Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
trop faibles pour le décrire. »
    Ralph en resta stupéfait. Il ne se voyait pas ainsi. Bien
sûr, il avait torturé des Français quand il guerroyait pour le roi ; il
avait violé Annet et il avait tué des hommes, des femmes et des enfants
lorsqu’il vivait dans les bois, mais tout de même... Au moins, se consola-t-il,
Philippa ne semblait pas avoir deviné qu’il était le brigand masqué qui avait
assassiné Tilly, sa propre épouse.
    Elle continuait : « Tout être humain recèle en lui
une force qui le retient d’agir ainsi. C’est la capacité... non, l’émotion
intime qui l’incite à ressentir la douleur d’autrui. C’est un sentiment plus
fort que soi. Vous, sieur Grégory, vous ne sauriez violer une femme car vous
ressentiriez son angoisse et son horreur et vous souffririez avec elle. Cela
vous empêcherait de lui faire du mal. Pour cette même raison, vous seriez
incapable de tuer ou de torturer. En revanche, celui qui ne possède pas cette
faculté n’est pas un homme au sens que nous donnons à ce terme, quand bien même
il marche sur ses deux jambes et s’exprime dans notre langue. En ce qui me
concerne, ajouta-t-elle d’une voix moins forte, en se penchant vers son
interlocuteur, je ne coucherai pas avec un animal ! »
    Ralph explosa : « Je ne suis pas un
animal ! »
    Contrairement à son attente, Grégory ne le soutint pas, mais
parut respecter l’opinion de la comtesse. « C’est votre dernier mot, dame
Philippa ? »
    Ralph en fut stupéfié. Grégory allait-il laisser passer
cette insolence, comme si elle contenait une parcelle de vérité ?
    Philippa reprit : « Je vous en conjure, retournez
voir le roi et assurez-le que je suis et demeure l’un de ses fidèles sujets et
que je ne désire rien d’autre que de le satisfaire. Cependant, je ne pourrais
épouser Ralph Fitzgerald, quand bien même l’archange Gabriel en personne me
l’ordonnerait.
    — Je vois, dit Grégory en se levant. Nous ne resterons
pas dîner. »
    Les choses allaient-elles en rester là ? s’ébahit Ralph
intérieurement. Le brillant avocat n’avait-il vraiment aucun atout caché dans
sa manche de brocart ? Il s’était attendu à le voir produire une arme
secrète : menace terrifiante ou offre irrésistible.
    Philippa n’était pas moins surprise que lui de la façon dont
se terminait l’entretien.
    Grégory se dirigea vers la porte ; Ralph le suivit,
déçu. Philippa et Odila les regardaient fixement, ne sachant comment
interpréter la froideur de ce départ. Leurs suivantes avaient mis fin à leurs
bavardages.
    « Voudrez-vous bien supplier le roi de se montrer
charitable ? dit Philippa.
    — Il le sera, ma dame. Compte tenu de l’obstination que
vous manifestez, il m’a permis de vous informer qu’il ne vous forcerait point à
épouser un homme que vous haïssez.
    — Oh, merci ! s’écria-t-elle. Vous me sauvez la
vie ! »
    Ralph ouvrit la bouche, prêt à fulminer. On lui avait
promis !
    Il avait commis un sacrilège, il avait tué pour obtenir le
comté. On n’allait tout de même pas lui refuser sa récompense maintenant ?
    Mais Grégory le devança. « Néanmoins, continua-t-il,
c’est la volonté du roi que, dans ce cas, Ralph épouse votre fille...» Il
marqua une pause et désigna la grande adolescente débout à côté d’elle.
« Odila », articula-t-il lentement, comme pour imprimer dans l’esprit
de la mère tout ce que signifiaient ses mots.
    La comtesse laissa échapper un hoquet épouvanté, sa fille
poussa un cri d’effroi.
    Grégory les salua. « Mes dames, je vous souhaite le bon
jour.
    — Attendez ! » s’écria Philippa.
    Mais Grégory s’était déjà retourné et Ralph sortit derrière
lui, abasourdi.
    *
    Gwenda se réveilla épuisée. En ce mois d’août où la moisson
battait son plein, elle passait toutes les heures de ces longues journées à
travailler aux champs. Du lever du soleil à la tombée de la nuit, Wulfric
fauchait le blé, infatigable, et elle ramassait les épis, pliée en deux
derrière lui, pour les nouer en gerbes. À force de se pencher et de se
redresser sans relâche, elle avait le dos en feu. Quand il faisait trop noir
pour continuer, elle rentrait chez elle en trébuchant de sommeil et
s’effondrait sur sa couche, laissant les siens souper sans elle.
    Il faisait encore nuit quand Wulfric se leva ce jour-là. Ses
mouvements arrachèrent Gwenda à son lourd sommeil. À grand-peine, elle l’imita.
Toute

Weitere Kostenlose Bücher