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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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aussi, nonobstant sa grossesse à un âge
aussi jeune. Malheureusement, elle avait perdu son corps menu de petite fille.
Ses seins lourds avaient des tétons durcis et son ventre pendait comme celui
d’une vieille femme. Ralph n’avait pas couché avec elle depuis des mois et il
était à croire qu’il ne le referait plus.
    Il aperçut ses parents assis à côté de sa femme. Sieur
Gérald et dame Maud, à présent vieux et chenus, venaient au manoir tous les
matins depuis leur maison du village pour voir leur petit-fils. Sa mère
affirmait que le bébé lui ressemblait. Ralph ne partageait pas son opinion.
    Il fut content de voir que Nathan se trouvait également dans
la pièce. À son entrée, le bossu sauta immédiatement à bas de son siège pour le
saluer. Ralph ne fut pas sans noter son air de chien battu.
    « Qu’est-ce que tu as, Nathan ? Tu m’as apporté
mes agneaux de lait ?
    — Non, seigneur.
    — Et pourquoi ça, par le diable ?
    — Parce qu’il n’y en a point, seigneur. Il n’y a plus
aucun mouton à Wigleigh, tout juste quelques vieilles brebis.
    — Les aurait-on volés ? s’enquit Ralph, abasourdi
par la nouvelle.
    — Non. Nous vous en avons déjà donné quelques-uns à la
mort de leurs propriétaires. Ensuite, nous n’avons pas trouvé de remplaçant
pour la terre de Jack le Berger, et beaucoup de bêtes ont péri pendant l’hiver.
Après, au printemps, il ne restait quasiment plus personne pour s’occuper des
petits et nous les avons presque tous perdus, ainsi que plusieurs brebis.
    — Mais c’est impossible ! s’écria Ralph, pris de
fureur. Comment les nobles vivront-ils si les serfs laissent crever le
bétail ?
    — Nous avions cru l’épidémie achevée en janvier et en
février mais, apparemment, elle repart. »
    Ralph réprima un frisson. Comme tous les survivants, il
avait béni le ciel d’avoir échappé à la peste. La nouvelle l’inquiéta
grandement.
    Nathan continuait : « Perkin est décédé cette
semaine, ainsi que sa femme Meg, son fils Rob et son gendre, Billy Howard.
Annet se retrouve donc avec toutes ces terres sur les bras, incapable de les
cultiver seule.
    — La taxe à payer pour obtenir cette propriété sera
très élevée.
    — Assurément. Encore faut-il trouver quelqu’un qui
veuille bien la reprendre ! ».
    Ralph fut consterné. Il avait placé grand espoir dans un
train de lois, en instance d’être votées par le Parlement, visant à empêcher
les journaliers de quitter leurs villages d’origine pour écumer le pays en
quête de salaires plus élevés. Il s’était persuadé qu’une stricte application
de ces décrets dans son domaine lui permettrait de récupérer ses journaliers.
Il découvrait maintenant que toute cette réglementation ne servirait à rien si
personne ne se chargeait de cultiver les terres.
    « Vous ne savez pas encore, je suppose, que le comte
William est décédé, ajouta Nathan.
    — Quoi ? s’écria Ralph, abasourdi.
    — Le comte William est mort ? répéta sieur Gérald.
    — Oui, de la peste ! » expliqua Nathan.
    Et Tilly de s’exclamer : « Pauvre oncle
William ! » bien que le comte soit plus exactement son cousin issu de
germain.
    Le bébé, sensible à son désarroi, se mit à pleurer et Ralph
dut élever la voix pour couvrir ses vagissements : « Quand cela
est-il arrivé ?
    — Il y a trois jours à peine », répondit Nathan.
    Tilly redonna le sein au bébé, qui se tut.
    « Le fils aîné de William est donc notre nouveau comte,
réfléchit Ralph à voix haute. Il ne doit pas avoir plus de vingt ans. »
    Nathan secoua la tête. « Rollo est mort de la peste,
également.
    — Et le cadet ?
    — Emporté, lui aussi.
    — Les deux fils ! »
    Ralph tressaillit d’une joie anticipée. Devenir comte de
Shiring avait toujours été son rêve. La peste renforçait ses chances de
réaliser cet espoir en éliminant les prétendants légitimes.
    Il surprit le regard de son père, que la même pensée avait
effleuré.
    « Rolo et Rick ? Mais c’est affreux ! »
laissa échapper Tilly.
    Sourd à son chagrin, Ralph considéra la situation.
« Qui nous reste-t-il comme successeur parmi les proches du comte ?
    — J’imagine que la comtesse est morte aussi ?
intervint sieur Gérald, s’adressant au bailli.
    — Non, messire. Dame Philippa est en vie, ainsi que sa
fille Odila.
    — Ah ! dit Gérald. Dans ce cas, la personne
choisie par le roi devra épouser

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