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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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son visage. S’interdisant de jeter un coup d’œil au poignard, elle
attendait son moment, à la fois horrifiée et dégoûtée, mais calme et
calculatrice en même temps.
    Il avait fermé les yeux. En appui sur ses bras tendus, il
levait la tête comme un animal flairant la brise. Elle risqua un regard vers le
couteau. Sa main s’était légèrement déplacée et ne recouvrait plus qu’en partie
la poignée. Arriverait-elle à s’en saisir ? À quelle vitesse
réagirait-il ?
    Elle reporta les yeux sur son visage. Sa bouche se tordait
en un rictus concentré. Ses cognées s’accéléraient. Elle ajusta son mouvement
au sien.
    Une sorte de lumière l’inonda à l’intérieur et elle fut
consternée d’éprouver du plaisir, furieuse contre elle-même. Cet homme était un
bandit, un assassin, il ne valait pas mieux qu’une bête ! Il projetait de
la prostituer pour six sous la passe. Elle ne s’était résolue à se donner à lui
que pour sauver sa vie ! Pourtant, elle se sentait devenir de plus en plus
humide à mesure qu’il accélérait le rythme de ses poussées.
    À quelques instants du paroxysme, elle comprit que c’était
maintenant ou jamais. Il poussa un gémissement qui ressemblait à un cri de
défaite. Le moment était venu.
    Elle s’empara du couteau sous sa main. L’expression d’extase
peinte sur ses traits ne se modifia pas : il n’avait pas remarqué son
mouvement. La pensée qu’il stoppe son geste au dernier instant la terrifiait.
Se redressant brusquement, elle projeta les épaules en avant, la lame pointée
droit sur lui. Il avait perçu son mouvement et ouvert les yeux. La surprise et
la peur se répandirent sur ses traits. Elle plongea de toutes ses forces le
couteau dans son cou. La lame s’enfonça juste en dessous de sa mâchoire. Elle
se maudit, elle avait raté la partie la plus vulnérable de la gorge, la
trachée. Il hurla de douleur et de rage. Il avait encore des forces. Elle
comprit alors qu’elle était plus près de la mort qu’elle ne l’avait été de
toute sa vie.
    Agissant par instinct, elle s’écarta de lui et, de façon tout
aussi impulsive, elle lui assena un coup au creux du coude. Son bras fléchit
sans qu’il puisse le retenir et il pesa de tout son poids sur le poignard
qu’elle maintenait enfoncé dans sa gorge. La lame pénétra dans sa tête. Un jet
de sang jaillit de sa bouche ouverte, éclaboussant le visage de Gwenda. Elle
rejeta la tête sur le côté sans lâcher le manche. La lame rencontrait une
résistance. Elle dévia au bout d’un moment et s’enfonça plus loin. L’œil de
l’homme parut sur le point d’exploser et la lame émergea de l’orbite dans un
geyser de sang et de cervelle. Le bandit s’effondra sur elle, mort ou presque.
Le souffle coupé, elle était dans l’incapacité de remuer. Elle avait
l’impression d’être coincée sous un arbre abattu.
    À sa grande horreur, elle le sentit éjaculer en elle.
    Une crainte superstitieuse s’empara d’elle. L’homme était
plus effrayant mort que lorsqu’il la menaçait de son couteau. Prise de panique,
elle se tortilla en tous sens.
    Parvenue à se dégager, elle se remit sur pieds en vacillant.
Elle haletait. Le sang de cet homme dégoulinait le long de ses seins et sa
semence coulait entre ses cuisses. Elle jeta un coup d’œil au camp des
brigands. L’un d’eux était-il éveillé et avait-il entendu Alwyn crier ? Et
s’ils avaient tous été endormis, ses cris avaient-ils réveillé quelqu’un ?
    Tremblant de tous ses membres, elle enfila sa robe et boucla
sa ceinture. Sa bourse y était toujours accrochée ainsi que son canif, qu’elle
utilisait principalement pour manger. Elle osait à peine quitter Alwyn des
yeux, redoutant qu’il vive encore, voulant l’achever et ne pouvant s’y
résoudre. Un bruit dans la clairière l’immobilisa. Elle devait partir en toute
hâte. Regardant autour d’elle pour s’orienter, elle prit la direction de la
route.
    Une sentinelle se tenait près du grand chêne, se
rappela-t-elle, affolée. Elle marcha tout doucement dans les bois, veillant à
ne pas faire de bruit. Arrivée en vue de l’arbre, elle aperçut la sentinelle –
Jed, si son souvenir était bon. Il dormait à même le sol. Elle passa devant lui
sur la pointe des pieds, usant de toute sa volonté pour ne pas se mettre à
courir. Jed ne bougea pas.
    Ayant retrouvé le layon, elle le suivit jusqu’au ruisseau.
Personne ne semblait l’avoir prise en

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