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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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la grue ne fonctionnera pas, monsieur.
     
    – Pourquoi, s'il vous plaît ?
     
    L'homme prit le temps de la réflexion, évaluant le risque encouru s'il parlait et celui, sans doute plus lourd de conséquences, s'il se taisait et s'attirait les foudres du lord des Bahamas. Son choix fait, il révéla le fond de l'affaire.
     
    – Feti Louros – l' auctioneer qui organise les ventes aux enchères des marchandises et objets ramassés après les naufrages par les sauveteurs – est opposé à la construction de nouveaux phares. Et les quelque mille pêcheurs des Out Islands, qui se dévouent au sauvetage des passagers des navires en perdition, sont derrière lui, avoua l'homme.
     
    – Vous voulez dire que ce Louros vit du wrecking , de l'activité des sauveteurs licenciés, à l'occasion naufrageurs ! C'est une engeance que je connais bien. Heureusement en voie de disparition depuis que la construction des phares est encouragée par l'Imperial Lighthouse Service. Je vais aller rendre visite à ce Grec avant d'informer le gouverneur de l'obstruction qu'il met à nos travaux, dit Charles, excédé.
     
    – Surtout, ne parlez pas de moi. Dites que vous avez appris ça sur le port. Tout le monde est au courant.
     
    – En tant que commandant du port, ne devez-vous pas assurer le libre transport des marchandises régulièrement importées ? demanda Desteyrac.
     
    – C'est-à-dire que… Feti Louros est un homme influent. Il a ses entrées au gouvernement et au Colonial Office, vous comprenez ?
     
    – Je comprends. Mais ni lord Simon ni l'Imperial Lighthouse Service ne comprendront. Vous feriez bien de chercher un autre emploi, lança Charles.
     
    Avant de quitter le bureau, il se retourna vers l'homme, pantois.
     
    – Où peut-on rencontrer ce Louros ?
     
    – À cette heure-ci, il doit être au bar du Royal Victoria Hotel… mais je ne vous ai rien dit…
     

    De retour à bord de l' Arawak , Desteyrac rapporta à Philip Rodney et à Tom O'Graney ce qu'il venait d'apprendre.
     
    – Quand rendons-nous visite à ce filou, demanda Rodney ?
     
    – Pourquoi pas maintenant ? On doit le trouver au bar du Victoria, dit Charles.
     
    Le capitaine Rodney, Tom et la demi-douzaine de marins irlandais, compagnons habituels du maître charpentier, se mirent en marche vers le palace, havre cosmopolite, où l'on traitait, au milieu des touristes américains, les affaires qui exigeaient discrétion. Si les contrebandiers, les forceurs de blocus et les armateurs étrangers, qui avaient fait la fortune de l'établissement pendant la guerre de Sécession, s'étaient depuis longtemps éclipsés, loueurs de bateaux ou de calèches, entremetteurs, joueurs professionnels, aigrefins de toute nature, attirés par les dollars des touristes, occupaient la place.
     
    Comme annoncé, les Bahamiens trouvèrent Feti Louros attablé sous un parasol, à la terrasse de l'hôtel, en compagnie d'un couple d'Américains auxquels il vantait les charmes d'une croisière dans l'archipel, à bord d'un nouveau bateau de promenade.
     
    – Le fond de la coque est en verre, ce qui permet de voir de merveilleux poissons et parfois – sans aucun risque – des requins et des raies, expliquait le Grec.
     
    Charles Desteyrac interrompit sans courtoisie l'entretien.
     
    – Tous les requins ne sont pas dans l'eau, dit-il.
     
    Scandalisé par l'interruption, Feti Louros, un petit homme brun, osseux, joues creuses, teint olivâtre, quitta son siège, l'œil mauvais.
     
    – De quel droit vous mêlez-vous…
     
    – Vous l'apprendrez quand cette dame et ce monsieur nous aurons quittés, dit Philip Rodney.
     
    Les Américains, interloqués, se levèrent et s'éloignèrent sans une protestation. On leur avait dit à New York que les gens des Bahamas ignoraient les bonnes manières et que les rixes étaient fréquentes.
     
    – Je voudrais savoir pourquoi et en vertu de quel pouvoir vous avez interdit à un certain caboteur de livrer à Soledad des caisses qui m'appartiennent, dit Charles après s'être présenté.
     
    – Je ne me souviens pas d'avoir donné pareille consigne à quiconque, dit l'homme.
     
    – Que vous tiriez profit de ce que les wreckers volent aux passagers des navires échoués sur nos récifs est regrettable, mais c'est une affaire entre vous et votre conscience, si toutefois vous en avez une. Entraver la construction d'un phare en intimidant le capitaine d'un caboteur, les débardeurs du port et

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