Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
chope de la main de
Caris.
    La bière se répandit dans la paille.
    « Il s’agit de journaliers qui
m’appartiennent ! »
    Caris s’obligea à ne pas regarder sa main endolorie. Elle se
baissa, ramassa la chope et la replaça sur la desserte. « S’il s’agit de
journaliers, ce ne sont pas des hommes qui t’appartiennent vraiment, dit-elle.
Journaliers, cela veut dire que tu ne leur as jamais alloué de terres.
Moyennant quoi ils sont libres de partir ailleurs.
    — Je demeure leur seigneur, bon sang ! Et il n’y a
pas que ça ! L’autre jour, j’ai proposé une location libre à un paysan et
il l’a refusée en prétextant qu’il trouverait mieux sur les terres du prieuré
de Kingsbridge.
    — Je suis dans la même situation que toi, Ralph. J’ai
besoin de tous les bras que je peux trouver. Voilà pourquoi je satisfais le
plus possible les demandes des paysans.
    — Tu es une femme, tu ne peux pas penser à tout !
Tu ne vois pas que nous allons finir par payer plus cher le travail de ces
mêmes paysans.
    — Pas forcément. Des salaires plus élevés risquent
d’attirer des gens qui n’ont pas de travail du tout.
    — Les hors-la-loi, par exemple, ou les vagabonds qui
vivent de ce qu’ils trouvent dans les villages désertés. Alors les journaliers
aujourd’hui souhaiteront peut-être devenir des locataires et travailleront
davantage, si la terre est à eux. »
    Il frappa du poing sur la table. Le coup, retentissant, fit
sursauter Caris. « Tu n’as pas le droit de modifier les vieilles coutumes.
    — Je crois que si ! »
    Il l’attrapa par le devant de son habit. « Je ne
tolérerai pas...
    — Bas les pattes, espèce de mufle ! »
    Sur ces entrefaites, Thomas entra. « Vous m’avez
demandé ?
    Mais par le diable, que se passe-t-il ici ? »
    Il traversa la pièce d’un pas vif. Ralph lâcha la robe de
Caris comme si elle était en feu. Thomas n’était pas armé et il était manchot,
mais il s’était déjà battu avec Ralph et celui-ci ne souhaitait pas
recommencer ! Il fit un pas en arrière. Aussitôt il eut honte de ce recul
qui révélait sa peur.
    « Nous n’avons plus rien à faire ici ! »
cria-t-il d’une voix forte et il partit vers la porte.
    Caris lança à sa suite : « Ce que je fais à
Outhenby ou ailleurs est parfaitement légal, Ralph.
    — Ça contredit l’ordre naturel !
    — Aucune loi ne l’interdit. »
    Alan ouvrit la porte pour son maître.
    « Tu ne perds rien pour attendre ! » jeta
Ralph et il sortit.

 
67.
    En cette année 1349, au début du mois de mars, Gwenda et
Wulfric accompagnèrent Nathan le Bailli à Northwood. Cette petite bourgade
était célèbre pour son marché au bois depuis des temps immémoriaux.
    Ils avaient échappé à la peste et travaillaient maintenant
pour le compte du seigneur Ralph. C’était Nathan, son intendant à Wigleigh, qui
leur avait proposé de les embaucher après que plusieurs journaliers eurent
succombé à l’épidémie. Ils avaient accepté parce que le salaire promis était
convenable et que Perkin s’obstinait à payer Wulfric en nourriture sans rien
lui donner d’autre.
    À la perspective de perdre son employé, le paysan se
découvrit subitement tout à fait capable de le payer en espèces, ainsi que
Gwenda, mais sa proposition venait trop tard : leur décision était prise.
    En ce milieu de semaine, ils emmenaient donc à Northwood une
charrette chargée de bois coupé dans les forêts seigneuriales. Sam et David
étaient du voyage, Gwenda n’ayant trouvé personne à qui les laisser pour la
journée. Sa mère était morte deux ans plus tôt ; quant à son père, on ne
pouvait avoir confiance en lui. Les parents de Wulfric, on le sait, étaient
morts depuis longtemps, dans l’effondrement du pont.
    Ils n’étaient pas les seuls habitants de Wigleigh à faire le
déplacement. Le curé était là également, pour acheter des semences pour son
potager, ainsi que Joby, le père de Gwenda, qui vendait les lapins qu’il avait
récemment pris au piège.
    Son infirmité lui interdisant de soulever la moindre bûche,
Nathan le Bailli avait confié à Gwenda et à Wulfric le soin de décharger la
marchandise et s’occupait des clients. À midi, il leur remit un penny pour
payer leur repas à l’auberge du Vieux-Chêne, l’une des tavernes de la place.
Ils commandèrent un plat de bacon aux poireaux qu’ils partagèrent avec leurs
garçons. À huit ans, David avait encore un

Weitere Kostenlose Bücher