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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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minimum : une table, des bancs et une paillasse
jetée sur un cadre en bois. La porte du fond, entrouverte, menait à un modeste
appentis où les domestiques devaient préparer de quoi rassasier le seigneur et
ses compagnons lors des parties de chasse.
    Ralph buvait une coupe de vin, assis à la table. Gwenda se
planta en face de lui et attendit. Alan Fougère s’adossa au mur derrière elle.
    « Alan t’a donc retrouvée.
    — Il n’y a personne d’autre ici ? s’enquit-elle,
non sans inquiétude.
    — Nous trois, c’est tout. »
    L’angoisse de Gwenda monta d’un cran.
    « Pourquoi voulez-vous me voir ?
    — Pour parler de Sam, bien sûr.
    — Qu’ai-je à en dire ? Vous me l’avez
enlevé !
    — Tu sais, c’est un bon garçon... notre fils.
    — Ne l’appelez pas ainsi. »
    Assurément, Alan avait été mis dans la confidence, car ses
traits n’exprimaient aucune surprise.
    « Ne dites pas « notre fils », vous n’avez
jamais été un père pour lui. C’est mon mari qui l’a élevé, s’insurgea Gwenda,
terrifiée à la pensée que Ralph puisse vouloir apprendre la vérité à Wulfric.
    — Comment aurais-je pu l’élever ? J’ignorais qu’il
était de mon sang ! Enfin, je rattrape le temps perdu. T’a-t-il dit qu’il
se débrouille fort bien ?
    — Il se bat ?
    — Évidemment, c’est le lot des écuyers, de se battre.
Il faut bien qu’ils s’entraînent avant de partir guerroyer ! Tu ferais
mieux de demander s’il sort vainqueur de ses combats.
    — Ce n’est pas la vie que je souhaitais pour lui.
    — C’est celle à laquelle il était destiné.
    — M’avez-vous fait venir ici pour pavoiser ?
    — Pourquoi ne t’assieds-tu pas ? »
    Elle s’exécuta à regret, en face de lui. Il lui servit une
coupe de vin, qu’elle ignora.
    « Maintenant que tu m’as révélé l’existence de ce fils
commun, je pense que nous devrions devenir plus intimes.
    — Non, merci.
    — Quel rabat joie tu fais !
    — Ne me parlez pas de joie : vous avez gâché ma
vie. Maudit soit le jour où mes yeux vous ont vu ! Me rapprocher de
vous ? Plutôt me trouver à mille lieues d’où vous êtes ! Vous seriez
à Jérusalem que ce ne serait pas encore assez loin à mon goût. »
    Voyant le visage du comte se crisper de colère, Gwenda se
fustigea d’avoir débité ce discours insensé. Que n’avait-elle mis à profit la
remarque d’Alan, tout à l’heure ? Quelle bêtise de faire assaut d’ironie
quand elle pouvait refuser tranquillement ! Mais voilà, Ralph avait le don
d’enflammer sa hargne.
    « C’est pourtant simple, reprit-elle sur un ton plus
raisonnable. Depuis vingt-cinq ans, vous haïssez mon mari. Il vous a brisé le
nez ; vous lui avez fendu la joue. Vous lui avez ravi son héritage, mais
le destin vous a contraint de lui rendre les terres que sa famille cultivait.
Vous avez violé la femme qu’il aimait. Il s’est enfui du village, vous l’y avez
ramené, la corde au cou. Voilà pourquoi nous ne serons jamais amis, quand bien
même nous avons un fils ensemble.
    — Je ne suis pas d’accord. Je considère que nous
pouvons être plus qu’amis : amants.
    — Non ! »
    Ce qu’elle redoutait depuis l’instant où Alan l’avait
arrêtée sur la route était bel et bien sur le point de se réaliser.
    Ralph sourit. « Pourquoi n’ôtes-tu pas ta
robe ? »
    Elle se raidit.
    Par derrière, Alan se pencha vers elle et, d’un mouvement
tout en douceur, subtilisa le poignard pendu à sa ceinture. Gwenda n’eut pas le
temps de réagir, le geste avait été bien calculé.
    Ralph, curieusement, s’y opposa : « Ce ne sera pas
nécessaire. Elle agira de son plein gré.
    — Certainement pas ! s’écria-t-elle.
    — Rends-lui sa dague, Alan. »
    À contrecœur, l’écuyer s’exécuta, tenant le couteau par la
lame.
    Elle s’en empara et se releva d’un bond :
« Peut-être me tuerez-vous mais, par Dieu, je le jure, j’entraînerai l’un
de vous deux dans la mort ! »
    Elle recula d’un pas, l’arme brandie devant elle, prête à
s’en servir.
    Alan s’avança vers la porte, décidé à lui barrer la route.
    « Laisse ! intervint Ralph. Je l’ai dit :
elle n’ira nulle part. » Où Ralph puisait-il pareille confiance en
lui ? Car il se trompait ! Elle allait quitter cette chaumière,
s’enfuir à toutes jambes, courir jusqu’à s’écrouler d’épuisement !
    Alan demeura à sa place.
    Gwenda n’eut

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