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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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le jeune homme engagea, à la suggestion de lord Simon, qui connaissait l'étiquette et les chevaux, un pari de deux livres au profit de sa cavalière. Quand le cheval portant cette mise gagna la course, la demoiselle battit des mains, sa mère complimenta Pacal pour la connaissance qu'il avait des pur-sang et son père fit servir du vin de Champagne. Ayant surpris les regards énamourés que lady Jane portait sur son petit-fils, lord Simon prit Charles à part.
     
    – Pacal est irrésistible et la jeune Kelscott, la dernière des cinq filles Kelscott encore à marier, doit avoir dix mille livres de dot. Cependant, on peut trouver mieux, glissa-t-il à l'ingénieur, avec un clin d'œil.
     
    Au moment de la séparation, lady Olivia dit à Pacal qu'elle l'autorisait à écrire à sa fille, quand il aurait regagné les Bahamas.
     
    – Une de nos belles colonies, que nous avons envie de visiter, compléta lord James.
     
    – Ce qui nous donnerait l'occasion de nous revoir, ajouta sa femme.
     
    Pacal et son grand-père échangèrent un regard amusé. Les Kelscott dévoilaient-ils une intention à visée matrimoniale ?
     
    Dans le coupé qui reconduisit les Bahamiens à Londres, on commenta gaiement la journée et la rapide conquête de lady Jane par Pacal.
     
    – Et l'on ne peut pas dire, cependant, qu'il ait déployé beaucoup de son charme, fit remarquer lord Simon en riant.
     
    – Epsom, c'est connu, est une foire aux maris, observa Ottilia, qui détestait l'atmosphère du Derby.
     
    – Cette petite Jane est charmante. Mais, rassurez-vous tous : je n'ai aucune envie de me marier, proclama Pacal.
     

    Avant que les Desteyrac ne quittent l'Angleterre pour la France, où Pacal ferait la connaissance de sa grand-mère paternelle, Mme de Saint-Forin, lord Simon voulut conduire son petit-fils et Charles dans quelques lieux qu'il aimait.
     
    Otti, contrainte de rester à Londres pour faire face au procès intenté par la mère de Malcolm, ne pouvait les accompagner. Lady Oriane Murray venait d'arriver de Venise, avec ses avocats, pour contester devant le tribunal le testament de son fils, qui avait fait d'Ottilia sa légataire universelle. Cette dernière devait, assistée des avocats de lord Simon, défendre ses intérêts et, partant, ceux de son beau-fils, Pacal, de qui elle avait déjà décidé qu'il serait son seul héritier.
     
    Tandis que lady Ottilia se préparait à affronter sa première belle-mère, par hommes de loi interposés, lord Simon, Charles et Pacal, gais comme des collégiens en vacances, prirent la route, à bord d'une grande berline de location.
     
    Ils visitèrent d'abord Windsor, résidence royale, puis après une journée de route, s'arrêtèrent à Oxford. Lord Simon tenait à montrer à son petit-fils le collège où, de son propre aveu, il avait « avalé plus de bière que de grec ». De là, en plusieurs étapes, ils se rendirent dans les Costwolds, où lord Simon possédait un élevage de moutons. Ces animaux rustiques produisaient la laine qui alimentait la lainière des Cornfield, à Chipping Campden. Avec leur toupet frisé retombant en cadenettes, les costwolds semblaient coiffés de perruques.
     
    Les voyageurs ne pouvaient éviter le pèlerinage shakespearien de Stratford-upon-Avon. Celui-ci se termina dans Holy Trinity Church, devant la tombe du poète et son buste, sculpté en 1623 par Gerard Janssen, un artiste hollandais.
     
    Une longue étape les conduisit ensuite en Écosse où ils furent reçus à Abbotsford, le château néomédiéval construit par sir Walter Scott, l'écrivain préféré de lord Simon. On leur assura que rien n'avait changé du cabinet de travail, depuis la mort de sir Walter, en 1832.
     
    Sur le chemin du retour vers Londres, ils passèrent une journée dans le Nottinghamshire. Charles voulut, en souvenir de Malcolm Murray, grand admirateur de lord Byron, parcourir les ruines de Newstead Abbey.
     
    – Malcolm avait certains traits de caractère du poète. Toute sa vie il fut, comme lui, peu respectueux des mœurs d'une aristocratie à laquelle ils étaient cependant, l'un et l'autre, fort attachés, dit l'ingénieur, devant la tombe de Byron, dans l'église de Hucknall.
     
    – Et, comme Byron, qui mourut à Missolonghi pour les Grecs, Malcolm mourut à Londres pour les Cubains, compléta lord Simon.
     
    – On pourrait même graver sur sa tombe ce que nous lisons sur celle de Byron : « Il était parti dans le glorieux

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