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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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déclara-t-elle, dans les semaines à venir, je veux
que tu te rendes à tous les marchés de la contrée et que tu fasses savoir
partout que les paysans désireux de s’établir quelque part trouveront un
bonheur assuré à Outhenby. Si des journaliers sont en quête de travail, je veux
qu’ils décident de venir chez nous ! »
    Harry sourit et acquiesça. Quant à Will, la tête lui
tournait, manifestement.
    « Je veux voir toute cette bonne terre donner une
récolte abondante cet été, c’est bien clair ?
    — Oui, dit Will. Merci, mère prieure. »
    *
    Aidée de sœur Joan, Caris éplucha la totalité des chartes du
couvent, notant les dates et le contenu de chacune d’elles. Puis elle décida de
les faire recopier, toutes sans exception. C’était le prétexte invoqué par
Godwyn pour s’en emparer, mais l’idée en soi était bonne : plus il y
aurait en circulation de copies d’un même document, plus il serait difficile de
le faire disparaître.
    Un accord daté de 1327 ne laissa pas de l’intriguer. Il
concernait une ferme située dans le Norfolk, près de la ville de Lynn, et
appelée Grange-lès-Lynn, qui avait été octroyée au prieuré à la condition
expresse qu’un chevalier du nom de sieur Thomas Langley soit admis comme novice
au monastère.
    Le souvenir de son aventure dans les bois en compagnie de
Ralph et Gwenda lui revint en mémoire. C’était ce jour-là que Thomas, sous
leurs yeux, avait eu le bras pourfendu.
    Elle montra la charte à Joan. Celle-ci haussa les épaules et
déclara : « De telles offrandes sont courantes lorsque le descendant
d’une famille fortunée décide d’entrer en religion.
    — Mais vois le nom du donneur ! »
    Joan regarda la signature au bas de la charte. « La
reine Isabelle ! »
    C’était la veuve du roi Édouard II, mère de l’actuel roi
Édouard III.
    « Pourquoi s’intéresse-t-elle à notre couvent ?
    — Ou à frère Thomas ! » précisa Caris.
    Quelques jours plus tard, ce don devait faire l’objet d’une
discussion entre elle-même et André, l’intendant de Grangelès-Lynn, venu à
Kingsbridge comme il le faisait deux fois l’an.
    Âgé d’une bonne cinquantaine d’années et la tête toute
blanche, l’intendant était originaire de Norfolk et occupait sa charge à
Grange-lès-Lynn depuis que ce hameau avait été offert au prieuré. Son
embonpoint suggéra à Caris que son village n’avait pas connu la peste. Norfolk
étant à plusieurs jours de distance, il réglait le tribut dû par les villageois
en espèces, s’évitant ainsi un difficile transport de bétail ou de produits
agricoles. En l’occurrence, il s’agissait de pièces d’or récentes portant
l’effigie du roi Édouard debout sur le pont d’un bateau. Chaque pièce valait un
tiers de livre. Quand Caris les eut comptées et remises à sœur Joan pour
qu’elle les range au trésor, elle demanda à André : « Sais-tu
pourquoi la reine Isabelle nous a fait don de Grange-lès-Lynn, il y a vingt-deux
ans ? »
    À sa grande surprise, une pâleur subite se répandit sur le
visage rose d’André. Il esquissa une ou deux réponses et finit par
déclarer : « Qui suis-je pour remettre en question les décisions de
Sa Majesté ?
    — En effet, fit Caris sur un ton qui se voulait
rassurant. Je me demandais seulement quel avait été son motif.
    — C’est une sainte femme qui a multiplié les actes
pieux tout au long de sa vie. »
    Comme assassiner son mari ! songea Caris par-devers
elle. « Cependant, dit-elle, il y a forcément une raison pour qu’elle ait
décidé de faire cette offrande pour le compte de frère Thomas.
    — Il avait soumis une requête à la reine, des centaines
de personnes le font. Elle lui a gracieusement accordé cette faveur, comme
souvent les grandes dames.
    — Lorsqu’elles ont un rapport particulier avec le
demandeur.
    — Non, non, je suis sûr qu’ils ne sont liés en
rien. »
    Son anxiété renforçait Caris dans sa conviction qu’il
mentait. Comprenant qu’elle ne tirerait rien de lui, elle changea de sujet et
l’envoya souper à l’hospice.
    Le lendemain matin, frère Thomas vint la trouver dans le
cloître. Il était désormais le seul moine du monastère. L’air furieux il
lança : « Pourquoi avez-vous interrogé André de Lynn ?
    — Parce que je me posais des questions, répondit-elle,
étonnée par sa colère.
    — Quel but poursuivez-vous ?
    — Mais aucun ! »

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