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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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qu’à lever le simple loquet en bois qui fermait
la porte.
    Ralph lança : « Wulfric n’est pas au courant, je
suppose ? » Elle s’immobilisa. « Au courant de quoi ?
    — Du fait que je suis le père de Sam.
    — Non, dit-elle d’une voix qui n’était plus qu’un
murmure.
    — Je me demande comment il réagirait à cette nouvelle.
    — Elle le tuerait.
    — C’est bien ce que je pensais.
    — Je vous en prie, ne lui dites rien.
    — Je ne dirai rien... tant que tu obéiras à mes
ordres. »
    Quelle issue avait-elle ? Ralph la désirait follement.
Leur lointaine rencontre à La Cloche, souvenir ignoble pour elle, s’était
gravée dans sa mémoire comme un moment fabuleux, sans doute embelli par le
passage du temps. Et c’était elle qui avait fait naître en lui l’idée de revivre
ces instants.
    Elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même.
    N’y avait-il pas moyen de lui faire entendre raison ?
Elle voulut y croire. « Les années ont passé et nous ont bien changés. Il
y a belle lurette que je ne suis plus une innocente jeune fille. Vos servantes
vous plairont bien mieux.
    — Je n’ai que faire des servantes. C’est toi que je
veux !
    — Non, dit-elle en luttant contre ses larmes. Je vous
en supplie. »
    Il demeura inflexible.
    « Retire ta robe. »
    Elle rengaina son couteau et défit sa ceinture.

 
89.
    La première pensée de Merthin, sitôt réveillé, était pour
Lolla. Cela faisait maintenant trois mois qu’elle avait disparu. Il avait écrit
aux autorités de Gloucester, Monmouth, Shaftesbury, Exeter, Winchester et
Salisbury. Émanant du prévôt de l’une des plus grandes cités du pays, ses
missives avaient été prises au sérieux et fait l’objet de réponses attentives.
Seul le maire de Londres n’avait été d’aucun secours : il s’était borné à
déclarer que la moitié des filles de sa ville avaient fui leur père et qu’il
n’était pas de son ressort de les renvoyer chez elles.
    Merthin avait mené l’enquête en personne dans les villes de
Shiring, Bristol et Melcombe, écumant les auberges de la région et
s’entretenant avec leurs tenanciers. Hélas, s’ils avaient tous aperçu de jolies
jeunes filles brunes, souvent accompagnées de séduisants voyous appelés Jake,
Jack ou Jock, aucun d’eux ne pouvait jurer avoir vu celle que leur décrivait
Merthin, ni entendu prononcer le nom de Lolla.
    Plusieurs amis de Jake s’étaient volatilisés eux aussi avec
une ou deux de leurs conquêtes, toutes plus âgées que Lolla.
    Merthin ne se cachait pas que sa fille était peut-être morte
à l’heure qu’il était, mais il refusait de perdre espoir. Il était peu probable
qu’elle ait attrapé la peste. L’épidémie, qui ravageait villes et villages,
tuait principalement les enfants de moins de dix ans. Ceux qui avaient réchappé
à la première vague devaient appartenir à la petite catégorie de gens qui
possédaient en eux l’étrange force de résister au mal, telle Lolla, ou qui en
guérissaient, comme lui-même, ce qui était encore bien plus rare,
malheureusement.
    La peste, toutefois, n’était que l’un des nombreux dangers
qui guettaient une jeune fille de seize ans fuyant le toit paternel et, la
nuit, d’affreuses images, nées de son imagination fertile, venaient torturer
Merthin.
    Kingsbridge était l’unique cité du pays à être quasiment
préservée du mal. Dans la vieille ville, seul un foyer sur cent était touché.
Du moins était-ce la conclusion que tirait Merthin de ses échanges, hurlés
par-dessus le mur d’enceinte, avec Madge la Tisserande qui avait endossé la
charge de prévôt intra muros, tandis qu’il organisait les choses à l’extérieur.
En revanche, en ce qui concernait les faubourgs de Kingsbridge, la proportion avoisinait
plutôt un sur cinq, comme dans le reste du pays.
    Les méthodes de Caris avaient-elles enrayé la propagation du
fléau ou l’avaient-elles seulement retardée ? La peste résisterait-elle et
finirait-elle par abattre les remparts érigés autour de Kingsbridge ?
L’épidémie ferait-elle autant de ravages que la première fois ? On ne le
saurait que lorsqu’elle aurait atteint son terme, et cela pouvait prendre des
mois, voire des années.
    Sur un lourd soupir, Merthin quitta sa couche solitaire. Il
n’avait pas vu Caris depuis que la ville avait été bouclée, bien qu’elle ne
soit qu’à quelques pas de lui. Mais l’hospice était un lieu d’où l’on

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