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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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huit bœufs traînant une
lourde charrue dans la terre humide et argileuse exigeait autant de force que
de technique. Il se dégageait d’Harry une impression de bonne santé, comme si
l’air pur des champs l’accompagnait partout.
    « Vous ne préféreriez pas nous régler ma redevance en
espèces ? lui demanda Caris. C’est courant de nos jours.
    — Ces serait plus pratique, oui. Mais tout dépend des
conditions, ajouta-t-il en plissant les yeux, l’air méfiant.
    — Eh bien... un veau d’un an se vend environ douze
shillings au marché, mais il est vrai que les prix ont baissé cette saison.
    — Oui, de moitié. Aujourd’hui, douze veaux ne valent
plus que trois livres.
    — Mais quand l’année est bonne, ils peuvent en valoir
six.
    — C’est bien là le problème ! » dit Harry en
souriant. Il prenait plaisir au marchandage.
    « Donc, vous aimeriez mieux nous payer en argent qu’en
nature ?
    — Oui, si nous arrivions à convenir d’un montant
raisonnable.
    — Huit shillings, disons.
    — Oui. Mais si, une année, le prix d’un veau n’est que
de cinq shillings, où les villageois trouveront-ils l’argent pour payer la
différence ?
    — Voilà ce qu’on va faire. Désormais, à Pâques,
Outhenby pourra nous donner au choix cinq livre ou douze veaux. Ce sera au
village de décider. »
    Harry réfléchit à cette proposition, y cherchant un piège.
N’en trouvant pas, il signifia son accord. « A présent, il nous faut
sceller ce marché.
    — Comment ça ?
    A la stupeur de Caris, il posa ses mains calleuses sur ses
minces épaules, baissa la tête et pressa ses lèvres contre les siennes !
    Si frère Sime s’était autorisé à ces privautés, elle aurait
bondi en arrière. Mais Harry n’était pas frère Sime. Sa vigueur et sa virilité
la troublaient-elles ? Toujours est-il que Caris se laissa attirer contre
sa poitrine et accueillit sans résistance son baiser piquant à cause de sa
barbe. Elle sentit son membre en érection et comprit alors qu’il ne demandait
rien de mieux que de la prendre là, sur le sol fraîchement carrelé des
latrines. À cette pensée, elle se ressaisit et le repoussa brusquement.
« Arrêtez ! s’exclama-t-elle. Que faites-vous, enfin ?
    — Je vous embrasse, ma chère », répondit-il sans
la moindre gêne.
    La situation était grave. Des commérages sur ses relations
avec Merthin s’étaient sans doute répandus dans tout le comté. Ils étaient l’un
et l’autre parmi les personnages les plus connus de Kingsbridge. Si ces rumeurs
en soi lui importaient peu, elles avaient à l’évidence des conséquences
fâcheuses puisqu’elles incitaient Harry à se conduire ainsi. Elle devait réagir
dans l’instant, sinon c’en serait fini de son autorité. « À l’avenir, vous
ne devez jamais plus vous permettre ces façons, dit-elle de sa voix la plus
sévère.
    — Vous aviez pourtant l’air d’apprécier !
    — Alors votre péché est d’autant plus grave, car vous
avez sciemment poussé une religieuse à violer ses vœux sacrés.
    — Mais je vous aime. »
    Il paraissait sincère, et Caris pouvait comprendre ses
sentiments. Arrivée à l’improviste, elle avait fait souffler sur son village un
vent nouveau, réorganisant tout et pliant les paysans à ses volontés. À ses
yeux, elle était une déesse : elle avait reconnu ses talents et l’avait
élevé au-dessus des autres villageois. Quoi d’étonnant à ce qu’il se soit épris
d’elle ? Cependant, elle devait le remettre sur le droit chemin au plus
vite. « Répétez ces mots une fois de plus, et j’appointe un autre bailli à
Outhenby ! » le menaça-t-elle.
    Ces paroles l’arrêtèrent plus efficacement que l’idée de
commettre un péché.
    « Maintenant, rentrez chez vous !
    — Très bien, mère Caris.
    — Et trouvez-vous une femme qui n’ait pas prononcé de
vœux de chasteté.
    — Jamais ! » dit-il, mais elle ne le crut
pas.
    Harry parti, elle demeura sur le chantier. Une nervosité
lascive s’était emparée d’elle et elle se serait volontiers livrée à des
plaisirs solitaires si elle avait été certaine que personne ne vienne la
déranger. En neuf mois, c’était la première fois que le désir la taraudait.
Après sa rupture avec Merthin, elle avait sombré dans une sorte de torpeur
physique qui avait étouffé en elle toute pensée charnelle. Ses relations avec les
autres religieuses lui procuraient l’affection et la

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