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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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obsèques.
C’étaient eux qui avaient élaboré ce décret concernant les journaliers, et ils
l’avaient fait en veillant avant tout à leurs intérêts propres. Ils se
réjouissaient fort de le voir enfin promulgué.
    L’évêque continua : « Il est désormais illégal de
réclamer, proposer ou accepter un salaire supérieur à celui versé en 1347 pour
des tâches identiques. »
    Ralph exprima son accord d’un hochement de tête satisfait.
Cette situation intenable allait bientôt prendre fin, du moins l’espérait-il.
    Sieur Grégory, qui avait croisé son regard, lui
souffla : « Vous semblez approuver ce décret.
    — Nous l’appelions de tous nos vœux, répondit Ralph.
Pour ma part, je veillerai à ce qu’il soit exécuté dans les plus brefs délais,
vous pouvez en être assuré. Je tiens à ramener sur mon territoire certains de
mes paysans qui ont pris la fuite.
    — Je vous accompagnerai volontiers dans vos recherches,
si vous n’y voyez pas d’objection, dit l’homme de loi. Je suis curieux de voir
comment ce nouveau décret est mis en place. »

 
69.
    En ce dimanche de printemps, Gwenda fut bien étonnée
d’entendre sonner les cloches car depuis la mort du prêtre, emporté par la
peste, plus aucun service religieux n’était célébré à Outhenby.
    Parti aux nouvelles, Wulfric revint annoncer qu’un certain
père Derek avait été nommé temporairement au village. Gwenda débarbouilla les
enfants et toute la famille s’empressa de se rendre à l’église.
    C’était une belle matinée et le soleil baignait d’une
lumière éclatante les vieilles pierres grises du petit sanctuaire. Les
habitants du village s’y étaient rassemblés, curieux de faire la connaissance
de leur nouveau curé.
    En découvrant ce prêtre vêtu à la mode des villes, Gwenda ne
put s’empêcher de s’interroger. Sa venue avait-elle un sens caché ? En
vertu de quoi le clergé se souvenait-il soudain de l’existence de leur petite
paroisse de campagne ? Elle se morigéna d’imaginer toujours le pire, mais
persista à subodorer qu’il y avait là quelque chose d’anormal.
    Tout en regardant le père Derek officier, debout dans la nef
avec Wulfric et les garçons, elle sentait croître en elle le pressentiment
d’une catastrophe. En général, un curé fixait ses ouailles pendant qu’il
récitait les prières ou chantait les cantiques, cela pour bien leur faire
comprendre que la messe n’était pas un échange privé entre Dieu et lui-même,
mais une cérémonie célébrée à leur intention. Ce nouveau prêtre, quant à lui,
laissait planer son regard au-dessus de leurs têtes.
    Il ne tint pas longtemps ses fidèles dans l’ignorance. En
effet, à la fin de la messe, il annonça que le roi et le Parlement venaient de
promulguer une loi selon laquelle les paysans sans terre avaient l’obligation
de travailler pour le seigneur de leur village d’origine, si celui-ci le
requérait.
    Outrée, Gwenda s’exclama : « Travailler pour le
seigneur, alors que lui-même n’est pas tenu de nous venir en aide quand nous
sommes dans le besoin ? Mais comment est-ce possible ? Je sais de
quoi je parle, je suis fille d’un paysan sans terre. J’ai connu la faim quand
mon père n’avait pas de travail. Pour quelle raison un journalier devrait-il se
montrer loyal vis-à-vis d’un seigneur qui ne le paie pas en retour d’une même
loyauté ? »
    Comme la foule exprimait bruyamment son approbation, le
prêtre dut hausser la voix. « Telle est la décision du roi ! Et le
roi a été choisi par Dieu pour régner sur nous. En conséquence, nous devons
nous plier à sa volonté.
    — Comment le roi peut-il changer une coutume vieille de
plusieurs siècles ? insista Gwenda.
    — Les temps sont durs. Au cours des dernières
semailles, vous avez été nombreux à vous installer à Outhenby...
    — À l’invitation du laboureur ! coupa Carl
Shaftesbury, et son visage couturé de cicatrices était livide de rage.
    — Du laboureur et de tout le village, je le sais, admit
le prêtre. Et nous vous sommes bien reconnaissants d’avoir répondu à l’appel.
Mais le roi dans sa sagesse a décidé que ces déplacements ne pouvaient pas
durer.
    — Et que les pauvres devaient continuer à végéter dans
la misère ? lança Carl.
    — Dieu l’a ainsi ordonné. Chaque homme doit occuper la
place que le ciel lui a assignée. »
    Harry le Laboureur intervint : « Et Dieu a-t-il
dit comment nous

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