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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Laboureur affirmait que ce
privilège s’étendait à tous les résidents d’Outhenby. Vi, l’épouse de l’intendant,
objectait que les métayers devaient bénéficier de certains privilèges
puisqu’ils étaient tenus de verser des redevances au couvent, alors que les
journaliers en étaient exemptés.
    Appelé pour rendre son verdict, Will l’Intendant avait pris
le contrepied de sa femme. « À mon avis, avait-il déclaré, la mère prieure
dirait que si l’Église veut que les gens mangent du poisson les jours maigres,
ils doivent pouvoir le pêcher facilement. » Sa décision avait remporté
l’adhésion générale.
    En regardant dans la direction du village, Gwenda aperçut
brusquement deux cavaliers.
    Un vent froid se leva tout à coup.
    Ils étaient à l’autre bout des champs, mais compte tenu de
la direction qu’ils suivaient, ils allaient forcément croiser leur route. À en
juger par la taille de leurs chevaux et leurs silhouettes volumineuses, c’était
des hommes d’armes. Ceux-ci, en effet, portaient le plus souvent des vêtements
rembourrés.
    Gwenda tira Wulfric par la manche.
    « J’ai vu », dit-il sombrement.
    N’ayant que mépris pour la population paysanne qui cultivait
la terre et élevait le bétail, les hommes d’armes ne venaient dans les villages
que contraints et forcés – en général, pour se fournir en denrées que leur
fierté leur interdisait de produire, telles que le pain, la viande et la
boisson. Leurs visites s’accompagnaient presque toujours de complications, car
les soudards n’étaient jamais d’accord avec les paysans sur ce qu’ils étaient
en droit de réclamer, ni sur la somme qu’ils devaient payer.
    En quelques instants, tous les villageois les eurent
aperçus. Le silence se fit. Gwenda vit Harry faire dévier ses bœufs de leur
trajectoire pour les diriger vers l’autre bout du village. Elle n’en comprit
pas tout de suite la raison.
    Une question bien plus grave la préoccupait : ces
soudards seraient-ils à la recherche de journaliers en fuite ? Elle pria
le ciel pour qu’ils soient à la solde du maître de ce Carl Shaftesbury ou d’un
autre nouveau venu.
    Hélas, quand ils furent plus près, elle reconnut
distinctement Ralph Fitzgerald et son écuyer Alan Fougère. Son cœur se serra.
    Le moment tant redouté avait fini par arriver : Ralph
les avait retrouvés ! Sur les indications de Joby, sans doute. On pouvait
lui faire confiance pour dénoncer sa fille !
    Impossible de fuir. Ils marchaient tous ensemble le long d’un
chemin séparant de grands champs labourés. Si l’un d’eux quittait le groupe,
Ralph et Alan le verraient tout de suite et se lanceraient à sa poursuite. En
fait, ils étaient pris au piège. La meilleure protection était encore de rester
collés aux villageois !
    Aucune loi n’autorisait Ralph à les reprendre. Mais voilà,
il était noble et chevalier : il n’en ferait qu’à sa tête, comme la
plupart de ces gens-là !
    Elle rappela ses garçons. « Sam, David, venez
ici ! »
    Ils n’entendirent pas ou refusèrent de l’entendre et Gwenda
se précipita à leurs trousses. Croyant à un jeu, les gamins accélérèrent
l’allure. Ils étaient presque arrivés au village. Elle-même n’avait plus la
force de courir. En larmes, elle cria une dernière fois :
« Revenez ! »
    Wulfric vint à son secours. Il rattrapa David et le souleva
dans ses bras. Sam courait déjà en riant parmi les maisons dispersées.
    Les cavaliers étaient arrêtés près de l’église. Comme Sam
courait vers eux, Ralph lança sa monture. Se baissant sur sa selle, il attrapa
le gamin par sa chemise et l’assit sur l’encolure de son cheval.
    Sam hurla de frayeur.
    Gwenda répondit par un cri identique.
    David dans ses bras, Wulfric marcha sur Ralph.
    « Ton fils, je présume ? » lui demanda le
seigneur.
    Gwenda était pétrifiée d’horreur. Elle avait peur pour son
fils bien sûr, peur d’un accident car Ralph ne s’en prendrait pas à un enfant,
ce qui serait indigne d’un homme de sa condition. Elle avait peur surtout
d’autre chose : que Wulfric se rende compte, en voyant Ralph et Sam côte à
côte, qu’ils étaient père et fils ! Certes, Sam avait encore un visage aux
traits poupins, mais il avait aussi les épais cheveux noirs et les yeux de son
vrai père. Et surtout sa large carrure, bien qu’il soit encore maigrichon.
    Gwenda regarda son mari. Rien dans son expression
n’indiquait qu’il

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