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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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torpilleur espagnol.
     
    15 La presse jaune. On dirait aujourd'hui : la presse people .
     
    16 Entre 1887 et 1898, l'Espagne avait envoyé à Cuba 345 698 soldats et marins. 146 683 rentrèrent au pays, en 1899, mais près de 200 000 hommes, morts, disparus ou déserteurs ne furent pas recensés. Les États-Unis engagèrent 307 000 soldats et marins. 398 périrent au combat, 4 002 furent blessés mais 2 061 moururent de maladie, le plus souvent empoisonnés par le bœuf en conserve, acheté par l'armée au Beef-Trust de Philip D. Armour. Ce qui motiva une commission d'enquête.
     
    17 La fameuse Generación del 98 , qui compta de nombreux écrivains, parmi lesquels Miguel de Unamuno, Ángel Ganivet, Pío Baroja, Antonio Machado, José Martínez Ruíz, dit Antonio Azorín, etc.
     

6.
     
    – Les millénaristes en sont pour leurs frais ! lança le pasteur Michael Russell, en guise de toast.
     
    Les convives, réunis par lord Pacal à Cornfield Manor, pour le dîner du 1 er  janvier 1900, applaudirent, car ne les avait point troublés la perspective du jugement dernier, annoncé à cette date par une secte anabaptiste américaine.
     
    – Luther voyait déjà la fin du monde imminente ! risqua Dorothy Weston Clarke.
     
    – Mais, après le chaos, il voyait aussi la terre régénérée, comme une sorte de paradis, compléta Lewis Colson.
     
    – Quelques évêques anglicans, moins pressés, annoncent la destruction de la plupart des institutions et des dominations existantes pour l'an deux mille, compléta don Elíseo Padilla, ce qui déclencha l'hilarité générale.
     
    Les réfugiés cubains avaient été chaleureusement accueillis par la communauté du Cornfieldshire. Myra Maitland n'avait montré aucune réticence pour renouer des relations avec la quatrième et dernière épouse, divorcée puis veuve, de Bertie III Cornfield, son père. En retrouvant sa marâtre à Cornfield Manor, elle lui dit : « Nous autres, gens du Sud, nous aurons toujours des égards pour les vaincus. Nous savons ce qu'est perdre, non seulement ses biens, mais, parfois, la liberté et l'espérance. » Les deux Américaines de Charleston, celle qui avait tôt condamné et fui l'esclavage et celle qui s'en était confortablement accommodée, s'étaient étreintes et embrassées.
     
    Lors de l'ouragan dévastateur de l'année précédente, qui avait détruit une flottille de pêcheurs d'éponges et fait de nombreuses victimes à Andros Island, Myra et Varina avaient embarqué, avec médicaments et viatiques, sur le Phoenix II que lord Pacal avait envoyé, avec Tom O'Graney et ses marins, au secours des victimes. Les deux femmes, instaurées infirmières, s'étaient dévouées pour soigner les blessés, apporter aide et consolation aux familles des morts.
     
    Depuis cet événement, Pacal portait sur l'épouse de don Elíseo un regard différent. L'insouciante belle de plantation, esprit follet, égoïste et jouisseuse, avait cédé la place à une femme mûre, active, pratique, dévouée aux malheureux, dont les maux et les plaies ne la rebutaient pas. Elle n'avait pas, pour autant, perdu l'optimisme enjoué et l'alacrité constante, fondement de sa riche nature. Elle parvint même, au bout de quelques mois, à apprivoiser la redoutée Dorothy Weston Clarke. Chaque jour, à l'heure du thé, Varina, en toilette d'après-midi, rendait visite à l'infirme qui, toujours avide de potins qu'elle ne pouvait plus cueillir elle-même dans les salons, comptait sur sa nouvelle et patiente amie pour tenir la chronique mondaine du Cornfieldshire. La paralysée pimentait ensuite de commentaires, drôles mais acides, ces comptes rendus, pendant que Varina promenait l'épouse du médecin dans une chaise roulante.
     
    Après un voyage au Canada, où il avait compris que les anciens hobereaux hispano-cubains ne seraient pas bien accueillis dans une colonie anglaise, Elíseo Padilla s'était laissé convaincre par Pacal de s'installer aux Bahamas.
     
    C'est ainsi qu'au cours de l'année 1900 il acquit des terres à Cat Island, située à vingt-cinq milles seulement de Soledad, pour cultiver l'ananas et les agrumes, dont la demande, tant américaine qu'européenne, ne cessait d'augmenter. Les Bahamas exportèrent, cette année-là, sept millions de douzaines d'ananas, un record.
     
    Don Elíseo s'était résigné à l'exil définitif car le traité signé à Paris, le 10 décembre 1898, avait ôté tout espoir aux grands

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