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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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être le chef car il n’eut pas besoin de proférer un son. Il
secoua seulement la tête et l’autre, aussitôt, baissa son arme docilement.
    Merthin n’eut que le temps de remarquer que son sauveur
portait une moufle à la main gauche.
    Puis, tout à coup, l’un des hommes cagoulés fila vers la
cuisine. Les autres le suivirent. Ils avaient tout prévu, comprit Merthin, car
il y avait là une porte donnant sur le pré devant la cathédrale. C’était la
façon la plus rapide de quitter le prieuré. Ils disparurent. Le cloître, privé
de la lumière de leurs torches, retomba dans l’obscurité.
    Merthin demeurait immobile, incapable de prendre une
décision. Devait-il se lancer à la poursuite des malfaiteurs, monter au dortoir
voir pourquoi les religieuses avaient hurlé, essayer de trouver ce qui était en
train de brûler ?
    Il s’agenouilla près de Caris, qui examinait Thomas.
« Il est vivant ?
    — Oui. Il a perdu connaissance en se cognant la tête,
mais il respire et il ne saigne pas. »
    À peine avait-elle prononcé ces mots qu’une voix retentit
derrière eux. « À l’aide, par pitié ! »
    Ils se retournèrent. Sœur Joan se tenait sur le seuil du
réfectoire, les traits déformés par la lumière de sa lanterne. Un nuage de
fumée formait une auréole grotesque autour de sa tête. « Pour l’amour de
Dieu, venez vite ! »
    Merthin se leva d’un bond et se rua vers elle. Joan avait
déjà disparu à l’intérieur du réfectoire.
    Elle courait entre les tables. Sa lanterne, en oscillant,
faisait tanguer les ombres, et Merthin avait du mal à la suivre. Arrivé au fond
de la salle, il aperçut de la fumée s’échappant d’un trou pratiqué dans le sol.
Cette ouverture, parfaitement carrée, avec des bords nets et une trappe de
belle facture, était de toute évidence l’œuvre d’un maçon de talent. Il devina
qu’il s’agissait du trésor caché du couvent, construit dans le plus grand
secret par Jimmie. À l’évidence, des voleurs l’avaient forcé cette nuit, pour
la première fois.
    Il se mit à tousser, gêné par la fumée. Qu’avait-on fait
brûler dans cette crypte ? Pourquoi y avait-on mis le feu ? Il
n’était pas question d’aller y voir de plus près, c’était bien trop dangereux,
se disait-il quand sœur Joan, le regard fou, hurla : « Tilly est en
bas !
    — Oh, mon Dieu », murmura Merthin. Bloquant sa respiration,
il se précipita.
    En maçon accompli, il nota involontairement, malgré l’épais
nuage, que l’escalier était fait dans les règles de l’art : les marches en
étaient toutes de la même taille et de la même forme, et la spirale autour du
limon d’une régularité parfaite. On pouvait descendre sans crainte de
trébucher.
    L’instant d’après, il posait le pied dans la salle du
trésor. Un grand feu crépitait au milieu de la pièce. La chaleur était intense.
Merthin comprit qu’il ne la supporterait pas longtemps. Il continuait à retenir
son souffle, protégeant ses poumons des tourbillons de fumée, mais ses yeux
larmoyaient. Il les essuya du revers de sa manche, scrutant les lieux à la
recherche de Tilly. Où était-elle ? Il ne voyait même pas le sol.
    Il s’accroupit. À cette hauteur, la vision était meilleure.
Il avança à quatre pattes, fouillant des yeux le brouillard qui l’entourait,
chassant de la main les nappes stagnantes qui revenaient aussitôt l’aveugler.
    « Tilly ! cria-t-il. Tilly, où es-tu ? »
    La fumée s’engouffra dans ses poumons. Une violente quinte
de toux l’empêcha d’entendre si la jeune fille avait répondu.
    Il fallait qu’il remonte. Il toussait sans pouvoir
s’arrêter. Chaque bouffée d’air aspirée l’étouffait davantage. La fumée lui
brûlait les yeux. Dans une dernière tentative pour retrouver Tilly, il s’avança
si près des flammes que sa manche commença à s’embraser. S’il perdait
connaissance, il n’en réchapperait pas.
    Et voilà que sa main rencontra de la peau !
    Il referma les doigts sur une jambe, une petite jambe de
femme. Tilly ! Il l’attira vers lui. Ses vêtements commençaient déjà à se
consumer. À en croire son visage, qu’il distinguait à peine, elle était
évanouie. Elle avait les pieds et les mains liés. Luttant contre sa toux,
Merthin la souleva dans ses bras.
    Quand il se redressa, la fumée lui parut opaque. Impossible
de se rappeler de quel côté était l’escalier. S’éloignant des flammes en
titubant, il

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