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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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allaient renaître à la vie. Le prophète invitait tous les Indiens à ranimer les anciennes coutumes, à former la Ghost Dance 4 , pour entrer en communication avec les esprits des ancêtres, à chasser tous les gibiers, sans tenir compte des interdictions.
     
    Arnold Buchanan craignait que cette agitation ne dégénérât et finît par être préjudiciable aux affaires que traitaient ses gérants dans les succursales des Grandes Plaines.
     
    – On leur a cependant donné des territoires, mais ces Sauvages ne sont jamais contents. Ils ont encore assassiné des colons, dit le négociant.
     
    Pas plus que ses compatriotes, il n'avait oublié l'affront subi par la cavalerie du colonel Custer en 1876.
     
    Après une semaine de retrouvailles, d'embrassades, d'échange de cadeaux, de dîners et de visites à la parentèle, lord Pacal voulut presser le départ pour Soledad, via New York, où Thomas Artcliff, averti par télégramme, attendait le couple.
     
    Au Bahamien, la Nouvelle-Angleterre inspirait maintenant un sentiment de moisissure, d'étroitesse, de figé. Il devait sans cesse, dans cette famille possessive, affirmer son indépendance et celle de son ménage. Tous semblaient s'entendre pour lui faire sentir qu'il avait été admis, par faveur insigne, tel un prince consort exotique, dans une communauté sûre de sa prépotence méritée.
     
    La veille du départ, un souhait de sa femme, jusque-là inexprimé, le surprit désagréablement.
     
    – Comme je ferai de fréquents séjours à Boston – vous aussi sans doute – ne pensez-vous pas qu'il serait bon que nous possédions ici une résidence ? Je ne suis plus obligée de vivre sous le toit de tante Maguy, quand je viendrai seule, et je ne nous vois pas habiter l'hôtel quand nous serons ensemble, dit-elle.
     
    Un peu interloqué, Pacal ne put que souscrire à cette idée. Il découvrit, un peu plus tard dans la journée, que Susan avait déjà pris des dispositions. Sa demande d'avis avait donc été de pure forme.
     
    – On m'a indiqué sur Beacon Hill, tout près d'ici, une maison de bonne apparence, que je me fais fort d'aménager. Pourrions-nous l'acheter ? demanda-t-elle.
     
    Comme Pacal, de plus en plus déconcerté, semblait réfléchir, sa femme enchaîna.
     
    – Je puis acquérir cette demeure ancienne avec ma dot, que vous avez eu la générosité de laisser à mon crédit, expliqua-t-elle.
     
    – Un mari se doit de loger sa femme. Si cette demeure vous plaît, retenez-la. Ce sera votre pied-à-terre à Boston, précisa Pacal, marquant ainsi que la résidence des époux restait Cornfield Manor, à Soledad.
     
    Enchantée de cette approbation, aussi formelle que sa demande, Susan embrassa son mari. Le même soir, elle confia à son père le soin de mettre en train les formalités d'achat d'une demeure, dont Pacal apprit – nouvelle surprise – que sa femme l'avait déjà visitée avec tante Maguy. Mis devant le fait accompli, il s'inclina.
     
    – Puisque les choses sont si avancées, je donnerai l'ordre à mon banquier de Boston d'honorer la demande de fonds que vous formulerez, dit-il à Buchanan.
     
    – Mais, vous ne voulez pas voir cette maison ? s'étonna Arnold.
     
    Il n'avait jamais acheté un crayon sans le prendre en main, en éprouver la mine, en discuter le prix.
     
    – Vous savez, mieux que moi, ce qui convient à votre fille. Cette maison sera sienne, répondit Pacal.
     
    Arnold Buchanan, dont l'esprit était plus pratique que subtil, ne releva pas le ton sec de la réplique.
     

    À New York, lord Pacal et Susan furent reçus, dans l'hôtel des Artcliff, sur Madison Avenue, par la veuve du grand architecte Alastair Gregory Artcliff et Thomas Artcliff, successeur de son père.
     
    Pendant qu'Eleanor Artcliff accompagnait Susan à la Lenox Library, où la Bostonienne souhaitait voir la Bible de Mazarin, imprimée par Gutenberg en 1455, Thomas montra à Pacal le chantier d'un nouvel hôtel, en cours de construction sur la V e  Avenue, entre les 33 e et 34 e  Rues, pour le compte d'un millionnaire, William Waldorf Astor.
     
    – Le Waldorf Astoria aura quatorze étages, abritera mille quatre cents chambres et coûtera, au moins, sept millions de dollars. L'ouverture est prévue en 93, précisa Thomas, qui, avec d'autres architectes, travaillait au projet 5 .
     
    Après un inventaire des nouveaux immeubles géants, de dix ou quinze étages, dans une ville d'un million quatre cent mille

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