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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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le roi d’Angleterre, trop
puissant pour que cette nouvelle ébranle son pouvoir. En revanche, elle
risquait de le placer dans une situation pire qu’embarrassante :
humiliante.
    Que valait-il mieux ? se demanda Merthin.
    Il demeura longtemps immobile au milieu de l’herbe fleurie
de la clairière. Enfin, il se décida : ayant glissé le parchemin roulé
dans son étui et rangé celui-ci dans le vieux portefeuille en cuir, il reposa
le tout à sa place, au pied du chêne, et combla le trou. Il reboucha aussi
celui qu’il avait creusé en premier. Après avoir soigneusement tassé le sol, il
arracha des feuilles aux buissons et les éparpilla sur les deux emplacements.
Reculant de quelques pas, il regarda son œuvre : un œil non averti ne
pouvait déceler que l’endroit avait été fouillé.
    Satisfait, il tourna le dos à la clairière et s’en retourna
chez lui.

 
90.
    À la fin du mois d’août, Ralph visita ses terres des
environs de Shiring, accompagné de son vieux compère Alan Fougère et de Sam,
son nouvel écuyer. Il n’avait pas emmené ses autres garçons, Gerry et Roley,
trop jeunes pour entreprendre une telle équipée. Il aimait à passer du temps avec
ce fils retrouvé à l’âge adulte et qui ignorait tout de sa filiation, car le
comte prenait plaisir à la tenir secrète.
    Le spectacle qu’ils découvrirent au cours de leur chevauchée
les horrifia. Les serfs qui n’étaient pas déjà morts agonisaient par centaines.
Le blé ployait dans les champs, attendant d’être moissonné. D’un village à
l’autre, la rage du comte allait croissant, tant et si bien que ses compagnons
en vinrent à s’effrayer de ses sarcasmes. Sa monture commença à montrer des
signes d’indocilité.
    Les quelques acres qui, dans chaque village, étaient
réservées à l’usage personnel du suzerain auraient dû être cultivées par les
journaliers et les serfs, conformément à la redevance en vigueur : utile
journée de travail par semaine pour le compte du seigneur. Mais les parcelles
domaniales étaient encore plus négligées que les autres. Bien des journaliers
étaient morts, et plusieurs serfs aussi parmi ceux qui étaient toujours tenus
d’accomplir la corvée. Car un bon nombre de paysans, après la première épidémie
de peste, s’étaient empressés de négocier des contrats qui ne les obligeaient
plus à travailler pour leur maître. Quant aux journaliers, il était devenu
quasiment impossible d’en trouver.
    Arrivé à Wigleigh, Ralph succomba à la tentation de glisser un
coup d’œil à l’intérieur de la grange imposante qui s’élevait derrière le
manoir. En cette saison, elle aurait dû déborder de grain à moudre. Elle était
vide. Une chatte en avait profité pour mettre au monde une portée de chatons
dans le grenier à foin.
    « Avec quoi ferons-nous le pain ? Et que
boirons-nous si nous n’avons pas d’orge ? jeta le comte à Nathan.
Sacredieu, tu as intérêt à me proposer une solution !
    — Il n’y a qu’une chose à faire : réattribuer les
terrains », rétorqua le bailli d’une voix revêche.
    Le comportement de cet homme, si obséquieux d’ordinaire, ne
laissa pas d’étonner Ralph : le ver de terre se rebiffait. Le comte en
comprit la raison en voyant le bailli foudroyer du regard son écuyer. Nathan
lui en voulait d’avoir non seulement gracié le meurtrier de son fils, mais en
outre élevé au rang d’écuyer.
    « Il doit bien y avoir au village un ou deux paysans
capables de cultiver des acres supplémentaires, fit-il remarquer sur un ton
plus aimable.
    — Bien sûr, mais ils refusent de payer le droit de
fermage.
    — Ils veulent que je leur fasse don de mes terres
gratuitement ?
    — Exactement. Ils voient que vous en avez trop pour la
main-d’œuvre dont vous disposez. Ils se savent en position de force.
    — Ils croient que le pays leur appartient, ou
quoi ? » s’emporta Ralph.
    Nathan, qui jadis n’hésitait pas à rudoyer les paysans
arrogants, savourait à présent de voir le comte confronté à un dilemme.
    « Oui, seigneur, n’est-ce pas une honte ?
renchérit-il perfidement. David, par exemple, le fils de Wulfric, veut épouser
Amabel et exploiter les terres de sa belle-mère. Ce serait logique puisque
Annet n’a jamais été capable s’occuper de tous ses champs.
    — Mes parents ne paieront pas le droit de fermage, le
coupa Sam. Ils s’opposent à ce mariage.
    — Il se pourrait néanmoins que David soit

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