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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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les
rigueurs du temps, les habitants n’en continuèrent pas moins à travailler et à
faire leurs emplettes, à boire et à manger, à disputer des parties de dés dans
les tavernes et à assister à la messe du dimanche. Pour le réveillon de Noël,
la halle de la guilde tint un banquet dans ses murs, le tout premier depuis que
Kingsbridge s’était vu octroyer le statut de ville royale et que la guilde de
la paroisse s’était transformée en guilde de quartier.
    Bien qu’ils n’aient plus aucune autorité sur les marchands,
le père prieur et la mère supérieure, qui comptaient encore parmi les notables
les plus éminents, furent bien évidemment conviés par Merthin. Caris,
contrairement à Philémon, déclina l’invitation. Ce repli sur soi commençait à
devenir inquiétant.
    Merthin avait pour voisine de table Madge la Tisserande. Ce
n’était pas seulement la plus riche commerçante de Kingsbridge, mais aussi le
plus grand employeur de la ville, pour ne pas dire du pays tout entier. Elle
était également prévôt en second et sans doute aurait-elle été élue prévôt s’il
n’avait été incongru de voir une femme exercer une aussi haute fonction.
    Merthin possédait, entre autres, une fabrique de métiers à
tisser à pédale, grâce auxquels la qualité de l’écarlate de Kingsbridge s’était
grandement améliorée. Madge lui achetait plus de la moitié des machines qu’il
produisait, le reste était vendu à des entrepreneurs qui venaient parfois
d’aussi loin que Londres. Ces métiers à tisser, d’une extrême complexité quant
à leur assemblage, ne pouvaient être construits que par les meilleurs artisans
menuisiers. Qu’importe, Merthin facturait le produit fini deux fois plus cher
que son coût de construction et l’on s’arrachait encore sa marchandise.
    D’aucuns l’incitaient à épouser Madge, mais cette idée ne
les tentait ni l’un ni l’autre. La reine de l’écarlate n’avait jamais trouvé
d’homme susceptible d’égaler son époux décédé, tant par le physique que par les
qualités humaines, car Marc avait véritablement possédé une âme de saint dans
un corps de géant. En la voyant engloutir une pleine écuelle de son jambon au
gingembre arrosé d’une sauce aux pommes parfumée au clou de girofle, Merthin se
dit que désormais, ses plus grands plaisirs étaient de bien manger et de bien
boire, à part gagner de l’argent. De corpulente, elle était devenue obèse. Son
torse présentait aujourd’hui une circonférence identique des fesses aux épaules
et, à quarante ans passés, Madge avait tout d’un petit tonneau.
    À la fin du repas, on servit un vin chaud baptisé
« hypocras ». Après en avoir avalé une lampée, la tisserande rota et
se pencha vers Merthin : « On ne peut pas laisser l’hospice mourir
ainsi à petit feu.
    — Les gens en ont-ils vraiment si grand besoin,
répliqua-t-il, maintenant que l’épidémie est passée ?
    — Cette question ! La fièvre n’a pas disparu, les
maux de ventre et les cancers non plus ! Des femmes souffrent de
stérilité, d’autres de complications à l’accouchement ; les enfants se
brûlent ou dégringolent d’un arbre ; quant aux hommes, ils chutent de
cheval, se font trucider par un ennemi ou fracasser le crâne par leur épouse en
colère...
    — Je vois, lâcha Merthin, amusé par tant de volubilité.
En quoi consiste le problème ?
    — Les gens ne veulent plus se faire soigner par frère
Sime, ils n’ont pas confiance en lui. Il n’a pas connu la peste. À l’époque, il
compulsait d’antiques traités à Oxford. Il s’acharne à prescrire des remèdes
auxquels plus personne ne croit, comme les saignées ou les ventouses. La population
réclame Caris à cor et à cri, mais elle ne se montre plus.
    — Que font les malades s’ils ne vont plus à
l’hospice ?
    — Ils vont consulter Matthieu le Barbier, Silas
l’Apothicaire ou Maria la Sagesse, une nouvelle venue en ville, spécialisée
dans les troubles féminins.
    — En quoi tout cela vous préoccupe-t-il ?
    — Les habitants de Kingsbridge commencent à jaser
contre le prieuré. Ils ne voient pas pourquoi ils débourseraient un denier pour
reconstruire la tour de la cathédrale, alors que les moines ne leur procurent
aucun soutien.
    — Ah ! »
    Cette tour était un projet très ambitieux dont le coût ne
pouvait être pris en charge par une seule entité. La participation des trois
sources de financement –

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