de La Vache rouge, dans la petite ville
de Lordsborough, à mi-chemin. Ils dînèrent de rôti de bœuf, accompagnée de
bière forte.
    À ce moment-là du voyage, Caris ressentait dans tout son
corps un désir si lancinant qu’il en était presque douloureux. Les dix
dernières années de sa vie s’étaient évaporées de sa mémoire et elle ne rêvait
plus que d’une chose : prendre Merthin dans ses bras et faire l’amour avec
lui comme autrefois.

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