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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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dédaigneuse des convenances ne dissimula pas un appétit impérieux de plaisir. Les baisers remplacèrent aussitôt les mots que d'autres, un moment séparés, auraient cru bon de prononcer. Les caresses qu'ils échangèrent devinrent celles d'amants dont les habitudes se seraient reconnues.
     
    Ce n'est qu'après une première étreinte apaisante, que Pacal, jouant avec les boucles blondes de Lizzie, dont la tête reposait sur son épaule, décida de parler.
     
    – Je vous dois une explication pour ma dérobade de Hog Island, il y a deux ans.
     
    – Vous n'y êtes pas obligé. C'est si loin, dit-elle.
     
    Mais Pacal tint à conter son aventure avec Viola et le double drame qui s'ensuivit longtemps après. Liz était la première personne à qui il osait faire ce récit, qu'elle écouta sans regarder son compagnon.
     
    – C'est pourquoi la similitude de situation, nous deux prêts à tout sur la plage de Hog Island, comme autrefois une autre femme et moi sur une plage du Massachusetts, m'a si fort alarmé. Je me suis enfui, comme le criminel revoyant le lieu de son crime. Maintenant que vous savez, je me sens libéré de ce passé, avoua-t-il.
     
    – Avec moi, vous n'avez pas à craindre de drame. D'abord, parce que je suis ainsi faite que je ne peux avoir d'enfant. Ensuite, parce que mon mariage a été de pure convention et jamais consommé. Mon mari, vous l'avez compris, ou peut-être vous l'a-t-on dit, préfère les garçons. Depuis des années, il forme avec son secrétaire une sorte de couple discret. Ils voyagent ensemble et il m'arrive de recevoir à dîner ce charmant jeune homme. Je ne parais au bras de Michael Ferguson qu'aux réceptions officielles. Il convient de sauver les apparences, et nous devons éviter un scandale que les méthodistes, de plus en plus influents à Nassau, ne pardonneraient pas.
     
    – Étrange situation, commenta Pacal.
     
    – Certains intimes me conseillent le divorce. Mais je ne veux pas que soient révélées au grand jour les mœurs de mon mari. Aussi bizarre que cela paraisse, il est mon meilleur ami. Un procès en divorce briserait sa carrière au Colonial Office.
     
    – Et vous, dans tout ça ?
     
    – Les quelques bonnes âmes informées me plaignent, mais maintenant, je ne suis plus à plaindre. Vous êtes là, dit-elle en se lovant contre Pacal.
     
    – Qu'ai-je à vous offrir de plus que des rencontres en cachette ?
     
    – Si nous pouvons nous retrouver, de temps en temps, comme ce soir, je serai heureuse. Maintenant, j'ai un homme à qui penser, que j'attendrai, avec qui je serai moi-même, sans effort. Voilà, ce que vous pouvez m'offrir. Et, pour moi, c'est déjà beaucoup.
     
    – Égoïstement, j'accepte d'être l'homme à qui vous penserez.
     
    Liz se jeta sur Pacal avec fougue.
     
    Elle était si frêle et si légère qu'il la souleva à bout de bras, avant de la laisser retomber contre lui pour une nouvelle étreinte. Plus lente, plus délectable, plus complète. Ils en sortirent émerveillés de leur entente sensuelle. Quand elle quitta le lit pour passer un peignoir, Pacal porta sur elle le regard d'un amant comblé. Modelée comme un tanagra, statuette de chair aux petits seins pointus, hanches étroites et jambes fines, vive et souple, Lizzie inspirait un chaud désir, tempéré de tendres égards.
     
    Se sentant observée, elle noua la ceinture du peignoir.
     
    – Estimez-vous, comme ma mère, que je suis une femme… en réduction ? demanda-t-elle en riant.
     
    – Je pense que la nature a fait de vous une œuvre d'art accomplie, dont je prendrai grand soin, dit-il en se levant pour la rejoindre.
     
    Il enferma la taille de Liz dans l'anneau de ses fortes mains et la souleva de terre pour lui donner un baiser.
     

    Quarante-huit heures plus tard, lord Pacal fit la connaissance de Michael Ferguson, lors d'un dîner chez le gouverneur, où Liz accompagnait son mari. Fort bel homme, aux tempes grisonnantes, sombre regard velouté, Michael portait l'habit avec plus d'élégance que la plupart des convives bahamiens, qui, en tenue de soirée, paraissaient empruntés, comme des acteurs mal distribués. Ferguson n'avait rien d'efféminé et s'exprimait d'une voix claire, en excellent anglais.
     
    – Lord Pacal, Liz m'a beaucoup parlé de vous, comme d'un joueur de polo d'une grande virilité. Je ne pratique aucun sport, et je crains bien d'être incapable d'énoncer les règles du polo. En revanche, je vous suis

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