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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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capable
d’acquitter la somme.
    — Comment ça ? s’étonna Ralph.
    — Il a vendu les plantes qu’il faisait pousser dans la
forêt.
    — Ça n’a pas suffi de piétiner ses cultures ?
Combien a-t-il obtenu pour sa garance ?
    — Nul ne le sait, mais Gwenda a acheté une jeune vache
laitière, Wulfric a un couteau flambant neuf et, dimanche à la messe, Amabel
portait une écharpe jaune. »
    Et lui-même avait certainement reçu un généreux pot-de-vin,
supposa Ralph dans son for intérieur. Tout haut, il déclara :
« Laissons-lui les terres ! L’idée de récompenser sa désobéissance
m’insupporte, mais je suis au désespoir.
    — Vous devrez aussi lui donner l’autorisation
exceptionnelle de se marier contre la volonté de ses parents. »
    Se rappelant qu’il s’y était opposé quand David lui en avait
fait la requête, Ralph ragea de devoir revenir sur sa décision. Mais dans les
circonstances actuelles, c’était un faible prix à payer. « Je la lui
accorde.
    — Très bien.
    — D’ailleurs, allons le voir. Je lui ferai part de la
nouvelle en personne. »
    Nathan, bien qu’interloqué, ne se risqua pas à discuter la
volonté du seigneur.
    En réalité, Ralph voulait revoir Gwenda. La satisfaction
qu’il avait retirée de leur dernière rencontre dans la chaumière au fond des
bois n’avait pas duré longtemps. Depuis, il avait souvent pensé à elle. Cette
paysanne possédait quelque chose qui le laissait pantelant. Les prostituées,
servantes d’auberge et autres domestiques avec qui il couchait d’habitude ne le
comblaient pas. Elles feignaient d’être charmées par ses avances, alors
qu’elles ne s’intéressaient qu’à son argent. Gwenda, en revanche, ne lui
cachait pas son dégoût. Elle frémissait d’horreur dès qu’il l’effleurait.
Paradoxalement, sa réaction enchantait Ralph, qui y voyait de la sincérité. À la
fin de leur entrevue en forêt, il lui avait tendu une bourse remplie de pièces
d’argent. Elle l’avait rejetée si fort qu’il en avait gardé une ecchymose au
torse.
    « Aujourd’hui, ils sont au Champ du ruisseau. Ils
retournent l’orge qu’ils ont moissonnée, expliqua Nathan. Je vais vous y
conduire. »
    Le petit groupe quitta le village et longea le ruisseau qui
bordait le champ. Le vent soufflait, comme à l’accoutumée, mais c’était
aujourd’hui une brise estivale, douce et tiède comme les seins de Gwenda.
    Quelques parcelles avaient été fauchées. Sur les autres,
l’orge et l’avoine disparaissaient sous la mauvaise herbe. Un carré de seigle
moissonné n’avait même pas été mis en bottes, les épis gisaient à même le sol.
    Ce spectacle rappela au comte ses difficultés financières,
raison de l’intérêt qu’il manifestait aujourd’hui pour ses terres. Un an plus
tôt, il avait cru ses ennuis terminés. Il avait ramené un prisonnier de sa
dernière campagne en France et négocié avec sa famille une rançon de cinquante
mille livres. Hélas, les parents du marquis de Neuchâtel n’avaient pu
rassembler les fonds. Une mésaventure identique était arrivée au roi de France
en personne. Jean II, capturé par le prince de Galles à la bataille de
Poitiers, était resté quatre ans durant otage à Londres, assigné à résidence à
l’hôtel de Savoie, le nouveau palais du duc de Lancastre, très confortable au
demeurant. En fin de compte, le prix de sa liberté avait été revu à la baisse
et il avait été libéré sans que sa rançon soit même payée dans sa totalité.
Ralph, de son côté, avait envoyé Alan Fougère à Neuchâtel pour qu’il négocie
une réduction de la somme convenue à l’origine. Malheureusement, la famille
avait peiné à réunir ces vingt mille livres, et le marquis était décédé
entre-temps de la peste.
    Il était midi. Les paysans dînaient en bordure de champ.
Assis sous un arbre, Gwenda, Wulfric et David se régalaient de porc froid et
d’oignon cru. À l’approche des chevaux, tous les travailleurs se relevèrent
d’un bond. Les écartant d’un geste, Ralph se dirigea droit sur Gwenda et les
siens.
    Elle portait aujourd’hui une ample robe verte qui masquait
ses formes. Ses cheveux tirés en arrière accentuaient son air de souris. Elle
avait les mains sales et de la terre sous les ongles. Cela n’empêcha pas Ralph
de se la représenter nue, dégoûtée mais résignée à subir son assaut, et cette
image fouetta ses sens.
    Il se détourna et baissa les

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