Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
chaleur dont elle avait
besoin. L’amour qu’éprouvaient pour elle sœur Joan et sœur Oonagh ne se
traduisait pas par des rapports physiques comme cela s’était passé avec Mair.
D’autres passions occupaient l’esprit de Caris : l’hôtel-dieu, la tour, la
renaissance de la ville.
    Elle prit le chemin de la cathédrale. Aux quatre angles de
la croisée du transept, Merthin avait fait creuser des trous monumentaux. Au
cours des mois pluvieux de l’automne, les montagnes de terre extraite de ces
trous grâce à d’immenses grues de sa fabrication avaient été chargées dans des
tombereaux et transportées jusqu’à l’île aux lépreux. Tout au long du jour, des
attelages de bœufs descendaient non sans peine la grand-rue et traversaient le
premier pont pour aller déverser leur chargement sur le sol rocailleux de l’île
et repartir vers la cathédrale, remplis cette fois de pierres de taille,
livrées par bateau. Ces pierres s’accumulaient maintenant sur le chantier, en
piles de plus en plus hautes.
    Dès la fin des gelées hivernales, les maçons avaient
commencé à édifier les fondations des piliers qui soutiendraient la nouvelle
tour. Caris jeta un coup d’œil dans le trou creusé à l’angle de la nef et du
bras nord du transept. Il était si profond qu’elle en eut le vertige. Le fond
en était déjà recouvert de pierres de taille disposées avec soin en lignes
régulières jointes par de fines couches de mortier. Ces fondations étaient tout
à fait indépendantes des premières, qui s’étaient révélées insuffisantes. Les
piliers s’élèveraient donc loin des murs, ce qui évitait d’avoir à démolir une
partie de la nef et du transept. Une fois que le corps de la tour aurait été
construit, on ôterait le toit temporaire posé par Elfric au-dessus de la croisée.
Ce projet était typique de Merthin : simple mais efficace, et plein
d’ingéniosité.
    Le chantier était désert, comme celui de l’hospice, mais
Caris remarqua un mouvement au fond du trou. Il y avait quelqu’un en bas. Un
instant plus tard, elle reconnut Merthin. Elle s’approcha d’une des échelles
étonnamment frêles, en corde et en branchages, que les maçons utilisaient pour
descendre dans la fosse, et se risqua sur ses barreaux oscillants.
    Elle fut soulagée d’arriver à bon port. Merthin l’aida à
mettre pied à terre, le sourire aux lèvres. « Tu es un peu pâle, dit-il.
    — C’est une longue descente. Alors, les travaux
avancent ?
    — Ils avancent, oui. Mais ça prendra encore plusieurs
années.
    — Pourquoi ? L’hôtel-dieu semblait plus compliqué
à construire et il est déjà terminé.
    — Eh bien, il y a deux raisons à cela. La première,
c’est que plus on va monter, plus l’espace va se réduire. En s’élevant, la tour
deviendra plus étroite, ce qui signifie que les douze maçons que j’emploie en
ce moment pour poser les fondations ne pourront plus travailler en même temps.
La seconde raison, c’est que ce mortier sèche très lentement. Il faudra le
laisser durcir pendant des mois avant de commencer à construire les
piliers. »
    Elle l’écoutait à peine. Elle regardait son visage et se
souvenait de toutes les fois où ils avaient fait l’amour dans le palais du
prieur, entre matines et laudes, quand la lueur de l’aube naissante pénétrait
par la fenêtre ouverte et tombait sur leurs corps nus comme une bénédiction.
    Elle lui tapota le bras. « En tout cas, les travaux de
l’hospice ont été rondement menés.
    — Oui, tu devrais pouvoir emménager à la Pentecôte.
    — Ce serait formidable. Même si la peste fait moins de
victimes en ce moment. On dirait qu’elle recule.
    — Dieu merci ! dit Merthin avec ferveur. Peut-être
qu’on en sera enfin débarrassé. »
    Caris secoua la tête, l’air sombre. « Nous avons déjà
eu cette impression, tu te souviens ? L’année dernière, à peu près à la
même période. Et l’épidémie est repartie de plus belle.
    — Dieu nous préserve !
    — Tu vas bien, toi, au moins ? » Elle caressa
sa joue, puis sa barbe frisée.
    Il semblait un peu mal à l’aise. « Dès que l’hôtel-dieu
sera achevé, nous lancerons le chantier de la bourse à la laine.
    — J’espère que tu as raison de croire que les affaires vont
reprendre.
    — Mais oui, elles vont reprendre ! Sauf si nous
mourons tous.
    — Ne dis pas cela. »
    Elle posa un baiser sur sa joue.
    « Évidemment, il faut partir

Weitere Kostenlose Bücher