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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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des champs leur appartenant.
    Quand le soleil fut au zénith, Nathan arriva, juché sur une
charrette chargée d’un tonneau. Comme il l’avait promis, chacun eut droit à sa
bolée de bière, et chaque famille reçut une grosse miche de pain complet bien
frais. Quand tout le monde se fut rassasié, les adultes s’étendirent à l’ombre
pour se reposer et laissèrent les enfants jouer.
    Gwenda allait s’assoupir quand elle fut réveillée par des
cris perçants. Elle se leva d’un bond, mue par un mauvais pressentiment, bien
qu’elle n’ait pas reconnu la voix de ses garçons. Bien lui en prit, car Sam se
battait avec Jonno, le fils du bailli. Ils étaient tous deux à peu près de la
même taille, mais Sam avait nettement l’avantage. Le voyant maintenir Jonno au
sol et le bourrer de coups de poing furieux, Gwenda se précipita pour les
séparer. Wulfric fut plus rapide. D’une main puissante, il attrapa Sam par le
bras et le força à se relever.
    Jonno avait le nez et la bouche en sang et l’un de ses yeux,
rougi, commençait à enfler. Secoué de sanglots, il se tenait le ventre en
gémissant de douleur. Gwenda était consternée. Tous les garçons se bagarraient,
bien sûr, mais là, c’était différent : Jonno avait reçu une véritable
raclée.
    Elle considéra son fils de dix ans avec inquiétude. Son
visage ne portait pas trace de coup : Jonno, semblait-il, ne l’avait même
pas frappé. Sam ne manifestait aucun signe de remords, au contraire : il
arborait un air triomphant. Son expression rappela un visage à Gwenda. Le
souvenir d’une scène similaire resurgit brutalement devant ses yeux :
cette arrogance, c’était celle de Ralph Fitzgerald, le vrai père de Sam.
    *
    En quittant Château-le-Comte, Ralph réfléchit à la
perspective d’un mariage avec Odila. La damoiselle était jolie, certes, mais
des filles comme elle, il pouvait s’en offrir à Londres autant qu’il voulait
pour seulement quelques pennies. Quant à la prendre pour épouse... Il avait
déjà vécu avec une femme à peine sortie de l’enfance. Si, les tout premiers
temps, il avait trouvé une certaine excitation à sa jeunesse, celle-ci n’avait
pas tardé à ne lui inspirer qu’ennui et agacement.
    Il se demanda tout de même si cette alliance ne lui
offrirait pas la possibilité particulièrement alléchante de mettre à la fois la
mère et la fille dans son lit. L’idée d’épouser Odila et d’avoir Philippa pour
maîtresse fouetta son imagination. Qui sait ? Peut-être pourrait-il les
prendre toutes les deux en même temps ? Il avait déjà fait l’expérience
d’une situation semblable dans un bordel de Calais et, en s’adonnant à ce
commerce qui frisait l’inceste, il avait éprouvé une impression de débauche des
plus excitantes.
    Hélas, tout cela n’était que rêve, il le savait. Jamais
Philippa ne consentirait à un tel arrangement. En cherchant bien, il trouverait
certainement le moyen de l’y contraindre, mais c’était une femme de tête qui ne
se laissait pas intimider facilement. Rien ne garantissait qu’il parvienne à
ses fins. Voilà pourquoi, sur le chemin du retour, il déclara à Grégory qu’il
ne voulait pas épouser Odila.
    « Vous n’aurez pas à le faire », répondit
l’avocat. Mais il refusa de lui fournir la moindre explication.
    Deux jours plus tard, Ralph recevait la visite de dame
Philippa au manoir de Tench. Elle vint accompagnée d’une suivante et d’un garde
du corps, mais sans Odila. Lorsqu’elle entra dans la grand-salle, Ralph se fit
la réflexion qu’elle avait perdu de sa morgue. Et de sa beauté,
également : à l’évidence, elle n’avait pas dormi depuis deux jours.
    C’était l’heure du dîner. Ralph venait de passer à table
avec Alan, Grégory, des écuyers et un bailli. Philippa était la seule femme
dans la pièce. Elle s’avança vers Grégory.
    L’avocat avait remisé sa courtoisie. Il la regarda
s’approcher sans se lever, la toisant froidement, comme si elle n’était qu’une
servante venue lui faire ses doléances.
    « Oui ? lâcha-t-il enfin.
    — J’accepte d’épouser Ralph.
    — Voyez-vous cela ! s’exclama-t-il. Alors, comme
ça, vous avez changé d’avis ?
    — Oui. Je préfère l’épouser plutôt que lui sacrifier ma
fille.
    — Vous semblez croire ma dame, répondit Grégory avec
sarcasme, que le roi vous a conduite devant un buffet chargé de mets variés, en
vous offrant de choisir celui que vous

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