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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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Weston Clarke.
     
    – Lord Pacal a plus de chance de recevoir un jour le ruban bleu que certain confrère que je connais ! répliqua sèchement David Kermor.
     
    Cette allusion au passé londonien du docteur Weston Clarke, qui le privait à jamais de toute distinction, fit pâlir Dorothy. Elle souffla comme une chatte en colère, tourna les talons et se dirigea d'un pas nerveux vers sa voiture.
     
    – Quelle pécore ! grogna Uncle Dave en retournant au buffet réclamer un verre de whisky.
     

    Comme prévu, lord Pacal se rendit, en février 1885, à Nassau, pour participer au tournoi de polo organisé par le club récemment fondé, sous le patronage du Colonial Office, par des fonctionnaires anglais. Andrew Cunnings, commandant de l' Arawak , étant de ses équipiers, c'est à bord du vapeur qu'ils embarquèrent pour New Providence.
     
    Les rencontres, organisées chaque vendredi après-midi, constituaient pour la bonne société de New Providence une manifestation plus mondaine que sportive. C'était l'occasion de se retrouver entre gentlemen et d'échanger des potins. Le regard des messieurs allait plus souvent aux femmes élégantes, qui jouaient de l'ombrelle ou de l'éventail en comparant leurs toilettes, qu'aux cavaliers et au déroulement de la partie.
     
    Comme il s'y attendait, dès la fin du premier match – que son équipe perdit – Pacal vit Liz Ferguson arriver, une serviette à la main.
     
    – Vous êtes d'une touchante fidélité, dit-il en s'essuyant le visage.
     
    – Je suis fidèle, lord Pacal. Opiniâtrement fidèle.
     
    – Nous dînons ensemble, ce soir ?
     
    – Dois-je me coiffer d'un diadème, Votre Seigneurie ?
     
    – Inutile, la reine ne sera pas présente, plaisanta Pacal.
     
    Dès son arrivée au Royal Victoria Hotel, le successeur de lord Simon Leonard Cornfield avait fait l'objet d'attentions particulières. Le directeur lui avait réservé, d'office, la suite qu'occupait son grand-père, pendant ses séjours à Nassau. Cet appartement possédait une salle à manger privée, dans une loggia, avec vue sur la mer. Pacal craignit qu'un dîner tête à tête, dans sa suite, avec une femme mariée, membre des Upper Ten , ne compromît Liz Ferguson.
     
    – Ce serait peut-être prêter le flanc aux ragots, reconnut-elle, quand il lui fit part de son scrupule.
     
    – Alors, où dîner tranquillement dans cette ville où tout se sait en un rien de temps ?
     
    – Ma cousine, Ellen Horney, possède une maison, sur la colline. Si je lui demande de nous laisser la libre disposition de sa demeure, après avoir fait préparer un repas, elle sera enchantée de me rendre service. Nous n'avons pas de secrets l'une pour l'autre.
     
    Pacal subodora que Lizzie avait anticipé l'organisation de leur soirée. Il sourit, mais s'abstint de tout commentaire.
     
    C'est ainsi qu'à la fin de l'après-midi, il se fit conduire par une voiturette, à l'adresse indiquée, dans les hauts de la ville, près du fort Fincastle. Il apprécia que le lieu ne fût fréquenté que par les touristes en quête d'un beau point de vue sur la capitale. Le cocher le prit d'ailleurs pour tel et lui extorqua deux fois le prix de la course.
     
    La villa, posée au milieu d'un jardin, ressemblait à une maison de poupée. Faite de bois, sans étage, pourvue en façade d'une minuscule galerie à colonnettes, elle émergeait, blanche et discrète d'un bosquet de petits palmiers d'Égypte et d'épais massifs de rhododendrons.
     
    Liz accueillit Pacal vêtue d'une robe de soie flottante, vert Véronèse, profondément décolletée, aux manches de mousseline blanche, mi-longues, et serrée à la taille par une large ceinture vert émeraude. Ces couleurs mettaient en valeur la blondeur mousseuse des cheveux et l'échancrure du corsage, celle d'un petit buste insolent.
     
    – Belle toilette, concéda Pacal.
     
    – Je l'ai achetée à Paris, l'an dernier, chez Charles Worth et je brûle de retourner chez ce couturier, qui habille beaucoup de mes amies new-yorkaises. Elles disent : « Être belle et faire son possible pour le montrer est un acte de charité 3 . »
     
    – Je vous sais charitable, dit Pacal en riant.
     
    L'intimité de cette demeure, au décor de bonbonnière, semblait faite pour abriter les amours illicites. Pacal et Liz s'y sentirent tout de suite à l'aise, et leurs retrouvailles furent tendres et gaies. Ils oublièrent le dîner froid, déjà servi, car Liz,

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