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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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ait noté la moindre ressemblance. Elle balaya des yeux les
visages des autres villageois : apparemment, personne n’avait conscience
de cette vérité pourtant criante, sauf peut-être la femme de l’intendant, cette
vieille virago qui la fixait durement.
    Will l’Intendant s’approcha des cavaliers. « Le bonjour
à vous, mes seigneurs. Je suis Will, l’intendant de ce village, puis-je
demander...
    — Ta gueule, intendant ! Contente-toi de me dire
ce que fait ce type ici ! » s’écria Ralph en désignant Wulfric.
    Comprenant qu’ils n’étaient pas la cible de l’ire du
seigneur, les villageois se détendirent un peu.
    « C’est un journalier, mon seigneur, expliqua Will. Il
est ici sous l’autorité de la prieure de Kingsbridge.
    — C’est un fuyard, dit Ralph. Il doit rentrer dans son
village. »
    Will, se tut, maté.
    Carl Shaftesbury prit la relève : « De quelle
autorité vous revendiquez-vous pour formuler cette exigence ? »
    Ralph le dévisagea comme s’il cherchait à graver ses traits
dans sa mémoire. « Surveille ton langage, mâtin, ou je te défigure l’autre
moitié du visage !
    — Nous ne voulons pas qu’il y ait de sang versé !
Intervint Will nerveusement.
    — C’est très sage à toi, intendant. Comment s’appelle
ce paysan insolent ?
    — Qu’importe mon nom, chevalier ! répondit Carl
grossièrement. Moi, je sais qui tu es. Tu es Ralph Fitzgerald, un criminel
convaincu de viol et condamné à mort par le tribunal de Shiring !
    — Mais toujours vivant ! ironisa Ralph.
    — Par erreur ! Les journaliers ne sont pas soumis
au droit féodal. Si tu essaies d’user de la force pour emmener celui-ci, tu
prendras une trempe. »
    Plusieurs personnes parmi les villageois s’ébahirent. Tenir
de tels propos à un chevalier armé était insensé. Wulfric voulut calmer le
jeu : « Tais-toi, Carl. Je ne veux pas que tu perdes la vie à cause
de moi.
    — Il ne s’agit pas de toi ! Si ce vaurien se croit
permis de t’emmener de force, demain quelqu’un viendra me chercher aussi. Nous
devons faire front. Tous ensemble, nous ne sommes pas démunis. »
    Gwenda comprit qu’il ne parlait pas pour ne rien dire. Elle
prit peur. Carl était un homme solide, plus grand que Wulfric et presque aussi
large d’épaules que lui. La bagarre promettait d’être terrible, et Sam était
toujours prisonnier de Ralph. « Nous allons simplement partir avec le
seigneur, dit-elle désespérément. Ce sera mieux.
    — Non, ce ne sera pas mieux, rétorqua Carl. Je
l’empêcherai de vous emmener, que tu le veuilles ou non ! Parce qu’il y va
de mon salut aussi. »
    Il y eut un murmure approbateur. Gwenda promena les yeux sur
les hommes autour d’elle. La plupart portaient des bêches ou des houes et
manifestaient l’envie de s’en servir, malgré leur frayeur.
    Tournant le dos à Ralph, Wulfric ordonna à voix basse aux
femmes d’emmener les enfants à l’église sans tarder. Elles furent plusieurs à
prendre leurs bambins dans leurs bras et à filer en traînant les petits par la
main. Gwenda demeura clouée sur place, d’autres femmes aussi.
    D’instinct, les hommes du village se regroupèrent pour faire
front, épaules contre épaules.
    Ralph et Alan balançaient : ils ne s’étaient pas
attendus à devoir affronter une foule de cinquante paysans en colère.
Toutefois, ils étaient à cheval, ils pouvaient s’échapper à tout moment.
    « Puisqu’il en est ainsi, je ne ramènerai que ce gamin
à Wigleigh ! »
    Gwenda en resta paralysée d’horreur.
    « Si ses parents le veulent, continuait Ralph, qu’ils
reviennent au village d’où ils n’auraient jamais dû s’enfuir ! »
    Gwenda devint comme folle : Ralph tenait son fils
prisonnier, il pouvait en faire ce qu’il voulait ! Refoulant son angoisse,
elle tenta de réfléchir : s’il faisait tourner bride à son cheval, elle se
jetterait sur lui et essaierait d’arracher Sam de la selle ! Elle se
rapprocha d’un pas.
    C’est alors qu’elle aperçut les bœufs derrière Ralph et
Alan. Harry le Laboureur les faisait venir de l’autre bout du village. Les huit
bêtes massives marchaient d’un pas lourd en direction de l’église. Arrivées à
hauteur de l’attroupement, elles s’arrêtèrent, ne sachant où aller et regardant
stupidement autour d’elles. Ralph et Alan se retrouvaient pris au piège d’un
triangle constitué d’un côté par les villageois, de l’autre par les

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