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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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dévisagea
Gwenda de cet air soupçonneux avec lequel les villageois examinent les
étrangers. « C’est pour quoi ?
    — Bonjour, maîtresse, la salua Gwenda. Sommes-nous bien
à Outhenby ?
    — Vous y êtes.
    — Nous sommes des journaliers en quête de travail.
Harry le Laboureur nous a dit de venir ici.
    — Ah ! »
    Manifestement, la situation n’était pas aussi simple que
prévu, ou alors cette vieille vache s’était levée du pied gauche. Gwenda
faillit presque lui poser la question carrément. Se retenant, elle
demanda : « Est-ce que Harry habite ici ?
    — Certainement pas ! répondit la femme. Ce n’est
qu’un laboureur. Cette maison est celle de l’intendant.
    — Alors, c’est lui que nous devrions voir, je pense,
déclara Gwenda, supposant qu’il devait y avoir du tiraillement entre les deux
hommes.
    — Il n’est pas là.
    — Dans ce cas, auriez-vous la grande bonté de nous
indiquer où nous pourrions le trouver ? » s’enquit Gwenda patiemment.
    La femme désigna l’autre côté de la vallée. « Dans le
Champ du nord. »
    Gwenda scruta la direction indiquée. Le temps de se
retourner, la femme avait refermé sa porte.
    « Elle n’avait pas l’air ravie de nous voir, fit
remarquer Wulfric.
    — Les vieilles détestent le changement. Allons trouver
cet intendant.
    — Les garçons sont fatigués.
    — Ils se reposeront bientôt. »
    Ils se remirent en marche à travers champs. Une grande
activité régnait sur les parcelles. Des enfants retiraient les pierres des
champs labourés, des femmes semaient et des hommes épandaient de l’engrais.
Plus loin, huit bœufs puissants tiraient une charrue. La terre retournée était
grasse et humide.
    Ils tombèrent sur un groupe d’hommes et de femmes essayant
d’extirper d’un fossé une herse attelée à un cheval. Gwenda et Wulfric
joignirent leurs forces aux leurs. Les larges épaules de Wulfric firent la
différence et la herse fut dégagée.
    Les villageois admirèrent la force du nouveau venu. Un homme
de haute taille, au visage brûlé sur tout un côté, lui dit aimablement :
« On a toujours besoin d’un costaud comme toi au village. Comment
t’appelles-tu ?
    — Wulfric et voici ma femme, Gwenda. Nous sommes des
journaliers à la recherche d’un travail.
    — Bienvenue à Outhenby ! »
    *
    Ralph débarqua dix jours plus tard.
    Wulfric et Gwenda vivaient à présent dans une maisonnette
bien construite, dotée d’une cheminée en pierre et d’une chambre à l’étage où
ils pouvaient dormir séparés de leurs enfants. Les villageois plus âgés et
conservateurs leur avait réservé un accueil mitigé, à commencer par Will
l’Intendant et sa femme Vi qui avait été si désagréable avec eux, le premier
jour. Mais Harry le Laboureur et les jeunes du village étaient ravis d’avoir de
l’aide aux champs.
    Ils étaient payés deux pennies par jour comme promis, et
Gwenda attendait avec impatience de toucher la paie pour une semaine de travail
complète : douze pennies chacun – un shilling à eux deux ! –, une
fortune. Le double du salaire le plus élevé qu’on leur ait jamais versé !
Que feraient-ils de tout cet argent ?
    Wulfric et Gwenda, qui n’avaient jamais été embauchés
ailleurs qu’à Wigleigh, découvrirent avec surprise que travailler sur des
terres appartenant au couvent de Kingsbridge était bien différent. Ici, chacun
semblait connaître les volontés de la prieure et, la plupart du temps, les
paysans réglaient leurs différends en se demandant simplement quelle serait sa
position en l’occurrence. On était loin des méthodes en vigueur à Wigleigh où
l’arbitraire et le bon vouloir régnaient en maîtres et où il ne faisait pas bon
d’en appeler au jugement du seigneur.
    Au moment où Ralph arriva, un désaccord venait d’être résolu
à l’amiable. Le soleil se couchait et les paysans rentraient des champs,
fatigués après leur journée de labeur. Les enfants couraient devant, Harry le
Laboureur fermait la marche avec ses bœufs qu’il avait dételés. Ce jour-là, un
vendredi, Carl Shaftesbury, l’homme au visage brûlé, avait pêché à l’aube deux
anguilles qu’il comptait manger au souper avec sa famille. Et là résidait le
litige. Nouveau venu à Outhenby et journalier, comme Wulfric et Gwenda, Carl
était-il autorisé à pêcher des poissons dans l’Outhen pour se nourrir les jours
maigres, à l’instar des métayers ? Harry le

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