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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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était véritablement de
circonstance puisqu’il représentait le Jugement dernier. Une odeur de dortoir
planait sur le sanctuaire. La nef en terre battue était jonchée de paille et de
couvertures abandonnées. De la petite foule qui avait dormi ici ces derniers
temps, il n’y avait qu’une seule personne dans l’église : Godwyn. Il était
étendu devant l’autel, face contre terre, les bras en croix. Un bref instant,
Caris le crut mort, puis elle se rendit compte qu’il avait adopté la position
des pénitents.
    « Père prieur, vous avez des visiteurs ! »
annonça Thomas. Godwyn ne réagit pas. Caris songea tout d’abord qu’il faisait
délibérément la sourde oreille, puis quelque chose dans son immobilité lui
donna à comprendre qu’il suppliait vraiment le Seigneur de lui accorder Son
pardon.
    Enfin, il se releva avec lenteur et leur fit face.
    Il était pâle et maigre ; il avait l’air épuisé et
dévoré d’anxiété.
    « Toi ! s’écria-t-il.
    — On t’a retrouvé, Godwyn ! lâcha-t-elle d’une
voix vibrante de satisfaction, décidée à ne pas donner du « mon
père » à ce scélérat.
    — C’est Tarn l’Insaisissable qui m’a trahi, je
présume. »
    À l’évidence, son esprit n’avait rien perdu de son acuité.
Tout haut, Caris reprit : « Tu as voulu échapper à la justice, mais
en vain !
    — Je n’ai rien à craindre de la justice. Je suis venu
ici dans l’espoir de sauver la vie de mes moines. Mon erreur a été de partir
trop tard.
    — Un innocent ne s’enfuit pas en catimini à la faveur
de la nuit !
    — Je devais tenir ma destination secrète. Si j’avais
laissé quiconque me suivre, j’aurais mis ma congrégation en péril.
    — Tu as volé les ornements de la cathédrale !
    — Je ne les ai pas volés. Je les ai emportés afin de
les mettre en sécurité. Je les restituerai quand tout danger sera écarté.
    — Alors pourquoi n’as-tu prévenu personne de ton
intention ?
    — Mais si ! J’ai écrit à l’évêque Henri.
N’aurait-il pas reçu ma lettre ? »
    Caris ragea intérieurement, de plus en plus dégoûtée par
l’attitude de Godwyn. Elle laissa tomber dédaigneusement : « Aucune
lettre n’a été reçue pour la bonne raison, j’en suis sûre, qu’il n’en a pas été
envoyé !
    — Le messager est peut-être mort de la peste avant
d’avoir pu la remettre ?
    — Et quel était le nom de ce messager décédé ?
    — Je l’ignore. C’est Philémon qui l’avait engagé.
    — Et comme le hasard fait si bien les choses, Philémon
n’est plus là pour nous le révéler ! dit-elle avec sarcasme. Raconte ce
que tu veux. L’évêque Henri t’accuse d’avoir volé les trésors de la cathédrale
et il m’a envoyée ici pour te demander de me les restituer. J’ai une lettre
t’ordonnant de tout me remettre sur-le-champ.
    — Ce ne sera pas nécessaire. Je les lui apporterai
moi-même.
    — Ce n’est pas ce que l’évêque t’ordonne de faire.
    — Tu me laisseras en être juge.
    — Ton refus est la preuve même de ton larcin !
    — Je ne doute pas de parvenir à convaincre l’évêque de
voir les choses différemment. »
    Caris sentit la victoire lui échapper. Godwyn était
persuasif. Henri, comme la plupart des évêques, se réjouirait d’éviter une
confrontation, pour peu que l’occasion lui en soit donnée.
    Comprenant qu’il avait l’avantage, Godwyn se permit un petit
sourire satisfait. La rage saisit Caris. Une rage impuissante. Que pouvait-elle
faire de plus ? Il ne lui restait qu’à rentrer à Kingsbridge et à
rapporter à l’évêque la façon dont s’était déroulé l’entretien.
    Elle en demeurait ébahie. Se pouvait-il vraiment que Godwyn
revienne à Kingsbridge et reprenne ses fonctions de prieur ?
    Comment pourrait-il entrer dans la cathédrale la tête haute
après tout le tort causé au prieuré, à la ville et à l’Église ? Si
l’évêque acceptait son retour, la population se révolterait, c’était certain.
Que l’avenir était sombre ! Les choses les plus étranges se produisaient
sans qu’on n’y puisse rien. N’y avait-il donc pas de justice ?
    Elle regarda son cousin. Il rayonnait. Son air de triomphe
devait répondre à la défaite qu’il lisait sur ses traits.
    Puis elle remarqua quelque chose, un détail qui la rasséréna
car il risquait fort de faire à nouveau basculer la situation : une petite
goutte de sang sur la lèvre supérieure

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